CUNICULTURE Magazine Volume 34 (année 2007) pages 31 à 39

Productivité des élevages cunicoles professionnels en 2006
Résultats de RENALAP et RENACEB

par
F. LEBAS (Rédaction de Cuniculture)
d'après le rapport complet publié par l'ITAVI

Les références de RENACEB portent sur 1089 ateliers en conduite en bande (quasi exclusivement en insémination artificielle) et 9534 bandes complètes (-4% / 2005). Cela correspond à près de 540 000 lapines reproductrices, en légère régression de 2,9% par rapport à 2005.
Les références de RENALAP ont été établies sur un nombre beaucoup plus faible d'ateliers : 44 en 2006 comme en 2005. Cela correspondent aux performances d'environ 10 000 femelles en conduite individuelle et saillie naturelle (+5%/2005). Les derniers ateliers travaillant encore en conduite individuelle sont de taille modeste, 218 femelles en moyenne, et sont situés en région Aquitaine pour plus des trois quart d'entre eux (figure 1).

Les ateliers avec conduite en bande sont situés principalement en région Pays de la Loire (46,6%). Avec les régions voisines de Bretagne (15,7%), Poitou-Charentes (13,5%) et Basse Normandie (4,8%) ce sont près de 81% des ateliers étudiés qui sont situés dans le Grand Ouest (figure 2).

Sur l'ensemble des 1133 ateliers de l'étude, la Vendée est de loin le premier département producteur avec 27,4% des éleveurs, suivie du Maine et Loire (10,8%) et des Deux Sèvres (9,0% des éleveurs). En suivant on trouve le Morbihan (5,9%), l'Ille et Vilaine (4,1%), la Loire Atlantique (3,7%) et les Côtes d'Armor (3,6%). En dehors de cette aire du grand Ouest, comme départements comptant en terme de nombre d'élevages on trouve le Nord (2,5%) ainsi que le Pas de Calais et le Cantal avec 1,8% des élevages.

Compte tenu du petit nombre d'ateliers qui travaillent en conduite individuelle (Renalap), les résultats moyens de ces 44 élevages sont fournis à titre indicatif et sans commentaires spécifiques. Seuls les résultats de conduite en bande (Renaceb) font l'objet d'une analyse particulière dans cet synthèse.

Parmi les ateliers conduits en bande (RENACEB), 84,7 % le sont en bande unique, dont 30,4% sont gérés selon la méthode "tout plein - tout vide" (2 cellules ou groupes de cellules utilisés en alternance en maternité puis en engraissement). La conduite en bandes à 42 jours est très nettement dominante et représente 96,5% des rythmes adoptés. Les autres cas correspondent à 32 ateliers en rythme à 49 jours et 1 ateliers à 35 jours, sur un total de 960. Par ailleurs, les 129 ateliers qui fonctionnent avec 2 (n=100) ou 3 bandes (n=29) utilisent aussi le rythme 42 jours. Parmi ces ateliers gérés en bandes multiples, 18,6% utilisent la saillie naturelle.

Productivité moyenne des ateliers

Les 44 élevages qui continuent à travailler en gestion individuelle et en saillie naturelle ont une productivité plus faible que ceux conduits en bande pour la très grande majorité des critères techniques.

Toutefois un prix de vente des lapins nettement plus élevé (1,95 vs 1,68 €/kg) leur permet finalement d'obtenir une marge sure coût alimentaire assez proche de la moyenne des élevages conduits en bande
(0,92 €/kg vs 0,95 €/kg)

Les élévages les plus performants obtiennent des taux de réussite des IA nettement améliorés , une meilleure prolificité une mortalité plus faible sous la mère, en partie contrebalancée par un taux d'élimination volontaire plus élevé, mais surtout une mortalité plus faible en engraissement.

La différence de 5,93 kg vendus par IA en faveur des ateliers du quintile supérieur est expliquée par les facteurs suivants

Part du critère dans l'écart de productivité par ordre décroissant d'importance
•  35% pour le taux de mise bas par insémination
•  30% pour le pour le nombre de nés totaux par mise bas
•  23% pour le taux de mortalité en engraissement
•  13% pour le taux de moralité au nid ( sur laissés)
•    5% pour le poids vif moyen des lapins vendus
•    3% pour le taux de mortinatalité
• -10% pour le taux d'élimination des lapereaux à la naissance

Performances et mode de gestion des bandes

La bande unique gérée en
"Tout plein Tout vide" permet d'accroître de 12% la marge sur coût alimentaire par rapport à une bande unique classique.

A l'inverse, ans l'échantillon étudié, la ré-insémination des femelles vides 21 jours après une IA inféconde ne permet pas d'accroître la productivité, bien au contraire elle est associée à une réduction de 6% de la production par IA et de 8,5% du nombre de lapins vendus par femelle et par an.

Par rapport à la gestion des bande unique (toutes les femelle inséminées ensemble) avec des cellules dédiées à la maternité et des cellules dédiées à l'engraissement, la gestion de l'élevage selon le système "Tout Plein - Tout Vide" (2 cellules identiques, sevrage sur place et déplacement des mères au sevrage après vide sanitaire) permet d'accroître légèrement chacun des paramètres techniques pour arriver à une augmentation de 12% de la marge sur coût alimentaire par femelle présente ou par IA , et de 6,4% la MCA par kg de lapin produit.

Les 100 ateliers qui ont choisi une gestion en 2 bandes (ré-insémination des lapines détectées vides à la palpation et changement de bande pour ces femelles ré-inséminées) obtiennent des performances techniques et économiques moins intéressantes : par exemple 46 lapins produits par femelle et par an, 13,3 kg vendus par IA, ou une MCA de 106,6 € par femelle et par an en moyenne. Il est toutefois difficile de savoir si ces éleveurs auraient eu de meilleures performances avec une gestion en bande unique ou si leurs performances plus modestes sont motivées par une technicité et/ou un environnement moins favorable.

Une analyse comparant les performances des 32 élevages qui ont choisi la bande unique en rythme 49 jours (production moins intensive) à celle des bandes uniques en rythme 42 jours montre qu'ils obtiennent des performances techniques un peu supérieures (14,59 vendus par IA contre 14,33 pour celles conduites à 42 j), toutefois sans amélioration des taux de mortalité que ce soit sous la mère ou en engraissement : globalement 25,7% de lapereaux disparus entre les nés totaux et les vendus, contre 25,9% pour les ateliers en rythme 42 jours. Au plan financier la MCA par kg de lapin produit est similaire pour les rythmes 49 et 42 jours : 0,95 €/kg et 0,96 €/kg vendu.
Le nombre de lapins produit par femelle et par an est réduit (43,8 vs 51,6) de manière très proportionnelle à la réduction de l'intensité de la production: -15%. On doit toutefois remarquer que le taux annuel de renouvellement des femelles est plus faible (90% vs 113%) de même que le taux de mortalité annuel des femelles (23,7 vs 28,9%).

L'auto-renopuvellement est un choix qui finalement coûte cher

L'utilisation d'un noyau de GP dans l'élevage est associée à la meilleure productivité technique et économique. L'achat régulier de femelle parentale pour assurer le renouvellement du cheptel entraîne des performances à peines inférieures (-2% pour le nombre de lapins produit par femelle et par an, -5% pour la MCA par IA). Par contre l'utilisation de l'auto-renouvellement est associée à des performances technique nettement moins intéressantes (-9% pour le nombre de lapins vendus par femelle et par an), principalement en raison d'une prolificité des femelles reproductrices nettement moins bonne: 8,78 nés vivants vs 8,62 pour le renouvellement par femelles parentales ou 9,54 pour le renouvellement par GP. Au final la MCA par IA est réduite de 22% et de son côté la MCA par kg de lapin vendu est réduite de 16%.

Les études du réseau Cunimieux de l'ITAVI ont montré que pour la même période, la dépense moyenne de renouvellement du cheptel est de 4 à 6 Euros par femelle et par an. Ainsi essayer d'économiser une partie de ces 4 à 6 €, coûte finalement de 20 à 25 € par femelle et par an aux éleveurs qui ont été tentés par l'auto-renouvellement. On ne peut pas dire qu'ils aient fait le bon choix.