par
Thierry GIDENNE*et Joël DUPERRAY** * INRA Toulouse, UMR 1289 Tandem, BP 52627, 31326 Castanet-Tolosan
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Introduction |
La
section " Nutrition et physiologie de la digestion " a été
celle contenant le plus de communications courtes. Elle représente
à elle seule 24% des travaux présentés lors de ce 9ème
Congrès (66 communications au total + 2 synthèses).
En classant ces 66 communications par nationalité du premier auteur, nous pouvons remarquer que 3 pays l'Italie (pays organisateur), la Hongrie et l'Espagne arrivent en tête avec 8 communications chacun. Viennent ensuite l'Egypte et la France (7 et 6 communications), suivis du Brésil, du Nigeria, de la Slovaquie avec 3 ou 4 communications. Les autres pays n'ont présenté que deux ou une seule communication (Figure 1) |
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Figure 1 : Répartition des communications
de Nutrition entre les différents pays (adresse du 1er auteur)
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Dans la présente synthèse, nous traiterons des apports en nutrition (nutriments et recommandations), en physiologie de la digestion ( ¼ des communications), et des effets de divers additifs alimentaires, ce qui correspond à environ 45 communications courtes et 2 synthèses. Les apports sur les techniques d'alimentation et utilisation des matières premières sont traités dans une autre synthèse par Lebas et Renouf.
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LES APPORTS EN PHYSIOLOGIE DIGESTIVE | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pour cette discipline, l'activité de recherche est répartie entre plusieurs pays (Espagne, France, Hongrie, Tchéquie, Slovénie, etc.), sans domination particulière d'une équipe. Contrairement au 8ème Congrès de 2004, il n'y a pas d'originalités remarquables, quant aux critères ou paramètres mesurés pour tenter de caractériser ou de comprendre l'ampleur ou la nature des phénomènes digestifs. Seule fait exception, l'apport des outils de microbiologie moléculaire pour améliorer notre compréhension de la biocénose caecale.
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1 Microbiote digestif : méthodes et facteurs de variation |
1.1. Apport des méthodes de biologie moléculaire appliquées à la microbiologie Plusieurs études
ont utilisé des outils de microbiologie moléculaire afin
d'analyser le microbiote caecal. Après extraction et amplification
(PCR) de l'ADN des bactéries, il est possible de comparer les différentes
séquences d'ADN, et de mesurer "l'empreinte" ou fingerprint
du microbiote. A partir du profil bactérien, il est ensuite possible
d'estimer un index de la biodiversité (combinaison de la richesse
et de l'abondance), et aussi d'analyser la structure de la communauté
microbienne (c'est à dire analyser si les espèces présentes
sont les mêmes entre 2 échantillons). Rappelons que l'un
des avantages de la microbiologie moléculaire est de prendre en
compte la quasi-totalité des microorganismes présents, et
pas seulement les 20-30% cultivables. La comparaison des séquences
d'ADN obtenues avec celles de banques de données permet également
d'identifier un très grand nombre de microorganismes. L'impact de l'allaitement a été étudié sur la biodiversité du jeune lapin. Ainsi, Combes et al. (France) montrent que le fait de maintenir un allaitement exclusif entre 20 et 30jours d'âge, diminue fortement l'activité enzymatique bactérienne et en parallèle réduit la biodiversité du microbiote caecal, probablement en raison de l'action inhibitrice des lipides du lait. En revanche, une semaine après le sevrage (30j), ces lapereaux présentent une biodiversité similaire à celle des animaux témoins pour lesquels l'accès à l'aliment de la mère était possible avant sevrage. Signalons aussi que chez les lapereaux témoins, la biodiversité du microbiote caecal ne varie pas entre le sevrage (30j.) et 44 j d'âge.
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1.2. Le microbiote digestif analysé par les méthodes classiques de culture in vitro L'impact de l'âge au sevrage (21, 28 ou 35j) a été analysé sur l'activité microbienne et sur quelques populations bactériennes du contenu caecal : bactéries anaérobie totales, aérobies totales, coliformes (Kovacs et al., Hongrie)). Dès 14j d'âge, les bactéries anaérobies atteignent un haut niveau (108 UFC/g) qui se maintient par la suite. De même, les germes aérobies et les coliformes ont aussi un niveau élevé à 14j (106 à 107 UFC/g), en revanche ils diminuent avec l'âge pour atteindre 103à 105 UFC/g à 42j. Le fait de modifier l'âge au sevrage modifie peu ces populations bactériennes. En revanche, l'activité fermentaire est fortement réduite par l'allongement de la durée d'allaitement, conformément à ce qui a été décrit antérieurement.
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1.3. L'activité du microbiote caecal analysée à travers le résultat des fermentations in vivo ou in vitro. Comme cela est classique depuis plusieurs dizaines d'années, certaines communications ont présenté des analyses de concentrations dans le contenu cæcal des produits de l'activité de la flore: acides gras volatils (AGV), ammoniac, pH, gaz. Une contribution originale d'une équipe de l'université de Saragosse (Berlenguer et al., Espagne)) a porté sur la méthanogénèse analysée in vitro et in vivo chez le lapin adulte. In vivo, seulement 2 lapins sur 16 produisent une quantité substantielle de méthane (contrairement aux ruminants, le lapin contribuerait donc assez peu à la production de gaz à effets de serre !), tandis que in vitro (avec un pH supérieur de 6,7 vs 6,0 in vivo) tous les échantillons produisent du méthane. Chez le lapin adulte, l'acétogénèse réductrice serait donc une voie majeure pour capter l'hydrogène. L'impact de l'ingestion
de lipides (saindoux vs huile végétale, entre 0 et
6% ajoutés) sur la qualité des fermentations caecales a
été analysée in vivo par Chen (Chine), qui
montre une réduction du ratio C2/C3
et une hausse de la proportion de C4
(Butyrate), mais n'indique pas de variation de concentration en AGV totaux
dans le caecum.
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2. Physiologie générale |
L'analyse de la maturation de l'activité enzymatique dans l'intestin a fait l'objet d'une seule étude (Zita et al.; République Tchèque), consacrée aux variations de l'activité de la lipase dans l'estomac, l'intestin grêle et le caecum, depuis l'âge de 14j. jusqu'à l'âge de 35j. Cet effet de l'âge est combiné dans une seconde expérience avec l'effet de l'âge au sevrage (21, 24, 26, 28, 31, 35j.), sur l'activité lipasique dans le sang. De ce fait, on peut regretter le faible nombre de mesure (n=5) pour chaque traitement. Au niveau gastrique; l'activité lipasique est élevée entre 14 et 32j. d'âge, puis se réduit de 60% à 35j. Dans l'intestin grêle, elle évolue de manière proche, avec néanmoins une baisse plus précoce de l'activité, dès 28j. En revanche, au niveau caecal, cette activité est plus faible et ne varie pas entre 14 et 35j. L'impact de l'âge au sevrage semble non significatif et interagirait avec l'effet de l'âge. L'efficacité digestive a été comparée chez des femelles sélectionnées pour la longévité productive "LP" ou pour la taille de la portée au sevrage "V" par Pascual et al. (Espagne). Les auteurs constatent que la sélection entraîne aussi des modifications de l'efficacité de la digestion. En effet, pour les femelles LP, l'ingestion est supérieure et est associée à une plus faible digestibilité apparente de l'énergie (-2,1%) comparée à la lignée V. L'impact d'un stress thermique des lapins (température élevée) sur l'activité de plusieurs enzymes digestive et d'indicateurs du "stress oxydatif" a été étudié par Abdel-Kafy et al. (Egypte) lors d'un unique "choc thermique" court (34°C vs 21°C, pendant 6h à J5 post natal). Dans cette étude, l'application d'un court stress thermique conduirait chez le lapin de 10 semaines soumis à une température ambiante de 26,6° à 34,3°C pendant l'engraissement, à une hausse de l'activité amylasique dans l'intestin grêle (1,41 vs 0,58 U/ml) et de l'activité pectinasique caecale (0,41 vs 0,28 U/ml).
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IMPACT DES NUTRIMENTS SUR LA DIGESTION ET LA CROISSANCE OU LA SANTÉ DIGESTIVE | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Les 17
communications sur le thème " Nutrition et effets des nutriments
" forment un ensemble relativement hétéroclite avec 2
synthèses dont une de très bon niveau et 15 articles dans
lesquels, pour certains d'entres eux, les protocoles établis manquent
de clarté et de rigueur, en particulier sur le plan des effectifs,
souvent trop faibles. Attachons nous en conséquence à observer une relative prudence dans l'analyse et l'interprétation des résultats faites par les auteurs dans un tel contexte expérimental. |
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1. Approche méthodologique
Tableau
1 : Digestibilité de 15 sources de protéines pour aliments
destinés aux lapins |
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Dans le même
but, Masoero et al. (Italie) proposent une méthode capable de définir
la composition chimique d'échantillons d'aliments et d'échantillons
fécaux (méthode VIS-NIRS = proche infrarouge) afin d'en
déduire la capacité d'ingestion et la digestibilité
apparente des aliments.
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2. Effet des nutriments sur les performances des animaux (digestion, croissance, santé) |
2.1. Protéines
et acides aminés En ce début
de 21ème siècle, la tendance qui se dessine est celle de
la réduction des niveaux protéiques dans l'aliment complet
en relation avec la pression environnementale communautaire de diminution
des rejets azotés en élevage. Par un " heureux "
hasard, nous allons voir que cette réduction a des effets bénéfiques
sur la santé des lapins. |
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En effet, plusieurs travaux récents français et espagnols (Chamorro et al., 2007; Garcia-Palomares et al., 2006; Gidenne et Garcia, 2006; Gutierrez et al., 2003), Garcia-Ruiz et al., 2006)) démontrent clairement qu'une diminution du taux protéique de l'aliment permet de limiter le flux d'azote iléal, la présence de Clostridium Perfringens dans le tube digestif et la mortalité des lapins par troubles digestifs(de -5 à -10 points). Ces auteurs démontrent aussi que la source de protéines du régime alimentaire est importante ; selon Garcia-Ruiz et Gutierrez, un régime à base de tourteau de tournesol ou de concentré de protéines de soja donne de meilleurs résultats qu'un régime contenant du tourteau de soja, avec une diminution du flux azoté iléal et moins de mortalité (voir le tableau 2 de synthèse). |
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Tableau 2 : Effet du taux et du type des protéines alimentaires sur la santé digestive et le flux protéique iléal
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Enfin,
sur cette thématique, la communication de Masoero et al. (Italie),
apporte une contribution en démontrant qu'avec un régime bas
en protéines (14,0% vs 17,5%), les taux d'urée sanguin et
urinaire sont réduits de 32 et 37 % respectivement.
Dans ce contexte
de réduction de l'apport protéique, quid des performances
zootechniques ? |
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Quant
à l'équipe italienne de Cherubini, elle a mis en évidence
les bénéfices d'une restriction azotée chez des lapins
lourds en phase e de post-sevrage, car elle permet une phase ultérieure
de phase de croissance compensatrice, améliore le statut sanitaire
des animaux et maximise l'utilisation azotée, sans modification de
la qualité des carcasses.
Dans cette course à la réduction du niveau d'azote, il ne donc faut pas perdre de vue les besoins minimums des animaux pour leur croissance, en parallèle au maintien d'un bon statut sanitaire. A cet égard, l'utilisation d'acides aminés de synthèse est non seulement nécessaire pour éviter les baisses de performances, mais aussi pour préserver les mécanismes de défenses du jeune lapereau : ainsi, dans la synthèse de Carabaño, l'acide glutamique est cité pour jouer un rôle essentiel dans les mécanismes de réparation de la muqueuse intestinale de même que la thréonine qui est un composant majeur des protéines du mucus intestinal. Citons encore le travail de Weissman et al. (France), qui montre que l'ajout de méthionine dans l'aliment au-delà de la couverture du besoin de croissance semble pouvoir améliorer le statut immunitaire des lapins à l'engraissement (augmentation du taux de gamma globulines plasmatiques), sans aucun effet notable sur les performances zootechniques et le statut sanitaire des lapins.
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2.2.
Lipides Kowalska (Pologne) a testé l'effet d'une incorporation de 3 % d'huile de poisson dans un aliment lapine reproductrice. Le régime expérimental a permis une augmentation des lipides totaux du lait des lapines (18,4 à 22,2%) et entraîné une modification du profil des acides gras du lait (plus d'AG longs (C16 :1; C22:6) au détriment des AG courts (C8 :0, C10)). Sur le plan des performances, les résultats observés sont des poids de lapereaux plus importants à la naissance, à 21 et 35 jours d'âge, et plus de lapereaux sevrés (mortalité nasiisance sevrage de 5,0 % contre 13,9% pour le témoin). Blas et al. (Espagne) ont voulu savoir quelle incidence pouvait avoir l' utilisation de matières grasses de " mauvaise qualité nutritionnelle " sur les performances et la santé des lapins à l'engrais. Pour ce faire, 6 régimes, contenant 3% de lipides avec haut et bas niveaux d'Acides Gras Trans, d'hydrocarbures polycycliques aromatiques et de lipides oxydés (peroxydes ?), ont été distribué à des lapins de 28 à 63 jours d'âge sans engendrer de différences significatives de performances, et ce malgré un fort épisode d'EEL. Un essai chinois (Chen
et Li) a testé l'effet de l'ajout de lipides (lard ou huile de
soja - 0 , 2, 4, et 6%) sur les performances de lapins entre les âges
de 2 et 3 mois. Les résultats observés sont sans surprise
: l'ingéré baisse lorsque le taux de matières grasses
du régime augmente, baisse accompagnée d'une amélioration
de la digestibilité de la matière grasse. |
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2.3.
Fibres En Italie, une étude intéressante de Xiccato et al. a démontré l'intérêt, dans un contexte d'entérocolite, d'associer un régime alimentaire caractérisé par un ratio de fibre digestible/amidon élevé ( 2,5 vs 1 pour le régime témoin) à un traitement antibiotique buvable (dès l'apparition des symptômes d'EEL) pour limiter significativement la morbidité, la mortalité des animaux (11,5% vs 31,7%). Le régime à forte teneur en fibres digestibles et faible teneur en amidon permet d'améliorer la vitesse de croissance, dégrade l'indice de consommation (2,62 vs 2,54; P<0,01) et n'exerce pas d'effet notable sur la qualité des carcasses (couleur, pH) mais avec une réduction du rendement à l'abattage (58,2% vs 59,3%). Retore et al. (Brésil)
ont testé trois sources différentes de fibres en distribuant
trois régimes à base de luzerne, de pulpe de citrus et de
balles de lin à 3 x 8 lapins à l'engrais. Si les deux premiers
régimes donnent des résultats similaires en terme de performances
zootechniques, ceux obtenus avec le régime " balles de lin
" sont en retrait ; Les auteurs insistent en final sur l'importance
de prendre en compte la qualité des fibres plus que la quantité,
car celle-ci a beaucoup d'impact sur les performances des animaux et les
réponses métaboliques. Lorsque le niveau
de fibres est augmenté sur la période de finition entre
56 et 63 jours (49% NDF et 16% de lignine contre 41% ou 33% NDF antérieurement),
Villena et al. (Espagne) observent une altération de la vitesse
de croissance, des effets sur le poids de contenu gastro-intestinal et
sur les poids de carcasse froide dépendant du régime antérieurs
et plus surprenant, sur la couleur de la viande. Sans surprise, ce sont
les lapins recevant en continu le régime le moins riche en fibres
(33 % de NDF) qui affichent le meilleur rendement en carcasse, le poids
de tube digestif le plus faible et des carcasses de couleur plus soutenue. |
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2.4.
Vitamines et Minéraux En Egypte, Abdel-Khalek et al. ont mis en évidence l'intérêt d'augmenter les niveaux de vitamines C, seule ou alors combinée à une faible dose de vitamine E pour améliorer les performances de reproduction des femelles. Selon leur étude, l'augmentation du niveau de vitamines E et sa combinaison avec la vitamine C est défavorable aux femelles. Une autre publication égyptienne (Selim et al.) précise que des ajouts de vitamines C et E améliorent les performances de croissances des lapins à l'engraissement, leur statut antioxydant ainsi que leur immunité. Ces résultats devront de toute façon être confirmés par des travaux ultérieurs car les effectifs utilisés pour ces deux essais sont dramatiquement insuffisants (7 lapines par lot étudiées sur 1 portée, ou 10 lapins en engraissement). Avec 60 lapins par lot, un essai algérien (Zerrouki et al.) démontre que l'on peut séparer l'apport minéral de l'aliment via l'introduction d'un bloc de minéraux (Ca, P, Na, oligo-éléments) fixé dans les cages. L'effet positif du bloc sur la consommation d'aliment, le GMQ, le poids en fin d'engraissement et sur l'IC semble s'expliquer par le déséquilibre constaté dans l'aliment complet, avec notamment un taux mesuré de calcium inférieur aux recommandations. Ces résultats devront donc être confirmés. Enfin, Eiben et al.
(Hongrie) ont montré qu'il était possible de réduire
le niveau de phosphore des aliments jusqu'à 0,35% (contre 0,58%
pour le témoin), en les supplémentant avec une phytase,
sans modifier les performances des lapins à l'engrais. Malheureusement,
le dispositif expérimental proposé était une factorielle
incomplète : il n'y avait pas de lot à faible taux de phosphore
sans phytase ! On ne peut donc pas conclure à partir de ce travail
quant à la nécessité de la phytase pour le maintien
des performances dans les régimes d'engraissement à bas
taux de phosphore. |
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EFFETS INDÉSIRABLES DE CERTAINS CONTAMINANTS | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Mézes (Hongrie) a présenté une synthèse sur les mycotoxines et autres contaminants dans les aliments pour lapins. Cette synthèse qui se veut exhaustive décrit les différentes substances potentiellement toxiques (mycotoxines, métaux lourds, coccidiostatiques, dioxines ), leur mode d'action et les conséquences sur la santé et les performances des lapins et/ou autres espèces animales (rongeurs, porcs). Si les modes d'actions des ces différentes substances sont décrits de façon très complète, on a parfois le sentiment de s'y perdre et on peut regretter que l'auteur n'apportent peu ou pas d'éléments permettant au lecteur de juger de l'importance relative de ce type de problème sur les différents continents; A cet égard, la réglementation et les recommandations de l'Union Européenne rappelées dans cette synthèse (niveaux maximums autorisés de substances indésirables dans les aliments complets), laissent à penser que les problèmes de contaminations sont globalement mieux maîtrisés en Europe qu'en Asie ou en Afrique par exemple. Cette meilleure maîtrise passe par la mise en place de méthodes d'analyse du risque de contamination et de moyens à mettre en uvre pour remédier à ce risque ; on aurait aimé voir l'auteur aborder le sujet sous cet angle, intéressant pour les praticiens de terrain.
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IMPACT D'ADDITIFS ALIMENTAIRES SUR LA CROISSANCE OU LA SANTÉ DIGESTIVE | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
1. Effet de l'addition de probiotiques | Un nouveau
type de probiotique à base d'entérocine, combiné ou
non avec un extrait végétal à base de Sauge (Salvia
officinalis) a été étudié par des chercheurs
Slovaque (Szabóova et al.), en vue d'améliorer les performances
du lapin en croissance. Les entérocines sont une "classe"
de bactériocines produites par des Entérocoques, qui pourrait
donc accroître la résistance de l'animal aux bactéries
pathogènes. D'autre part, les extraits de sauge présente des
vertus anti-inflammatoires et antioxydantes. L'entérocine CCM4231
est produite à partir d'une souche particulière d'Enterococcus
faecium. Dans l'essai 1, les auteurs observent une réduction
"ponctuelle" d'E. coli (-1,3 log) à J7 après
le début de l'essai (35j + 7j = 42j), et des Clostridies. à
J21 (-1,7 log), chez les lapins recevant seulement l'entérocine.
Pour le groupe recevant la combinaison "enterocine+ extraits de sauge",
il est observé une baisse des d'oocystes de coccidies (non typées).
Ces effets "bactériostatiques" et anticoccidiens sont confirmés
dans un second essai. Il semble également que ce probiotique combiné
à l'extrait de sauge puisse avoir un effet immunostimulant. Mais,
ce probiotique ne semble pas avoir d'effet sur la croissance ou la santé
digestive des animaux.
L'effet de l'addition de Bacillus cereus var toyoii (Toyocérine®) a été analysé, par deux équipes. Une équipe Hongroise (Bonai et al., Univ. Kaposvar) a étudié la croissance, la santé et l'activité microbienne caecale du lapin en entre 3 et 6 semaines, sachant que l'additif a été distribué avant et/ou après sevrage (28j) à raison de 200 ppm dans l'aliment, dans une expérience factorielle 2 x 2. Bien que de plusieurs éléments de "matériel et méthodes" manquent (nombre exact d'animaux en expérience, taille des 165 portées mises en essai, description du régime, .), l'index de risque sanitaire entre 5 et 6 semaines est significativement réduit dans les groupes d'animaux ayant reçu l'additif à un moment de leur vie (2,9 à 8,4% vs 35,5% d'animaux avec troubles digestifs pour le témoin). En parallèle, le pH caecal est réduit à 3 semaines d'âge (6,7 vs 7,2), alors que le cas inverse est observé à 5 semaines. Les coliformes totaux dans le contenu caecal sont significativement réduits avec l'ingestion de l'additif : -1,6 log à 3 semaines d'âge, et -1,7 à -3 log à 5 semaines. Par ailleurs, l'ingestion de Toyocérine® n'a pas modifié le taux ni le profil en AGV du contenu caecal. Seule la concentration en AGV totaux a été réduite temporairement au moment du sevrage (80 vs 105 mMole/kg). L'équipe de
Pascual et al (Espagne) a distribué en engraissement seulement
(28-58 j) de la Toyocérine® à une dose 5 fois plus forte
(1000 ppm) dans aliment par ailleurs supplémenté en antibiotiques
(néomycine+oxytétracycline+tiamuline) en raison de problèmes
latents d'entérocolite (50 lapins par lot). Aucune différence
n'a été observée pour les performances de croissance
et de consommation. Par contre, l'Index de Risque Sanitaire (IRS) a été
amélioré (8% vs 20% pour le témoin ; P=0,0739 et
non P<0,05 comme l'ont affirmé les auteurs). Le profil en Acides
Gras Volatils à 58 jours est très peu modifié, seule
la proportion d'acide iso-butyrique a été réduite
(0,03% vs 0,09% des AVG totaux), et aucune des différences
observées dans le profil bactérien du contenu caecal n'est
significative.
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La résistance de levures Saccharomyces cerevisiae (Biosaf®), durant la granulation de l'aliment, et dans le tube digestif du lapin a été étudiée à l'INRA de Toulouse (Kimsé et al.). La granulation réduit la concentration en levures vivantes de 0,2 à 0,5 log seulement , bien que la température de granulation ait atteint 70 à 80°C. Le taux de survie de ces levures après leur traversée du tube digestif est de 90% (perte de 0,2 à 0,6 log entre l'ingéré et l'excrété). On ne trouve pas de levures "sauvage" dans le caecum ou les excréta des animaux témoins (aliment sans levures). L'addition d'une dose élevée de levures (107 CFU/g de MS d'aliment, soit 10g de Biosaf®/kg aliment) permet de réduire la mortalité entre le sevrage (35j) et l'abattage à 70j (9/40 vs 18/40 lapins par lot), mais sans modifier la croissance ou l'efficacité alimentaire des animaux.
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Le mélange
moitié-moitié de Bacillus subtilis et de Bacillus
licheniformis (Biolplus®) incorporé à raison de
3,2 x 109 UFC dans l'aliment a conduit
à une amélioration de 7,8% de la vitesse de croissance entre
38 et 93 jours (32,6 vs 30,25 g/j pour le témoin) dans le
travail présenté par Kritas et al (Grèce) avec 105
cages de 8 lapins croisés par lot (mère NZ x Calif et père
Bouscat x NZ) . Parallèlement, la mortalité a été
réduite de 6,7% (témoin) à 4,2% pour le lot traité
(P=0,015).
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2. Effet de l'addition de prébiotiques ou de nutriments particuliers | L'inuline
est un oligosaccharide (DP moyen = 10) non digéré dans l'intestin
grêle, mais rapidement fermenté dans le caecum. Son addition
dans l'aliment est susceptible, en principe, de stimuler l'activité
fermentaire et améliorer la santé digestive du lapereau, néanmoins
la littérature est contradictoire sur ce point. Des chercheurs Hongrois
(Bonai et al.) ont donc analysé l'effet de l'addition de 4% d'inuline
dans l'aliment, mais n'ont pas trouvé d'effet sur la concentration
caecale en AGV ou sur l'activité fibrolytique des bactéries.
Les performances zootechniques ou la santé n'ont pas non plus été
modifiées.
Les béta-glucanes sont une autre classe de polysaccharides rapidement fermentescibles, dont le rôle potentiel l'activité microbienne est similaire à celui de l'inuline. L'équipe Espagnole de Garcia-Ruiz et al., a donc comparé 6 doses de béta-glucanes (Fibosel®) étalées de 0 à 250 ppm. La croissance des lapereaux (35-63j) est sensiblement améliorée, qu'ils soient logés en cage individuelle ou collective (+4 à +6g/j), du fait d'une ingestion supérieure; et la dose de 150 ppm est recommandée par les auteurs. En revanche aucun effet significatif n'est observé sur la mortalité (contrairement à la conclusion des auteurs!). La glutamine est réputée jouer un rôle dans la fonctionnalité de la muqueuse intestinale et pourrait moduler la réponse inflammatoire. Ainsi, cet acide aminé aurait un rôle favorable sur la santé du porcelet. Des chercheurs de l'université de Madrid (Baylos et al.) ont donc analysé son rôle chez le lapin, en comparant en outre une source naturelle et une source synthétique de glutamine. Chez les lapereaux traités entre 28 et 46j, l'addition de 0,5 ou 1% de glutamine dans l'aliment ne montre pas d'effet sur les performances ni sur la réponse inflammatoire, mais le taux de 0,5% réduit la mortalité entre 28 et 46 jours (11,8% contre 22,1% pour les 2 autres lots - 53 lapins par traitement). Une source naturelle de glutamine donne des résultats identiques à ceux de la glutamine synthétique.
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3. Autres "additifs" - seuls ou en combinaisons | Des chercheurs
Hongrois (Eiben et al.) ont souhaité étudier de manière
comparative les effets d'un probiotique, le Biolplus® (B. subtilis +
B. Licheniformis ), de ceux d'un prébiotique (inuline à 0,3%),
de ceux d'un mélange acide organique à 0,3% (formate +acétate
+propionate + butyrate de Na) ou de ceux de 0,3% de tannins extraits du
châtaigner. Au total 93 à 100 lapins par lots ont été
suivis de 35 à 63 j. Ils en concluent que l'addition de tannins ou
d'inuline peut contribuer à une meilleure croissance, mais restent
sans effets sur la santé. En revanche, l'addition du probiotique
n'a eu aucun effet significatif, et l'addition d'acides organiques a un
effet négatif sur la santé. De même, une équipe
de l'université de Milan (Cesari et al.) n'a pas observé d'impact
positif de l'acidification du milieu caecal sur la santé digestive
du lapereau, ni d'impact positif de l'ajout d'huiles essentielles. L'intérêt d'huiles essentielles de romarin et d'ail a été étudié par Erdelyi et al. (Hongrie) : leur impact sur la santé du lapin en croissance est non significatif, voire négatif si on combine ces 2 huiles. Dans le cas d'une inoculation expérimentale de pathogènes (E. coli + clostridies) de lapereaux, des chercheurs italiens (Cardinali et al.) ont montré un impact positif d'un mélange d'acide formique et citrique (encapsulé) et d'huiles essentielles sur les dommages causés aux villosités intestinales. Les animaux traités ont également présenté une réponse immunitaire stimulée faces aux pathogènes. Les extraits de Ginseng (Eleutherococcus senticosus) sont réputés stimuler le système immunitaire et donc améliorer la résistance aux infections. Aussi, une équipe Slovaque (Simonova et al.) a étudié ce produit (dosé à 150 ppm) sur les performances du lapin en croissance, sur son écosystème caecal, ainsi que sur quelques paramètres sanguins et d'immunité. Contrairement aux affirmations des auteurs, la mortalité des lapins nourris avec l'extrait de Ginseng n'est pas clairement réduite (2 vs 4 morts sur 24 lapins), effet bon significatif en raison du faible nombre d'animaux utilisés. En revanche, la vitesse de croissance et l'indice de consommation seraient significativement améliorés (35,5 g vs 29,5 et 3,55 vs 3,63). L'administration unique de 0,01 ml d'un extrait de la figue de barbarie (Opuntia ficus india) distribué à la naissance, a été étudié sur les performances et la santé du lapereau dans 4 essais impliquant au total 5416 lapins (Colin et al., France), sachant que ce produit pourrait stimuler la production naturelle de "protéines-chaperon" (ou: "heat-shock proteins"). Malgré plusieurs essais, l'intérêt de ce complément reste encore à démontrer sur la santé ou les performances du lapereau. On peut cependant en retenir un effet différé sur la croissance (+20g pour le poids à l'abattage; P=0,088) et un effet sur la santé qui dépend fortement du statut sanitaire de l'élevage : effet positif en cas de troubles respiratoires et nul ou négatif en cas de troubles digestifs.
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CONCLUSIONS | En conclusion de cette analyse des communications consacrées à la digestion et au métabolisme des lapins, des résultats originaux (y compris méthodologiques) ont contribué à améliorer nos connaissances sur la biocénose caecale et son activité. Il en va de même pour la synthèse espagnole dans le domaine de la nutrition protéique du lapin. En revanche, bien que nombreuses, les études portant sur l'impact de divers nutriments et/ou additifs sur les performances ou la santé sont souvent assez décevantes, tant du point de vue de la méthodologie (nombre souvent insuffisant d'animaux) que des résultats obtenus. Globalement, on aurait aimé qu'elles soient plus novatrices. | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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