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Thierry Gidenne lors de la présentation orale
|
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Introduction
Le réseau
de 6 stations d'expérimentation cunicole animé par
le groupe GEC est un outil exceptionnel pour mener des études
portant sur les interactions entre l'alimentation du lapin et la
pathologie digestive, que cette dernière soit spécifique
(cas de l'EEL) ou non spécifique (par exemple d'origine nutritionnelle).
En 2003, une étude du groupe GEC (Gidenne et al.,
2003) a montré l'effet favorable d'un rationnement alimentaire
quantitatif sur la réduction de la mortalité et la
morbidité par troubles digestifs pendant la période
post-sevrage du lapereau. De plus, il a été montré
par Boisot et al. (2003) que le rationnement pouvait réduire
les effets d'une inoculation expérimentale d'entérocolite
épizootique (EEL). Le groupe GEC a ainsi proposé en
2003 une recommandation pour une réduction du niveau alimentaire
d'au moins 20%, afin de réduire la mortalité post-sevrage
par troubles digestifs. Désormais, diverses stratégies
de rationnement, via l'aliment ou l'eau de boisson (Lebas
et Delaveau, 1975, Lebas, 2007) sont très fréquemment
utilisées dans les ateliers cunicole français, pour
réduire les problèmes de pathologies digestives, mais
aussi pour réduire le coût alimentaire. Cependant,
les mécanismes physiologiques impliqués, tel que l'importance
de la durée de vacuité digestive, restent à
élucider. De plus, il reste important de confirmer par une
seconde étude en réseau, les résultats obtenus
antérieurement.
La présente
étude a donc pour but, d'une part de confirmer l'effet favorable
de la restriction alimentaire (avec une longue durée de restriction,
et un retour à une alimentation libre sans transition) sur
les performances et la santé digestive du lapereau après
son sevrage, et d'autre part d'identifier si la durée de
vacuité digestive (modifiée via le mode de distribution
de l'aliment) peut influencer l'effet du rationnement.
|
Matériel
et Méthodes |
|
1. Alimentation
et conditions expérimentales
Un aliment expérimental,
répondant aux recommandations nutritionnelles courantes pour
le lapin en croissance (Gidenne, 2000) a été granulé
sur un seul site (Euronutrition SAS, Sourches), sans anticoccidien
ni antibiotique, à partir d'un même lot de matières
premières (tableau 1). Néanmoins, certains nutriments
ont été volontairement fixés à un niveau
sub-optimal par rapport aux recommandations: en ce qui concerne
les apports d'ADF et de protéines, afin de ne pas réduire
excessivement le risque de troubles digestifs (Gidenne, 2003).
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Tableau 1 :
Ingrédients et composition chimique*, de l'aliment expérimental
Ingrédients
|
(%)
|
Analyse
chimique et valeur nutritive
|
(%
brut)
|
- Milurex |
26,05
|
-
Matière sèche |
88,0
|
-
Orge |
6,10
|
-
Matière minérale |
7,4
|
-
Blé tendre |
5,00
|
-
Amidon |
15,3
|
-
Tourteau de Soja 48 |
2,40
|
-
Sucres totaux |
7,8
|
-
Tourteau de Tournesol |
20,00
|
-
Protéines brutes |
16,3
|
-
Luzerne type 17 LP |
20,00
|
-
Cellulose brute |
15,1
|
-
Paille de Blé |
5,20
|
-
NDF |
32,1
|
-
Pulpe de Betterave |
4,90
|
-
ADF |
19,9
|
-
Tourteau de Pépin de Raisin |
3,00
|
-
ADL |
6,1
|
-
Mélasse de betterave |
5,00
|
-
Energie digestible (kcal/kg)** |
2300**
|
-
Carbonate de Calcium |
0,90
|
Résistance
physique des granulés
|
-
L-Lysine "concentré à 25%" |
0,45
|
-
Durabilité |
97,2*
|
-
Premix (0,5% NaCl inclus ) |
1,00
|
- Dureté |
13,0*
|
* moyennes des valeurs mesurées
(INRA, INZO, PRIMEX) ; ** : valeur théorique d'après
formulation.
|
|
Un schéma
expérimental bi-factoriel, à 2 x 2 niveaux,
a été utilisé, afin de combiner le niveau
d'alimentation "à volonté=100%" vs
"75%" (codes 100 et 75), et le mode de distribution
de l'aliment "un ou deux repas" (code 1D et 2D).
Les lots d'animaux avec une seule distribution d'aliment (entre
7h30 et 8h30) seront nommés : 1D100, 1D75, tandis que
ceux soumis à deux distributions d'aliment seront nommés
: 2D100, 2D75. Pour les 2 lots nourris en deux distributions
(2D100 et 2D75), l'accès à la mangeoire a été
interdit de 10h30 jusqu'à 16h30, afin de créer
une vacuité digestive.
L'application
du rationnement a été effectuée du sevrage
(35 jours d'âge) jusqu'à l'âge de à
63 jours. Le calcul du rationnement journalier a été
prédéterminé à partir d'une courbe
d'ingestion volontaire établie à l'INRA. Le
niveau de rationnement a été contrôlé
en comparant l'ingestion réelle des animaux rationnés
avec celle les témoins, pour 7 périodes de 3
à 4 jours, entre le sevrage et 63j d'âge. Puis
de 63 à 70 jours d'âge tous les lots ont été
nourris à volonté.
|
|
|
Tableau 2 Modalités expérimentales
dans les différents sites
|
|
2. Performances
zootechniques et état sanitaire.
L'étude
a été réalisée sur un ensemble de 5
sites expérimentaux, avec un total de 611 lapins par lot
soit 2444 lapins dans l'ensemble (tableau
2). Le protocole a été appliqué pour chaque
site en une seule série expérimentale, excepté
dans le site 4 où une seconde série expérimentale
a été conduite en raison d'un taux de mortalité
élevé dans la première série. Le poids
vif a été contrôlé au sevrage, à
49j, à 63j (milieu et fin rationnement) et à l'abattage
(70j). La consommation d'aliment par cage a été contrôlée
à la fin de chaque période pour les lapins nourris
ad libitum. Pour les lapins rationnés, l'aliment était
apporté quotidiennement et les éventuels refus pesés.
La mortalité
a été enregistrée quotidiennement. Un contrôle
d'état sanitaire a été réalisé
lors de chaque pesée, par un examen externe de chaque lapin,
afin de relever les symptômes de diarrhées, ballonnement
ou d'autres signes cliniques (parésie, problèmes respiratoires,
etc
). Le protocole prévoyait un traitement thérapeutique
pour les sites présentant une fréquence trop élevée
de cas de mortalité, basée sur une antibiothérapie
dans l'eau de boisson.
|
Tableau 3: Ingestion moyenne effective
mesurée chez les animaux rationnés, en fonction du
lot et du site d'expérimentation
|
|
3. Analyses
statistiques
Les données
individuelles de poids vifs ont été contrôlées
et uniformisées site par site (recherche de valeurs aberrantes
situées à plus de 2,5 écart-type de la moyenne).
Les lapins présentant une croissance anormalement basse ont
été jugés comme morbides et répertoriés.
L'analyse de variance de la croissance a été réalisée
sur l'ensemble des animaux sains et morbides. Les données
de consommation par cage puis par animal moyen présent, ont
d'abord été corrigées à partir des données
brutes, en cas de mortalité dans une cage, en retirant 2
jours supplémentaires de consommation par lapin mort. Dans
le cas où plus de deux lapins par cage étaient morts,
nous avons exclu les données de la cage, afin de réduire
le risque d'erreur par correction successive des données.
L'analyse des données d'état sanitaire a été
réalisée pour chaque site, en relevant tous les cas
de mortalité et de morbidité (symptômes de diarrhée,
faible croissance). L'index de risque sanitaire (IRS) a été
calculé en sommant les animaux morbides et les animaux morts.
L'analyse statistique
des variables quantitatives (poids, ingestion) a été
réalisée, par analyse de variance (procédure
GLM du logiciel SAS) en prenant en compte trois facteurs et leurs
interactions: l'effet du site d'expérimentation, le niveau
de rationnement (100% ou 75%), et le mode de distribution (une ou
deux distributions par jour). Néanmoins les données
de l'un des sites, dont le rationnement a été de -15%
(et non -25%, tableau
3) ont été retirées. L'analyse n'a donc
porté que sur 4 sites, soit un ensemble de 2012 données
individuelles. Quelles que soient les variables, nous n'avons
observé aucune interaction significative entre les 3 facteurs
(niveau x mode x site). Il existe néanmoins, selon les variables,
quelques interactions significatives entre les effets du site et
du mode de rationnement, ou entre les effets du site et du niveau
de rationnement. Ces interactions proviennent d'un effet très
significatif du site, quelles que soient les variables, et qui correspondent
aux variations de niveau de rationnement entre les sites (tableau
3). Ces interactions ne modifient pas la valeur de probabilité
des effets principaux (mode et niveau de rationnement). Pour simplifier
la présentation des résultats, nous avons fait figurer
seulement les probabilités concernant les 2 facteurs majeurs
à savoir le niveau de rationnement et le mode de distribution
de l'aliment. L'analyse statistique des données d'état
sanitaire (mortalité, morbidité, IRS) a été
réalisée avec la procédure CATMOD (logiciel
SAS), qui permet une analyse des proportions avec 2 facteurs (+
interaction). De plus, l'analyse du facteur lot (4 niveaux correspondant
aux 4 combinaisons de la factorielle 2 x 2) a été
réalisée par cette procédure, associée
à une comparaison multiple des moyennes.
|
Résultats
et discussion |
|
1- Ingestion
et croissance.
Les données
de poids au sevrage n'indiquent aucun écart significatif
entre les différents traitements, et confirment que l'allotement
a été correctement réalisée par les
différents sites (35-36 jours d'âge, tableau 4). Excepté
pour un site, la baisse du niveau alimentaire de 25% prévue
initialement a été bien respectée sur les 4
autres sites : le niveau alimentaire mesuré pour le lot 1D75
est en moyenne de 73,7% du groupe témoin (1D100) entre 35
et 49j, et de 73% entre 49 et 63j (tableau 3); la situation est
similaire pour les animaux des groupes 2D. Ainsi, en moyenne sur
l'ensemble des 2 groupes rationnés, le niveau alimentaire
est de 74,8% de celui des groupes nourri à volonté
(tableau 5). Le mode distribution de l'aliment n'a aucun effet significatif
sur l'ingestion volontaire (150,7 vs 149,2 g/j de 35 à
70j resp. pour 1D100 et 2D100).
|
Le rationnement à 75% entre 35 et 63 jours réduit le
poids vif à 63 j de 9,0% mais de 6,0% seulement à 70
jours |
|
Tableau
4 : Poids et vitesse de croissance des
lapins*, en fonction du niveau d'alimentation et du mode de distribution
Paramètres
de croissance
|
Mode
de distribution
|
Niveau
alimentaire
|
Coefficient
de variation
résiduel %
|
Analyse
statistique : Probabilité > F
|
1
D
|
2
D
|
100%
|
75%
|
Mode
|
Niveau
|
interaction
MxN
|
Poids
vif, g
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
- au sevrage (à 35-36 jours) |
1030
|
1028
|
1029
|
1030
|
9,1
|
0,67
|
0,80
|
0,66
|
-
à 49 jours (milieu période rati.) |
1611
|
1593
|
1665
|
1544
|
11,0
|
0,03
|
<0,01
|
0,81
|
- à 63 jours (fin rationnement) |
2209
|
2211
|
2319
|
2112
|
10,3
|
0,75
|
<0,01
|
0,95
|
-
à l'abattage (à 70-71 jours) |
2530
|
2527
|
2612
|
2454
|
9,2
|
0,57
|
<0,01
|
0,83
|
Vitesse
de croissance, g/j
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
.
|
-
de 35 à 49 jours |
43,0
|
41,9
|
47,2
|
38,1
|
25,5
|
0,04
|
<0,01
|
0,99
|
-
de 49 à 63 jours |
41,8
|
43,1
|
45,4
|
39,8
|
25,9
|
0,10
|
<0,01
|
0,65
|
-
de 63 à 70 jours |
44,2
|
43,8
|
39,9
|
47,6
|
33,9
|
0,87
|
<0,01
|
0,58
|
-
de 35 à 63 jours |
42,4
|
42,5
|
46,4
|
38,9
|
17,5
|
0,95
|
<0,01
|
0,95
|
-
de 35 à 70 jours |
42,7
|
42,7
|
45,1
|
40,6
|
14,0
|
0,73
|
<0,01
|
0,76
|
*
Données de croissance individuelle, de tous les animaux
(morbides inclus); 1D: distribution de la ration quotidienne
en une seule fois; 2D: distribution de la ration quotidienne
en deux temps, par retrait de la mangeoire entre 10h30 et
16h30 ; 100%: alimentation à volonté. 75%:
Ingestion restreinte à 75% du niveau alimentaire
à volonté
|
|
|
|
Après 2 et 4 semaines de rationnement (tableau 4), on observe
une même baisse de presque 9% du poids vif (P<0,01), tandis
que la vitesse de croissance est réduite de 19,3 et 13,4%
(sans interactions significatives avec le mode de distribution).
Ainsi, nous observons un effet négatif du rationnement sur
la croissance moins intense que celui observé par Gidenne
et al. (2003) qui était de -25% pour une baisse de 25%
de l'ingestion.
Le fait de distribuer
la ration en deux fois, afin de créer une vacuité
digestive, n'a pas d'effet significatif sur la croissance, excepté
entre 35 et 49j, où on observe un léger effet négatif
sur le poids (-1,7%, P=0,03) et la vitesse de croissance (-1 g/j,
P=0,04; tableau 4). La même analyse, réalisée
seulement sur les lapins sains (morbides exclus), réduit
le coefficient de variation résiduelle des mesures et montre
un effet non significatif du mode de distribution sur la croissance.
|
Le rationnement à 75% entre 35 et 63 jours réduit de
9,2% l'indice de consommation de l'ensemble de la période d'engraissement |
|
Tableau
5 : Consommation des lapins*, en fonction du niveau d'alimentation
et du mode de distribution.
Consommation
en
g /jour et / lapin
|
Mode
de distribution
|
Niveau
alimentaire
|
Coefficient
de variation
résiduel %
|
Analyse
statistique : Probabilité > F
|
1
D
|
2
D
|
100%
|
75%
|
Mode
|
Niveau
|
interaction
MxN
|
-
de 35 à 49 jours
|
101,5.
|
99,8
|
115,6
|
86,2
|
9,41
|
0,16
|
<0,01
|
0,16
|
-
de 49 à 63 jours
|
140,9
|
140,2
|
161,7
|
121,0
|
10,6
|
0,37
|
<0,01
|
0,04
|
-
de 63 à 70 jours
|
193,3
|
197,2
|
189,5
|
201,0
|
10,4
|
0,19
|
<0,01
|
0,05
|
-
de 35 à 63 jours
|
121,3
|
120,5
|
139,3
|
103,8
|
7,8
|
0,21
|
<0,01
|
0,03
|
-
de 35 à 70 jours
|
136,4
|
136,3
|
149,9
|
124,1
|
6,9
|
0,57
|
<0,01
|
0,40
|
*
Données de consommation par cage. Les lapins morbides
sont inclus dans l'analyse ; les cages avec plus de deux
morts ont été exclues
|
|
|
|
Pendant la période
d'ingestion à volonté, une croissance compensatrice
marquée est mesurée chez les animaux rationnés
(63-70j), dont la vitesse de croissance est supérieure de
+19 % par rapport aux lapins des lots 1D100 et 2D100. Cet écart
de croissance, sur une semaine seulement, permet de réduire
le retard de poids des animaux rationnés à 6% des
témoins (à 70j). Par ailleurs, l'effet du mode de
distribution est toujours non significatif. Cette croissance compensatrice
est associée à une légère hausse d'ingestion
de 6% durant la dernière semaine d'élevage, tandis
que Gidenne et al. (2003) avaient observé une croissance
compensatrice sans que l'ingestion augmente, mais sur la période
54-70j d'âge. Des phénomènes similaires de croissance
compensatrice ont été mesurés antérieurement
(Perrier, 1998; Perrier et Ouhayoun, 1996; Dalle Zotte et al.,
2005), mais avec un système de rationnement non quantitatif,
basé sur une limitation du temps d'accès à
la mangeoire.
Sur la période
totale (35-70jours) la vitesse de croissance des lapins rationnés
est en moyenne 10% plus faible (- 4,5 g/j), tandis que l'effet du
mode de distribution est toujours non significatif.
Ainsi, la restriction
d'ingestion de 25% aboutit à une amélioration de l'indice
de consommation de 11,4% (tableau 6) pendant la période de
rationnement (+7,8% et +13,4% resp. de 35 à 49j et 49 à
70j), et de 6,4% (P<0,01) lors du retour à l'ingestion
à volonté (63-70j). Sur la période complète
d'élevage, l'indice de consommation est en moyenne de 8,2%
inférieur chez les animaux rationnés, sachant que
le mode distribution n'a aucun effet sur l'indice de consommation.
Cet effet positif du rationnement sur l'efficacité alimentaire
des lapins avait été observé antérieurement
par Gidenne et al. (2003), mais avec une moindre ampleur et seulement
pendant la période de croissance compensatrice, et pas pendant
la période d'ingestion restreinte.
|
|
|
Tableau
6: Indice de consommation des lapins*, en fonction du niveau
d'alimentation et du mode de distribution.
Indice
de
Consommation
|
Mode
de distribution
|
Niveau
alimentaire
|
Coefficient
de variation
résiduel %
|
Analyse
statistique : Probabilité > F
|
1
D
|
2
D
|
100%
|
75%
|
Mode
|
Niveau
|
interaction
MxN
|
-
de 35 à 49 jours
|
2,36
|
2,32
|
2,44
|
2,25
|
9,0
|
0,40
|
<0,01
|
0,35
|
-
de 49 à 63 jours
|
3,38
|
3,28
|
3,59
|
3,09
|
12,3
|
0,38
|
<0,01
|
0,22
|
-
de 63 à 70 jours
|
4,60
|
4,75
|
4,84
|
4,53
|
23,4
|
0,52
|
<0,01
|
0,99
|
-
de 35 à 63 jours
|
2,82
|
2,82
|
2,99
|
2,65
|
8,1
|
0,96
|
<0,01
|
0,18
|
-
de 35 à 70 jours
|
3,17
|
3,17
|
3,31
|
3,04
|
6,4
|
0,80
|
<0,01
|
0,45
|
*
Les lapins morbides sont inclus dans l'analyse ; les cages
avec plus de deux morts ont été exclues
|
|
|
|
2 - Paramètres
sanitaires
Pour faire face à une fréquence élevée
de cas de mortalité, deux sites sur 4 ont appliqué
un traitement antibiotique pour tous les groupes d'animaux, à
partir de 42 jours et pendant 7 jours pour le site 3 (cause majeure
= EEL), et pendant 16 jours pour la série 1 du site 4 (causes
majeures = diarrhée et parésie).
Les causes de mortalité correspondent essentiellement à
des troubles digestifs non spécifiques (diarrhées),
ou liés à l'EEL (tableau 7). Notons que dans le site
4 une fréquence élevée de cas de ballonnements
(90% des cas classés "autre", sans identification
claire d'EEL) a été observée sur la première
série expérimentale. L'EEL se manifeste dans 3 sites
sur 4 (sites 1, 2, 3), tandis que l'on observe une fréquence
élevée de cas de diarrhées (non apparentées
à l'EEL) dans les sites 1, 3 et 4. De manière générale,
les cas de parésie cæcale (non associés à
l'EEL) restent rares. Par ailleurs, l'analyse des causes de mortalité
en fonction du lot (en % intra-lot) fait apparaître une baisse
de la fréquence des cas d'EEL chez les lapins rationnés
comparativement à ceux nourris à volonté.
|
|
|
Tableau
7: Causes de mortalité* par site et par lot.
Sites
|
EEL**
|
Diarrhée
|
Autre$
|
Lots
|
EEL**
|
Diarrhée
|
Autre$
|
1
|
33
|
63
|
4
|
1D100
|
39
|
46
|
15
|
2
|
73
|
24
|
3
|
1D75
|
5
|
66
|
29
|
3
|
39
|
55
|
6
|
2D100
|
27
|
58
|
15
|
4
|
0
|
59
|
41
|
2D75
|
18
|
50
|
32
|
*
mortalité calculée en % du nombre total de
cas de mortalité intra-site ou intra-lot, et pour
l'ensemble de l'expérimentation (35-70 jours d'âge);
**: EEL = Entéropathie Epizootique du Lapin - $:
ballonnement, parésie cæcale).
|
|
|
|
L'effet du lot sur les données de mortalité et de
morbidité est significatif sur toute la période de
rationnement (35-63jours). Le niveau de rationnement exerce un effet
significatif très favorable, contrairement au mode de distribution,
et sans interactions entre ces deux facteurs (tableau 8). Sur la
période 35-63 jours d'âge, la mortalité moyenne
est réduite de moitié chez les lapins rationnés
(10,7%) comparéeà celle des 2 autres lots nourris
à volonté (19,9%). De même, la morbidité
est significativement réduite de 15,3 à 10,1%. En
conséquence, l'index de risque sanitaire passe de 35,7% pour
les animaux restreints à 20,8%. Cet effet favorable de la
restriction alimentaire sur la santé digestive semble plus
important en période post-sevrage comparé à
la période 49-63j. Les résultats de cette étude
confirment donc ceux obtenus en 2003 par le groupe GEC. En revanche,
le fait de distribuer la ration en une ou deux fois ne semble pas
présenter d'effet significatif sur les paramètres
sanitaires. Néanmoins, nous détectons une tendance
à une baisse de la mortalité (P=0,09) chez les lapins
recevant deux distributions d'aliment en période post-sevrage,
mais cet tendance s'inverse entre 49 et 63 jours d'âge, aboutissant
donc à une absence d'effet sur la période totale de
rationnement.
|
|
|
Tableau
8: Paramètres sanitaires en période de rationnement,
en fonction du niveau d'alimentation et du mode de distribution,
.
|
LOTS
|
|
Effet Traitement - Probabilité > F
|
1D
100
|
2D
100
|
1D
75
|
2D
75
|
Niveau
|
Mode
|
interaction
MxN
|
Période
de rationnement : de 35 à 49 jours d'âge |
Mortalité,
%
|
12,1
a
|
8,9
a
|
4,2
b
|
3,0
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,09
|
0,98
|
(cas
/ nombre initial)
|
61/503
|
45/503
|
21/503
|
15/503
|
Morbidité,
%
|
11,5
a
|
9,7
ab
|
6,8
b
|
7,0
b
|
0,02
|
<0,01
|
0,63
|
0,50
|
(cas
/ nombre initial)
|
58/503
|
49/503
|
34/503
|
35/503
|
Index
de Risque Sanitaire*
|
23,6
a
|
18,6
a
|
11,0
b
|
10,0
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,12
|
0,46
|
(cas
/ nombre initial)
|
119/503
|
94/503
|
55/503
|
50/503
|
Période
de rationnement : de 49 à 63 jours d'âge
|
Mortalité,
%
|
9,5
a
|
11,4
a
|
6,2
b
|
8,6
ab
|
0,02
|
0,02
|
0,10
|
0,65
|
(cas
/ nombre initial)
|
42/442
|
52/458
|
30/482
|
42/488
|
Morbidité,
%
|
9,3
a
|
7,6
ab
|
4,4
c
|
5,1
b
|
0,01
|
<0,01
|
0,91
|
0,32
|
(cas
/ nombre initial)
|
41/442
|
35/458
|
21/482
|
25/488
|
Index
de Risque Sanitaire*
|
18,8
a
|
19,0
a
|
10,6
b
|
13,7
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,23
|
0,28
|
(cas
/ nombre initial)
|
83/442
|
87/458
|
51/482
|
67/488
|
Ensemble
de la période de rationnement
: de 35 à 63 jours d'âge
|
Mortalité,
%
|
20,5
a
|
19,3
a
|
10,1
b
|
11,3
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,85
|
0,44
|
(cas
/ nombre initial)
|
103/503
|
97/503
|
51/503
|
57/503
|
Morbidité,
%
|
15,5
a
|
15,1
a
|
9,9
b
|
10,3
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,96
|
0,79
|
(cas
/ nombre initial)
|
78/503
|
76/503
|
50/503
|
52/503
|
Index
de Risque Sanitaire*
|
36,0
a
|
34,4
a
|
20,0
b
|
21,6
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,90
|
0,42
|
(cas
/ nombre initial)
|
181/503
|
173/503
|
101/503
|
109/503
|
*
Index de Risque Sanitaire (IRS) = cumul des cas de mortalité
et de morbidité
|
|
|
|
Durant la dernière
semaine d'élevage, le taux de mortalité et de morbidité
est faible, et nous n'observons d'effet significatif pour aucun
des deux facteurs, mode et niveau de rationnement (tableau 9).
Sur la période
expérimentale totale, on n'observe ainsi aucun effet significatif
du mode de distribution. En revanche, la réduction de 25%
du niveau alimentaire pendant les 4 premières semaines d'élevage,
conduit à des réductions significatives, du taux de
mortalité de 21,6 (lapins ad libitum) à 11,9%,
du taux de morbidité de 18,7 à 14,0%, et de l'IRS
de 40,3 à 25,9%.
|
Le rationnement réduit significativement les problèmes
sanitaires |
|
Tableau
9: Paramètres sanitaires moyens, en fonction du niveau
d'alimentation et du mode de distribution
|
LOTS
|
|
Effet Traitement - Probabilité > F
|
1D
100
|
2D
100
|
1D
75
|
2D
75
|
Niveau
|
Mode
|
interaction
MxN
|
Période
ad-libitum : de 63 à 70 jours d'âge |
Mortalité,
%
|
1,7
|
2,5
|
1,5
|
1,1
|
0,51
|
0,23
|
0,98
|
0,38
|
(cas
/ nombre initial)
|
7/400
|
10/406
|
7/452
|
5/446
|
Morbidité,
%
|
5,5
|
4,7
|
3,8
|
5,8
|
0,49
|
0,71
|
0,52
|
0,16
|
(cas
/ nombre initial)
|
22/400
|
19/406
|
17/452
|
26/446
|
Index
de Risque Sanitaire*
|
7,2
|
7,2
|
5,3
|
6,9
|
0,62
|
0,36
|
0,49
|
0,44
|
(cas
/ nombre initial)
|
29/400
|
29/406
|
24/452
|
31/446
|
Période
totale : de 35 à 70 jours d'âge
|
Mortalité,
%
|
21,9
a
|
21,3
a
|
11,5
b
|
12,3
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,87
|
0,65
|
(cas
/ nombre initial)
|
110/503
|
107/503
|
58/503
|
62/503
|
Morbidité,
%
|
18,9
a
|
18,5
ab
|
12,9
b
|
15,1
ab
|
0,03
|
<0,01
|
0,52
|
0,39
|
(cas
/ nombre initial)
|
95/503
|
93/503
|
65/503
|
76/503
|
Index
de Risque Sanitaire*
|
40,8
a
|
39,8
a
|
24,4
b
|
27,4
b
|
<0,01
|
<0,01
|
0,55
|
0,31
|
(cas
/ nombre initial)
|
205/503
|
200/503
|
123/503
|
138/503
|
*
Index de Risque Sanitaire (IRS) = cumul des cas de mortalité
et de morbidité
|
|
Conclusions |
|
Une
stratégie qui réduit l'ingestion de 25% pendant les
quatre premières semaines post-sevrage est très bénéfique
pour l'état sanitaire du lapereau, et conduit de plus à
un coût alimentaire réduit d'environ 10%. Ces résultats
confirment donc qu'il est possible d'obtenir une prévention
des troubles digestifs par l'application d'une bonne stratégie
alimentaire.
En revanche, on ne remarque pas d'effet majeur d'une distribution
de l'aliment en deux fois, ce qui suggère que la durée
de la vacuité digestive serait d'un impact modéré
comparé à l'effet de la quantité d'aliment ingéré.
Le choix
du niveau de rationnement résultera donc d'un compromis entre
sécurité sanitaire, croissance et coût alimentaire,
et il sera raisonné en fonction du degré de risque
sanitaire identifié dans l'atelier cunicole.
|
|
|
Remerciements
Cette étude a été financée par les unités
de recherches des auteurs, et également par l'Association
Scientifique Française de Cuniculture (http://www.asfc-lapin.com/).
|
|
|
Références
bibliographiques citées
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réduit l'impact d'une reproductrion expérimentale de
l'entéropathie épizootique (EEL) chez le lapin en croissance.
In Proc. 10ème J. Rech. Cunicoles Fr., G. Bolet (Ed.), Paris,
ITAVI publ. Paris France, 19-20 nov., 267-270.
Dalle Zotte A., Rémignon H., Ouhayoun J., 2005. Effect
of feed rationing during post-weaning growth on meat quality, muscle
energy metabolism and fibre properties of Biceps femoris muscle in
the rabbit. Meat Science, 70, 301-306.
Gidenne T., 2000. Recent advances and perspectives in rabbit
nutrition: Emphasis on fibre requirements. World Rabbit Sci., 8,
23-32.
Gidenne T., 2003. Fibres in rabbit feeding for digestive troubles
prevention: respective role of low-digested and digestible fibre.
Livest. Prod. Sci., 81, 105-117.
Gidenne T., Feugier A., Jehl N., Arveux P., Boisot P., Briens C.,
Corrent E., Fortune H., Montessuy S., Verdelhan S., 2003. A post-weaning
quantitative feed restriction reduces the incidence of diarrhoea,
without major impairment of growth performances: results of multi-site
study. In Proc.: 10ème J. Rech. Cunicoles Fr., G. Bolet
(Ed.), Paris, ITAVI publ. Paris France, 19-20 nov., 29-32.
Lebas F., 2007. Lutilisation de la restriction alimentaire
dans le filière cunicole et les différents modes de
contrôle utilisés sur le terrain. Compte rendu Table
Ronde des 12e Journées de la Recherche Cunicole, Le Mans 27
nov.2007, http://www.asfc-lapin.com/Docs/Activite/T-ronde-2007/T-ronde2007-1.htm
Lebas F., Delaveau A. 1975. Influence de la restriction du
temps d'accès à la boisson sur la consommation alimentaire
et la croissance du lapin. Annales de Zootechnie 24, 311-313.
Perrier G., 1998. Influence de deux niveaux et de deux durées
de restriction alimentaire sur l'efficacité productive du lapin
et les caractéristiques bouchères de la carcasse. 7èmes
Journ. Rech. Cunicole Fr., JM Perez (Ed.), 13-14 mai, Lyon, ITAVI
publ., p179-182.
Perrier G., Ouhayoun J., 1996. Growth and carcass traits of
the rabbit a comparative study of three modes of feed rationing during
fattening. In Proc. 6th World Rabbit Congress, Toulouse, F. Lebas
Ed., France, Ass. Fr. Cunic. Publ., 09-12 july 1996, vol. 3,
225-232.
|
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