Avec un total de 32, les communications consacrées à la croissance et à la qualité de la viande, ont réprésenté à Vérone 11,3% de l'ensemble des communications du congrès, en nette progression par rapport aux précédents congrès comme l'indique le tableau 1. Il faut également souligner l'accroissement du nombre des pays ayant présenté des comminications. Tableau 1 : Communication sur la viande présentées lors des derniers Congrès
Comme lors de chaque Congrès, c'est l'Italie qui a présenté le plus grand nombre de communications : 11 sur 32. Elle est est suivie de l'Espagne et de la Hongrie (figure 1). Sur l'ensemble des communications présentées lors des 3 derniers congrès, la France ne vient qu'en 4ème position à égalité avec la Pologne. Signalons enfin que lors du congrès de Vérone, la très grande majorité des communications provrenaient de pays européens (28/32) contre 3 pour l'Afrique (Bénin, Egypte, Tunisie) et une seule des Amériques (Mexique). Au cours du congrès, tous les domaines de qualité on été évoqués. En effet, la qualité liée aux performances de l'animal, la qualité des carcasses et enfin les qualités de viande (nutritionnelle, sanitaire, technologique) ont été abordés. La synthèse d'Hernández intitulée " amélioration de la qualité nutritionnelle et sanitaire de la viande de lapin " annonce qu'aujourd'hui la filière mondiale se préoccupe de la qualité au sens large. Le présent article a pour objectif de synthétiser les communications novatrices sur la qualité. Pour cela il est divisé 3 en parties correspondant aux différents domaines de qualité.
|
||||||||||||||||||
QUALITÉ NUTRITIONNELLE ET LEVIERS D'AMÉLIORATION | ||||||||||||||||||
.1. Valeur nutritionnelle de la viande de lapin |
De nombreuses études recensées par Hernández dans sa synthèse se sont intéressées à la valeur nutritionnelle de la viande de lapin (Combes, 2004 ; Dalle Zotte, 2004, Combes et Dalle Zotte, 2005, Hernández et Gondret 2006) et démontrent que la viande de lapin possède de nombreux atouts. Caractérisée comme une viande maigre, riche en protéine avec un niveau d'acides aminés essentiels non négligeable, la viande de lapin se démarque des autres viandes sur d'autres critères. En effet, sa teneur en micronutriments disponibles comme les vitamines et minéraux lui confère des propriétés différentes des autres produits carnés. Le lapin contient aussi du zinc, du cuivre, du sélénium qui sont de puissants antioxydants nécessaires au maintien des fonctions cellulaires. De plus, la viande de lapin contient peu de cholestérol et possède un taux d'acides gras poly insaturés (AGPI) élevés. Toutefois, si ce taux élevé d'AGPI permet à la viande de lapin de se démarquer des autres viandes, la volonté de la filière mondiale semble vouloir dépasser ce niveau et souhaiter promouvoir la viande de lapin comme un aliment fonctionnel (qui diminue le risque de maladie) en augmentant la teneur en acide a-linolénique C18 :3 n-3 et en optimisant le rapport n-6/n-3. Pour cela différents leviers ont été étudiés.
|
|||||||||||||||||
2. Impact du système d'élevage |
|
|||||||||||||||||
3. Impact du régime alimentaire |
Comme le souligne
Hernández dans sa synthèse, le profil en acides gras de
la viande de lapin est fortement affecté par la composition lipidique
de son régime. Tableau
3 |
|||||||||||||||||
Dans tous
les cas présentés lors du congrès, aucun effet sur
les performances de croissance n'a été relevé, ni sur
la qualité technologique de la viande (pHu, et couleur), (Pla et
al, Espagne, Maertens et al, Belgique). En revanche, un effet positif sur
la teneur en AGPI et plus particulièrement en omega 3 est obtenu
par l'ensemble des auteurs ce qui engendre un meilleur ratio omega6/omega3,
accompagné d'une baisse en acides gras saturés (AGS) et en
cholestérol. Maertens et al, et Gigaud et Combes mettent en évidence
que cet effet bénéfique peut être obtenu sur une courte
période de distribution de l'aliment (2 semaines) et permettrait
donc de limiter les coûts de production. De telles modifications du profil en acides gras peuvent toutefois engendrer une plus forte sensibilité à l'oxydation des lipides et risquent de provoquer une flaveur du produit non désirée. Ainsi, les différentes communications précisent bien que l'incorporation de vitamine E couplée ou non avec la vitamine C (Selim et al., Egypte) permet de pallier à l'oxydation des lipides (TBARS diminue) sans affecter la qualité technologique du produit (couleur et pHu) (Virag, Hongrie). Toutefois, deux études ont réalisé des analyses sensorielles et il s'avère que le jury n'a perçu aucune différence entre les régimes (Kowalska, Pologne ; Bielanski et al, Pologne ; Hernández P, Espagne), et pourtant Zsedely et al., ( Hongrie) précise que la cuisson du produit n'altère pas le profil en acides gras. La viande de lapin présente donc de nombreux atouts qui peuvent être modulés par l'alimentation ou le mode d'élevage optimisés.
|
||||||||||||||||||
QUALITÉ DES CARCASSES, RENDEMENT MATIÈRE ET QUALITÉ TECHNOLOGIQUE | ||||||||||||||||||
Le rendement matière reste de loin la préoccupation principale des professionnels. Toutefois, la qualité du produit notamment sa qualité technologique (pHu, couleur, perte en eau) est de plus en plus étudiée afin de connaître l'incidence de certaines pratiques d'élevage ou d'abattage sur l'ensemble de ces paramètres.
|
||||||||||||||||||
1. Impact du rationnement |
La restriction alimentaire
est une pratique courante qui permet de réduire les problèmes
digestifs après sevrage et l'adiposité des carcasses.
|
|||||||||||||||||
2. Impact des conditions de pré-abattage |
Les équipes
de recherche d'Italie (Bianchi et al ; Petracci et al) se sont intéressées
à l'importance des conditions de pré-abattage sur le rendement
et la qualité de la viande.
|
|||||||||||||||||
3. Prédiction du rendement à l'abattage |
Jusqu'à présent, la sélection des animaux pour améliorer les rendements et la composition de la carcasse, passe par une sélection sur collatéraux, après abattage, dissection et mesures chimiques. Ces méthodes sont destructives et très couteuses. Ainsi, la mise au point de méthodes non invasives pratiquées in vivo utilisant des techniques telles que l'utrasonongraphie en temps réel (UTR) ou la spectrométrie en proche infra rouge (SPIR) se développe chaque jour. Les deux études menées par l'équipe portugaise (Silva et al) démontrent que l'utilisation de l'UTR permet une bonne prédiction du volume du longissimus dorsi (LD), du poids de la cuisse et de sa teneur en muscle. La SPIR permet également de prédire la teneur en lipides et en protéines de la cuisse, à partir de broyat de cuisses désossées décongelées. Les corrélations des équations de prédiction étaient pour la teneur en protéines et en lipides de 0,975 et 0,990 respectivement (Bazar et al., Hongrie). L'utilisation de la SPIR permet une estimation rapide de la composition de la viande.
|
|||||||||||||||||
QUALITÉ SANITAIRE ET MICROBIOLOGIQUE DE LA VIANDE DE LAPIN | ||||||||||||||||||
La sécurité sanitaire des aliments comprend à la fois à la qualité microbiologique, la qualité de la carcasse (saisies) mais également la teneur en résidus (Hernández).
|
||||||||||||||||||
1. Qualité microbiologique |
Si la présence de bactéries sur la carcasse inquiète de moins en moins les pays européens grâce à une maîtrise des risques de plus en plus contrôlée, il semblerait que cela reste une forte préoccupation pour de nombreux pays d'autres régions du Monde. En effet, au Bénin, Kpodékon et al. démontrent que 100 % des carcasses étudiées étaient contaminées d'une flore mésophile aérobie et 96,7% des carcasses présentaient des coliformes totaux à des taux variant de 0 à 1400 CFU/g. Staphylococcus est également présent à hauteur de 26%. En revanche, aucune salmonelle n'a été détectée. Cette étude, qui précise que l'abattage des lapins se réalise à la ferme où la chaîne du froid n'est pas du tout respectée. Les auteurs insistent sur l'importance d'investir dans un abattoir industriel plus respectueux de ces normes. L'étude menée
au Mexique par Velazquez et al., souligne quant à elle, que les
carcasses commercialisées en boucherie ou sur les marchés
présentent 3 fois plus d'E.coli et de S. aureus que
celles vendues en supermarché. La viande proposée sur les
marchés est en plus contaminée par des salmonelles. Encore
une fois, les conditions de stockage ne semblent pas être maîtrisées
et présentent un réel risque pour le consommateur. |
|||||||||||||||||
De plus, une enquête dans 4 abattoirs italiens (Comin et al.) démontre la présence d'entérobactérie et précise qu'il est difficile de respecter les critères d'hygiène en lapin établis pour les autres mammifères par la commission européenne (<103 CFU). De plus, le risque de contamination croisée dans les abattoirs multi espèces est toujours présent et une contamination par Salmonella ou Campylobacter est envisageable dans ce type d'abattoir. Il faut rappeler que le risque zéro n'existe pas, ainsi le bon management de l'environnement, des équipements et celui du process d'abattage mais également des pratiques d'hygiènes sont autant de facteurs qui contribuent à la qualité hygiénique du produit final.
|
||||||||||||||||||
2. Les contaminants chimiques | Les contaminants
chimiques représentent un autre risque potentiel pour le consommateur,
notamment l'utilisation d'antibiotique pour la santé animale est
très controversée puisqu'il pourrait développer des
résistances chez l'homme. Toutefois, les résidus d'antibiotique
n'ont pas fait l'objet de communication lors du congrès. Seule l'étude
de Menolta et al (Italie) indique que l'utilisation d'avilamycine pour limiter
les maladies digestives n'engendre pas de résidus perceptibles dans
la viande ni dans le foie. Il faut cependant rester très vigilant
quant à l'utilisation d'antibiotiques qui peuvent s'avérer
nuisibles pour le consommateur, car la présence de résidus
en faible concentration encourage le développement des résistances,
et peut avoir de graves conséquences pour l'homme (Chander et al,
2007).
La présence de polluant organique persistant (POP) comme les dioxines ou les PCB dans la viande représente un risque pour la santé humaine non négligeable, Hernández dans la synthèse, évoque l'importance d'étudier les POP et nous informe qu'un programme Européen de recherche sur le sujet est en cours (Feeding Fats Safety). L'objectif est d'étudier différents aspects de l'alimentation animale afin de préserver la santé animale et produire une viande saine et de bonne qualité.
|
|||||||||||||||||
CONCLUSION |
En conclusion, les nombreux articles proposés au congrès mondial de cuniculture à Vérone ont permis d'évoquer l'ensemble des thématiques regroupant la qualité de la filière cunicole. La valeur nutritionnelle de la viande et sa sécurité sanitaire semblent au cur des préoccupations. Il semblerait que les pays européens cherchent à promouvoir la viande de lapin afin de redynamiser sa consommation, tout en préservant le rendement en viande et la qualité technologique du produit. De nombreux leviers pour améliorer les qualités ont été développés. Les systèmes d'élevage ou le régime alimentaire sont des facteurs déterminants pour la valeur nutritionnelle de la viande. La restriction alimentaire pour préserver la santé de l'animale ne semble pas altérer la qualité de carcasse. En revanche, les conditions ante-mortem (mise à jeun, transport, attente) sont essentiels pour la qualité de la viande et doivent être pris en compte lors du planning d'abattage. Enfin, les études présentées nous démontrent l'importance d'être toujours vigilant quand il s'agit de sécurité alimentaire. De nouvelles bactéries peuvent toujours émerger. De plus, l'impact de l'homme sur l'environnement peut polluer nos animaux (POP) qui deviennent nocifs pour la consommation humaine.
|
|||||||||||||||||
Référence bibliographique citées hors Congrès | ||||||||||||||||||
Chander
Y., Gupta S.C., Goyal S.M., Kumar K. 2007. Perspectives
antibiotics: has the magic gone? J. Sci. Food Agric., 87, 739-742. Combes S., 2004. Valeur nutritionnelle de la viande de lapin. INRA Prod. Anim. 17, 373-383. Combes S., Dalle Zotte A. 2005. La viande de lapin: valeur nutritionnelle et particularités technologiques. 11ème JRC, 2005, Paris, France, 167 - 180. Dalle Zotte A. 2004. Avantages diététiques: le lapin doit apprivoiser le consommateur. Viandes et Produits Carnés. 23, 161 - 167. Hernández P., Gondret F. 2006. Rabbit meat quality. Recent advances in rabbit sciences. ILVO, Merelbeke, Belgique, 269 - 290. |
||||||||||||||||||
_____________________
|
||||||||||||||||||