La Biologie du Lapin
par François LEBAS
Directeur de Recherches honoraire de l'INRA
                                                                                                                                  Les dernières modifications

6 - Les reins et l'excrétion urinaire

    1. Quelques rappels d'anatomie et de développement rénal
    2.  L'excrétion urinaire

 

 1. Quelques rappels d'anatomie et de développement rénal

Les 2 reins sont placés en position dorsale dans la cavité abdominale de part et d'autre de la colonne vertébrale. Le rein droit est placé un peu en avant du rein gauche. Chez un animal en bonne santé, chacun des 2 reins est en partie recouvert par des dépôts adipeux. Lorsque cette amas adipeux périrénal est retiré avec la fine membrane fibreuse entourant chaque rein, sa couleur apparaît rouge plus ou moins sombre. Les reins ont la forme d'un gros haricot dont la petite courbure porte le hile par lequel passent les vaisseaux sanguins ainsi que l'uretère (figure 24). Cette dernière conduit l'urine jusqu'à la vessie.


 

Figure 25 : Coupe horizontale du rein droit
(d'après Barone et al., 1973)

Figure 24 : Vue dorsale des deux reins et de leur irriguation principale (d'après Barone et al., 1973)
 
Figure 26 : Evolution du poids relatif des deux reins (% poids vif) entre 3 et 22 semains (d'après Lebas et Laplace, 1974 et 1974)


La section longitudinale d'un rein en commençant le long de la grande courbure, permet de visualiser (figure 25) la zone glomérulaire ou cortex à la périphérie du rein, la zone médullaire plus ou moins striée se terminant par une papille unique. Cette dernière est formée par la partie terminale des tubules microscopiques que déversent l'urine dans le bassinet. Ce dernier en forme d'entonnoir festonné, se prolonge par l'uretère en direction de la vessie.

Le poids des reins évolue (figure 26) de 1,28% du poids vif à l'âge de 3 semaines (soit environ 3,5 à 3,8 g pour les 2 reins pris ensemble) à seulement 0,48% chez l'animal adulte (soit environ 16 à 18 g). En valeur absolue, les reins atteignent leur poids définitif dès l'âge de 11-12 semaines. Chez la lapine, leur poids relatif varie de ± 10% en fonction du stade de reproduction, avec une l'hypertrophie en début de gestation puis d'une autre au milieu de la lactation, les deux séparées par une hypotrophie en fin de gestation (faible poids relatif)..

 

 


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A côté de la fonction principale des reins en tant qu'organe excréteur, aspect développé au paragraphe suivant, il faut mentionner la production de plusieurs hormones dont la rénine et le 1,25-dihydroxycholécalciférol, ainsi que de la prostaglandine PGE2, principalement dans le tissu interstitiel de la papille (40 microgrammes de PGE2 par g de tissu en une heure) et de la zone médullaire (17 µg/g/h). Dans le cortex rénal, la synthèse de PGE2 est négligeable.

 

 2. L'excrétion urinaire

Chez un lapin adulte de 4 kg ou sub-adulte de 2,5 à 3 kg consommant environ 150 à 170 g d'aliment granulé par jour, la production urinaire est de 160 à 170 ml par jour. Cette quantité est fortement influencée par la température ambiante, via la consommation d'eau. Il existe en effet, en fonction de la température, une corrélation très étroite (r = 0,99) entre la consommation d'eau et la production d'urine.

 

 L'urine de lapin est systématiquement alcaline (pH 8,0 - 8,4). Elle est généralement translucide de couleur jaune paille, mais peut devenir opaque et crémeuse, en fonction de la charge en calcium. Elle peut même parfois prendre une couleur jaune orangé, semble-t-il est fonction de la teneur et de la qualité de la luzerne de l'alimentation. En effet celle-ci apporte des pigments, à moins que la coloration ne provienne de pigments sanguins qui passeraient dans l'urine en raison de l'altération des reins en relation avec une très (trop) forte teneur en calcium. La teneur en matière sèche de l'urine est de l'ordre de 5%, mais celle-ci peut varier de 3% à plus de 9%. Sa densité moyenne est de 1,015 à 1,025. Enfin, au grand damne des éleveurs, l'urine est toujours "collante", c'est à dire qu'elle s'écoule mal et adhère fortement aux parois des cages. A titre d'information, il faut savoir que l'urine de lapin peut adhérer même à une paroi de verre verticale et siliconée.
   La mesure correcte des quantités d'urine produites est délicate en raison de multiples facteurs, en particulier :
 

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  • l'évaporation entre la production et la collecte effective,
  • les dépôts éventuels sur les parois de la cage et les grilles de collecte,
  • la dilution fréquente par de l'eau de boisson gaspillée par les animaux au moment où ils s'abreuvent,
  • l'usage d'eau de rinçage pour tenter de recueillir ce qui s'est déposé sur les parois et les grilles
  • la mesure plus ou moins correcte du liquide stabilisant (acide fort ou solution antibiotique) utilisé pour interdire la fermentation et la volatilisation de certains composant de l'urine entre la production et la collecte effective.
 

Tableau 8 : Excrétion dans l'urine en 24 heures

C'est pourquoi dans leur majorité majorité les chercheurs préfèrent donner les valeurs de l'excrétion urinaire par lapin et par 24 heures, sans chercher à connaître avec exactitude la composition centésimale de l'urine. Une idée de la production quotidienne en quelque éléments est fournie au tableau 8. Il faut cependant bien réaliser que cette production est très fortement influencée par l'alimentation des lapins et par la nature des substances ± indésirables que les reins "extraient" du sang artériel qui les irriguent.

L'élément principal excrété dans l'urine est l'urée, stade ultime du catabolisme azoté. Toutefois, un peu moins de 50% de l'urée synthétisée dans l'organisme se retrouvent dans l'urine.
Ainsi, l'apparition de CO2 marqué au 14C dans la respiration, après injection d'urée marquée au carbone14 dans la circulation sanguine, prouve l'existence d'un catabolisme endogène de l'urée, probablement par recyclage partiel via la flore cæcale.
 

Figure 27 : Évolution des pertes hebdomadaires d'azote urinaire par des lapines gestantes (4 semaines) puis allaitantes (4 semaines), en fonction de la teneur en protéines brutes de l'aliment.

L'excrétion d'azote urinaire dépend principalement de l'apport azoté alimentaire quantitatif et qualitatif. Cependant elle peut aussi passer du simple au double en fonction du stade physiologique chez la lapine reproductrice, comme l'illustre la figure 27.

Les autres éléments importants sont les minéraux et tout particulièrement le calcium. En effet, le lapin a une position originale au sein des espèces animales: il excrète par la voie urinaire la majeure partie du calcium alimentaire (50 à 75% selon la composition de l'aliment), alors que dans les autres espèces le rejet urinaire de calcium ne dépasse généralement pas 5% de l'ingéré. De manière similaire, les lapins rejettent par voie urinaire 30 à 40% du magnésium ingéré, alors que la proportion n'est que de 5 à 10% pour le phosphore.
 

Le calcium est présent principalement sous forme de carbonate, de phosphate de calcium et d'oxalate. Sans que cela puisse être considéré comme une anomalie, il est fréquent de trouver dans la vessie l'urine séparée en deux phases bien distinctes : d'une part un surnageant translucide de couleur jaune clair, et d'autre part un précipité blanc crémeux. Ce dernier est composé à 65% par du carbonate de calcium. Par gramme de précipité on trouve en effet 290 mg de Ca, 34 mg de Mg, 295 mg de d'ions carbonate et 28 mg de phosphore.

 

 
Biologie du Lapin - Fin du chapitre 6  " Les reins et l'excrétion urinaire"
 
 
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