CUNICULTURE Magazine Volume 33 (année 2006) pages 59 à 62


La CPLB a 25 ans

par
Véronique BARGAIN

La création

«C'est en 1981 que 11 éleveurs de lapins de Vendée et un technicien, Claude Dessèvres, créent l'Association des Producteurs de Lapins du Bocage, rappelle Claude Auvinet, actuel président de la CPLB. Leur objectif est d'organiser la production et d'en assurer les performances technico-économiques, avec une ligne directrice technique mais une liberté dans le choix des fournisseurs. Car parmi les valeurs fortes qu'ils défendent, il y a l'autonomie politique, financière et de gestion des producteurs.»  En quatre ans, le nombre d'éleveurs est multiplié par 5 et l'activité par 7. La décision est prise en 1985 de transformer l'association en une coopérative, dont C. Dessèvres devient "naturellement" le directeur.

Implication progressive dans l'amont et l'aval

Claude Auvinet
Président de la CPLB

Par souci d'autonomie et de performance, la CPLB s'engage dès 1989 dans l'insémination artificielle avec son partenaire la société Grimaud. Malgré des débuts difficiles, elle persévère dans cette voie qui conduira à une véritable révolution dans la production du lapin. Puis en 1992, toujours par recherche d'indépendance et pour maîtriser les coûts de revient, elle créé son propre centre d'insémination et d'expérimentation. Et dans la même logique, elle s'investit dans la génétique, créant en 1997 un premier centre de multiplication produisant 1000 femelles parentales par semaine, suivi en 2001 d'une second centre produisant 1200 femelles par semaine, l'ensemble permettant aujourd'hui de couvrir 80% des besoins de la coopérative.
En même temps qu'elle s'investit dans l'amont, la CPLB décide de s'impliquer dans l'aval pour voir ce qui s'y passe et assurer ses débouchés. Ses efforts aboutissent en 1993 à la création de l'ACLV, société d'Abattage et de Conditionnement des Lapins de Vendée, détenue à 56% par Loeul et Piriot, leader sur le marché du lapin, à 34% par la CPLB et à 10% par la Cavac. Suivra en 1997, une prise de participation à hauteur de 17% dans la société Multilap.

En 2000, la CPLB élargit son horizon en créant une union avec le groupement des Côtes d'Armor Coop lap'1 qui veut redynamiser sa zone de production et recherche un appui technique et administratif. Cette union aboutit en 2004 à la fusion des deux structures, avec aujourd'hui une trentaine d'adhérents bretons dont une dizaine issus de création d'élevages.
Enfin en 2001, la CPLB s'engage dans la voie de la certification avec la mise en place d'une certification de produit, "Le Magistral", et de la certification Agri-Confiance, à laquelle adhèrent aujourd'hui les trois quarts des producteurs.

"Pendant vingt ans, le développement de la cuniculture dans notre région a été très important, constate Germain Perrin, directeur de la CPLB. La CPLB, en adoptant des stratégies avant-gardistes, se dotant d'outils performants, s'impliquant dans l'aval, a su être un des fers de lance de cette production. Aujourd'hui, dans un monde économique de plus en plus concurrentiel, où les concentrations s'accélèrent, il est essentiel que nous trouvions de nouveaux gains de compétitivité."
Parmi les pistes envisagées pour gagner en compétitivité, la CPLB a notamment amorcé un rapprochement avec le Groupement de Producteurs de Lapins de la coopérative polyvalente vendéenne CAVAC. Celui-ci regroupe 130 éleveurs pour 3 millions de lapins commercialisés annuellement. Depuis mars 2006, la coopérative est ainsi entrée parmi les fournisseurs d'aliments des adhérents de la CPLB, la CPLB pour sa part devenant fournisseur d'IA pour les éleveurs du GPL. "Ce rapprochement, pour l'instant commercial, pourrait aboutir à une structure commune en 2007 ou 2008, prévoit Claude Auvinet. En regroupant nos forces, nous serons ainsi mieux placés par rapport à l'amont et à l'aval."
Un autre défi que devra relever la CPLB sera le renouvellement des générations d'éleveurs, un quart d'entre eux devant en effet partir en retraite dans les dix ans à venir. Des efforts sont déjà faits pour attirer des jeunes, efforts ayant permis l'installation de 10 nouveaux élevages en 2005 et de 5 ou 6 en 2006. Et un nouveau plan d'installation devrait être dévoilé en septembre, pour permettre, selon Claude Auvinet "de conserver le potentiel du groupement et s'adapter au marché." Un plan a un préalable qui est sera d'avoir réglé les aspects environnementaux, enjeu crucial en Vendée comme en Bretagne, ce qui devrait être fait dans quelques mois avec la reconnaissance officielle du système Prolap déjà expérimenté sur quelques élevages du groupement.

                  Quelques stands des partenaires de la CPLB lors de la fête

La CPLB en quelques chiffres

Elevage sous tunnel

Basée à Réaumur, en Vendée, la CPLB regroupe 270 éleveurs exploitant 115 000 cages mères et 160 000 lapines. Si 15% d'entre eux sont spécialisés en lapin (mono-producteurs), la plupart d'entre eux associent le lapin à un autre atelier, typiquement du bovin allaitant. L'ensemble des élevages fonctionne aujourd'hui en bande unique, avec IA et principalement des cycles de 42 jours. 85% du renouvellement des femelles se fait avec des lapines parentales transférées à 1 jour. Particularité de la CPLB, plus de la moitié du parc de bâtiment est constitué de tunnels. L'engraissement plein air ou semi-plein air et les bâtiments grand air sont également très représentés. Plus récemment, dans les créations d'élevage, sont apparus les bâtiments tout plein tout vide.
Soutenus par les services techniques et vétérinaires de la coopérative, avec une visite toutes les 3 semaines, des réunions techniques deux fois par an, un centre d'expérimentation et des formations régulières, les éleveurs obtiennent en moyenne une fertilité de 80% et produisent 14,5 kg/IA avec une mortalité inférieure à 10%. "La productivité a augmenté par rapport à "l'avant entérocolite" constate Stéphane Charrier, responsable technique et qualité à la CPLB, grâce à l'utilisation d'un aliment engraissement plus fibreux, au développement de la technique du rationnement et à des mesures sanitaires renforcées."
En 2005, la CPLB a ainsi commercialisé 7,8 millions de lapins (prévision de 8 Millions en 2006). 81% ont été abattus par l'ACLV et Loeul et Piriot, 18% par Multilap et 1% par un abattoir local. Sur les 150 000 lapins produits et abattus chaque semaine, 25 000 le sont dans le cadre de la Certification de Conformité Produit "Le Magistral", basée notamment sur l'élevage en bâtiments grand air, l'utilisation de la semence de mâles Hyplus PS 79 (lapins aux yeux noirs), une densité au sevrage inférieure à 17 lapins/m², un vide sanitaire d'au moins 5 jours entre 2 bandes et des calibres minimum et maximum pour les lapins expédiés à l'abattoir.