CUNICULTURE
Magazine Volume 36 (année 2009) pages 80 à 92

En Russie des élevages de lapins à doubles fins
avec un rythme de reproduction très lent

par

François LEBAS


SUITE

Charger la version *.pdf (xxx Ko)

  Retour première partie de l'article  
     
     
 
Troisième élevage visité  

Cet élevage comme le suivant est situé à proximité de la ville de Naberejnye Tchelny à 220 km à l'est de Kazan (la ville où sont construits les camions Kamaz). Cet élevage possède 170 femelles en cages Mikhailov. Il est placé sous la direction d'une jeune femme salariée. Les lapins sont de deux génotypes différents : des Géants Blancs et des "Soviet Chinchilla" mais ces deux races ne sont jamais croisées.

Pour l'élevage, l'équipement électrique est complet. Lors de notre visite, les plongeurs-réchauffeurs des abreuvoirs étaient en place (photos), de même que les plaques chauffantes placées sous la boîte à nid pendant les 20 premiers jours en période hivernale (photos). Les lapereaux sont sevré vers 2 mois. L'alimentation est effectué avec du foin de luzerne + graminées (acheté) et un aliment granulé complémentaire de fourrage dont la formule et la composition nous ont été aimablement fournis (voir en fin d'article).

La mise au mâle est effectuée avec une méthode un peu originale : il y a une cage contiguë à celle du mâle simplement séparée de la cage du mâle par une cloison mobile. On y place la femelle à saillir et on laisse mâle et femelle 10 mn l'un à côte de l'autre, chacun dans sa cage, puis on retire la cloison grillagée mobile. La saille est surveillée et la femelle retourne dans sa cage après l'accouplement. Un mâle peut faire 2 saillies par jour, un jour sur deux si nécessaire. Conformément au programme de travail prôné par Mikhailov une femelle est présentée au mâle tous les 100 jours, c'est à dire juste après le sevrage de la portée en cours vers 2 mois..

Les lapins sont abattus sur place dans un mini abattoir qui travaille 2 fois par semaine par séries de 25 lapins (2 -3 séries par jour d'abattage). L'abattage est fait par une seule personne dans une mini salle. Les lapins sont vendus en frais pour moitié à des particuliers (vente directe) et pour moitié à des magasins. Cet éleveur fait aussi l'abattage de lapins provenant d'autres élevages.

Le propriétaire possède aussi quelques camions et un petit atelier de menuiserie fabricant sur place de cages Mikhailov sous licence. Cet atelier fabrique une " mini ferme " par jour avec 3 employés. Au cours des mois prochains il est prévu de faire des cages un peu différentes du modèle original pour qu'elles puissent être placée dans un bâtiment. Le fait de posséder une flotte de camions permet a priori de livrer les cages toutes montées à une coût réduit.

 
 

Vue générale de l'élevage

Une double rangée de cages

Mâle "Géant Blanc" présenté par la responsable de l'élevage

Femelle "Soviet Chinchilla" dans sa cage

Une femelle et sa portée juste avant le sevrage

Détails du système de réchauffage de l'eau de boisson

Abreuvoir et mangeoire vus du côté des lapins

Système de plaque chauffante placée sous la boite à nid

Intérieur d'une boite à nid
(trappes de visite ouverte)

Fermeture de la boite à nid
avec 2 portes

Tête de rangée montrant les ouvertures multiples des cages

Le cas échéant une partie des ouvertures peut être occultée pour éviter les courants d'air

L'hygiène des cages peut laisser parfois à désirer

Les râteliers à fourrage sont réalimentés tous les jours

Le bloc de 12 cages de mâles, avec les cloisons mobiles pour faciliter les accouplements

Le mini abattoir. Le bloc de 25 cages sert de relais/attente entre l'élevage et l'abattoir

La salle d'abattage - traitement - conditionnement etc ... pour travailleur unique

L'atelier de menuiserie travaillant sous licence Miakro
(brevet Mikhailov)

Bloc de cages en cours de construction
(matériau de base = pin)

Les pièces et accessoires sont fabriqués artisanalement en petites séries
 
 
Quatrième élevage visité   Cet élevage situé à une vingtaine de km du précédant dans la banlieue de Naberejnye Tchelny, comporte 270 mères et 20 mâles. Il est géré par l'épouse (Elena) et la sœur du propriétaire. Une partie des animaux est élevée "classiquement" à l'extérieur dans des cages type Mikhailov mais sans équipement électrique jugé trop onéreux. Il n'y a donc pas de possibilité de réchauffage de l'eau de boisson ou des fonds de boite à nid en hiver, Par exemple les lapins reçoivent de la neige comme boisson quand il gèle, et les boîtes à nid sont remplies avec une masse énorme de fourrage-litière pour assurer l'isolation. A l'extérieur il y a aussi des cages en bois sur deux niveaux avec des fonds de cage grillagés. Contrairement au 1er éleveur visité, celui-ci ne pense pas que les lapins ont plus froid avec ce type de sol qu'avec le caillebotis large prôné par Mikhailov.

Une autre partie des animaux est élevées dans des cages entièrement grillagées à l'intérieur de petits hangars fortement vitrés, en ventilation naturelle, mais sans chauffage. Le grillage de fond des cages a une maille type 19 x19 mm fil de 1,8 mm (trop fin) ce qui justifie la présence de planches de repos dans toutes les cages.

A l'intérieur les lapins sont surtout des Californiens lourds (5 - 5,5 kg) croisés avec des Géants Blancs, pour une production de viande sans se soucier de la valeur de la peau, contrairement à tous les autres éleveurs rencontrés.

L'alimentation se fait avec du foin et de l'orge à volonté + un mélange farineux présenté sous forme d'une pâtée assez sèche à base de céréales, coques de pois (ou de soja ?) + carbonate de Ca + sel + prémix [liste des matières premières non garantie pour des problèmes de traduction]. La pâtée est préparée chaque jour et est distribuée en fin de journée dans une mangeoire en bois rectangulaire simplement bordée de métal. Il y a donc au sein de l'élevage une petite unité de fabrication d'aliment avec un petit broyeur à grains et une bétonnière servant de mélangeuse. Les matières premières sont toutes achetées à l'extérieur. Pour les lapins élevés à l'intérieur il y avait en cours un essai d'incorporation du foin dans la pâtée pour ne plus avoir à distribuer de fourrage. Le foin est coupé à la main (à la machette). Selon Elena, les premiers résultats de l'essai ne sont pas très concluants.

Enfin l'élevage possède un petit abattoir, le terme plus approprié serait une petite tuerie, où les lapins sont saignés à l'extérieur (type méthode Halal) et dépouillés à l'intérieur du local. Une camionnette bien identifiée au nom de l'élevage est utilisée pour la livraison des lapins aux particuliers et aux magasins.

 
 

Vue d'une partie des cages situées à l'extérieur. En médaillon le panneau de l'entrée de l'élevage

Une partie des cages placées sur 2 niveaux

Les cages sur deux niveaux ont un plancher grillagé

Cage Mikhalilov avec les mâles.
Sur la façade est accroché la mangeoire en bois pour la pâtée.

Arrière de cages Mikhailov : passage abrité pour le remplissage des trémies à grains et des râteliers à fourrage.

Lapins de phénotypes Soviet Chinchilla et Géant Blanc

Lapins de phénotypes Californien
et Argenté Clair

Lapins de phénotype Fauve
± clair et à oreilles de "bélier"

Lapins de phénotypes Noir (croisés) et Bleu

En période de froid, les boîtes à nid ont une litière très épaisse

Un des petits hangars où les lapins sont placés dans des cages grillagées sur 2 niveaux


Dans les hangars, les cages grillagées sont placées sur 2 niveaux avec des plans inclinés
dans l'axe des cages


Les bacs recueillant les déjections du niveau supérieur sont simplement posés sur les cages du rang inférieur

Le raclage quotidiens des déjections est une opération pénible, .... et salissante

Dans les cages grillagées il y a systématiquement une planche de repos

L'atelier de fabrication des aliments présentés en pâtée

Le stock de manières premières. Noter que des claies isolent des sacs du sol et des murs

L'alimentation concentrée est fournie par de l'orge et le mélange en pâtée fabriqué sur place

Sous le seau, l'orifice de l'égout au dessus duquel les lapins sont saignés

La salle de dépouille des lapins et en médaillon, le véhicule servant aux livraisons
 
 
Le 5ème élevage visité   Ce cinquième élevage est celui fondé par Anatoly Kramin au début des années 2000 et géré avec son fils Artem. Il est situé dans la banlieue immédiate de la ville de Kazan, et vient de se faire "rattraper" par l'urbanisation. Par voie de conséquence il est en cours de réimplantation à quelques kilomètres dans une zone agricole et il ne reste que 270 femelles sur place alors qu'au cours des années antérieures (2004-2007) il a compté jusqu'à plus de 600 femelles.

C'est un élevage constitué exclusivement de cages de type Mikhailov (promotion de la méthode oblige). L'alimentation est constituée de foin de graminées acheté directement à des agriculteurs de la région, et d'un aliment granulé commercial complémentaire de fourrages dont la formule nous a été fournie (voir en fin d'article).

L'unité d'élevage possède un petit abattoir du même type que celui des autres élevages visités, pour travailleur seul. Les lapins de l'élevage mais aussi ceux d'autres éleveurs y sont abattus, ceux du premier élevage visité par exemple. Comme déjà indiqué les lapins sont achetés à 600 roubles (environ 14 € pièce - 3,5 €/kg vif). Les carcasses sont revendues à 360 roubles le kg (7,5 € /kg) aux commençants de Kazan. Ces carcasses ont une présentation de type bovin sans tête ni aucun abat, correspondant à un rendement à l'abattage de 45-47% environ. Les abats rouges sont toutefois commercialisé en sus. La production totale est d'environ 1000 lapins par mois.

En outre, après écharnage sur place, les peaux d'hiver (près de 6 mois /12) sont valorisées par le petit atelier de confection annexé à l'élevage. Il existe bien à Kazan une industrie importante de travail des fourrures (du tannage à la confection) mais les lots de peaux de lapin produits sont d'un volume insuffisant pour intéresser cette industrie. La famille Kramin a donc monté un petit atelier de confection qui utilise les peaux issues de l'abattoir. Toutefois celles-ci sont au préalable traitées à façon par la grande industrie pour les opérations de tannage et de teinture.

Enfin, et c'était pour nous un point important, c'est le seul élevage qui a pu nous fournir des données de gestion technique. La gestion est du type comptable avec dénombrement des événements qui se sont déroulés chaque mois civil avec un décompte des animaux présents en fin de mois, classés en plusieurs catégories et affectations, ainsi que des lapins sortis de l'élevage (abattage, vente en vif, morts). Sur la période d'enregistrement les lapins étaient quasi exclusivement de génotype Chinchilla Soviétique, Géant Blanc et Grand Argenté.

 

Évolution moyenne de la productivité mensuelle des lapines au cours des années 2004 à 2007 dans un élevage de lapins conduit selon la méthode Mikhailov.
Nombre de mises bas et nombre de lapins produits (vendus+conservés) pour 100 femelles présentes

 

De l'analyse des données enregistrées, il ressort (tableau ci-dessous) que la productivité moyenne est faible : 15,7 lapins produits par femelle et par an, en comparaison des performances enregistrées en Europe de l'Ouest, (par exemple 52,5 lapins produits / lapines et /an en 2008 en France - Source Renaceb). Une partie de la différence est due au rythme de reproduction très lent fixé par la méthode : un cycle tous les 100 jours contre 42 jours en France. Mais une autre partie de la différence est aussi due à une forte mortalité, principalement au cours des semaines suivant la naissance. En effet, par rapport aux belles affirmations relatives à la disparition des maladies et des pertes figurant dans le brevet de Mikhailov , la mortalité globale réelle naissance-vente est particulièrement élevée (45,4%). Il faut même remarquer que 10% des lapins produits ont été abattus "en urgence". Ceci a été possible en raison de l'existence d'un abattoir sur place, mais pour tout éleveur sans abattoir ces lapins seraient morts, ce qui aurait réduit la production d'autant et fait monter la mortalité naissance-vente à 49,7% soit 1 lapin sur 2 disparu avant la vente. Rappelons qu'en France environ 78% des lapins nés vivants arrivent en moyenne à l'âge d'abattage (moyenne établie 1167 élevages).

Par contre, conformément aux affirmations du Pr Mikhailov, son système d'élevage permet effectivement de produire des lapins toute l'année y compris en climat froid. Sur le graphique ci-contre, il apparaît clairement que le nombre de mises pas par mois est assez régulier, et pratiquement conforme à l'attente de 30 mises bas par mois pour 100 femelles (le pic du mois de mars est un artefact dû à l'irrégularité de la durée des mois calendaires). La taille de portée, non reportée sur le graphique, est assez stable autour de la moyenne, entre 7,5 et 9 nés vivants. Le nombre de lapins produit mensuellement (abattus + vendus) pour 100 femelles présentes tend à être meilleur en fin d'année (décalage de 4 mois par rapport aux mises bas), mais en fait cela recouvre de fortes fluctuations d'une année sur l'autre et est légèrement biaisé par les fluctuations du nombre de femelle mal prises en compte par le mode de calcul.

   
Productivité d'un élevage cunicole [pilote] conduit selon la méthode Mikhailov
Années    
2004
2005
2006
2007
MOYENNE
  Nombre moyen femelles reproductrices
410
522
377
621
482,5
  Mise Bas / femelle /an
3,36
3,69
3,33
3,46
3,46
  Nés vivants / Mis Bas
8,59
8,42
8,31
8,68
8,50
  Nés vivants / femelle & /an
28,81
30,43
27,7
29,98
29,23
  Lapins produits /femelle & /an
16,76
17,49
12,49
16,32
15,68
         dont abattus d'urgence
2,14
1,75
1,71
0,34
1,49
  Mortalité naissance - vente
41,8%
43,9%
54,2%
42,2%
45,4%
 
 

L'entrée de l'élevage par ailleurs siège de la branche russe de la WRSA

Vue d'une partie de l'élevage, face avant des cage Mikhailov

Vue de l'arrière des cages avec l'accès aux râteliers à fourrage, aux trémies à granulés et l'accès arrière aux boîtes à nid.

Avant d'une cage double de reproduction avec un des 2 abreuvoirs et l'accès au nid commun.

Dans cet élevage pilote, une attention particulière a été portée à l'installation électrique.

Il y a actuellement une recherche de diversification des types génétiques, en particulier avec des Rex

Il y a aussi une recherche de diversification dans la couleur de la robe des lapins

Pour faciliter le travail de mise en place de l'abreuvement, un deuxième jeu partiel de bidons est fort utile

La petite salle d'abattage avec ses cages d'attente

La salle d'abattage et en médaillon les crochets utilisés pour suspendre les lapins

Pour la commercialisation, les carcasses sont pré-pesées et conditionnées en sachets plastique scellés

Pour les années futures, la famille Kramin a de grand projets incluant des unités de production type Europe de l'Ouest

De gauche à droite, la responsable de l'élevage, Anatoly Kramin, François Lebas, Artem Kramin et Hélène Lebas

Sur cette carte de la République du Tatarstan, les 82 épingles correspondent aux élevages locaux de lapins avec lesquels la famille Kramin est en relation.

Photo prise à la suite d'une formation faite par le Pr Mikhailov (cheveux blancs avec la canne). On y reconnaît Artem Kramin avec son "diplôme"


Exemples de peaux prête à être utilisées pour la confection


Machines à coudre les peaux

Exemple de travail de couture des peaux sur l'envers.

Exemple de vêtement fabriqué dans l'atelier.

Exemple de vêtement fabriqué dans l'atelier.

Les aliments granulés disponibles  
La composition chimique prévue de 3 des aliments granulés utilisés et la formule de 2 d'entre eux nous ont aimablement été fournies. Nous les avons reportées dans le tableau suivant en complétant les calculs de composition chimique quand cela a été possible.

 
Origine de l'information   
Elevage 2
Elevage 3
Elevage 5
Composants
(composants classé par rang décroissant d'importance)
%
%
 - Blé
3e
37,5
43,5
 - Orge
5e
28,4
28,9
 - Avoine
2nd
-
-
 - Son de Blé
1er
11,8
6,7
 - T. de Tournesol (38% Prot et 15% cellulose brute)
4e
16,3
16,3
 - Farine d'herbe vitaminée
6e
-
-
 - Levure aliment (38% protéines)
-
3,0
2,0
 - Farine de viande et os
7e
-
-
 - Farine de poisson
10e
-
-
 - Sel
11e
0,3
0,3
 - Phosphate bicalcique
9e
-
0,3
 - Phosphate monosodique
-
0,2
-
 - Carbonate de Calcium
8e
1,0
-
 - Minéraux et vitamines
12e
1,5
2
Composition chimique (1)
     
 - Humidité
-
13,7
-
 - Protéines brutes
15,63
17,0 - 16,4
16,1 - 15,8
 - Cellulose brute
9,86
5,7 - 5,8
5,9 - 5,4
 - Lysine
0,57
0,59
0,59
 - Méthionine+Cystine
0,48
0.60
0,62
 - Calcium
0,75
0,50 - 0,48
0,51 - 0,17
 - Phosphore
0,88
0,52 - 0,60
0,52 - 0,56
 - Chlorures
0,35
0,39 - 0.26
0,38 - 0.26
(1) en gras les valeurs fournies par le fabricant et en italique les valeurs recalculées par nos soins


L'observation de la composition chimique des 3 aliments confirme qu'il s'agit bien d'aliments conçus comme des aliments complémentaires de fourrages : faible à très faible teneur en fibres. Ce sont des aliments à base de céréales ( 66% pour l'élevage 3 et 72% pour l'élevage 5) très énergétiques mais pauvres en protéines par rapport à l'énergie. La nature des foins utilisés (10 à 15% de protéines) a peu de chances de permettre de compenser le manque relatif en protéines. En outre pour les 3 aliments les protéines sont carencées en lysine.

Ce qui est plus grave, tous les aliments sont carencés à très fortement carencés en calcium ce qui est gênant pour la croissance et dramatique pour a production laitière des lapines. La valeur souhaitable serait de 1,0 à 1,2%. Dans les élevages 2 et 3 la distribution d'un fourrage à base de luzerne peut en partie compenser ce manque de calcium (teneur estimée entre 1,3 et 19% de Ca) . Mais pour l'élevage 5 utilisant du foin de graminées (0,7 à 0,9% de Ca) la compensation ne peut se faire. On ne peut s'empêcher de mettre en relation cette carence calcique engendrant une faible production laitière, avec la très forte mortalité observée dans ce 5e élevage au cours les 15 jours suivant la mise bas (estimée 22% de lapereaux nés vivants).

CONCLUSIONS  

Lors de ces visites, nous avons vu des systèmes de production tournant autour de la méthode prônée par le Pr Mikhailov, fonctionnant sur un rythme de reproduction très lent et essentiellement orienté vers une production à double fin de lapins lourds fournissant de la viande et de la fourrure.

Les lapins sont élevés "à la dure" mais cela ne les empêche pas de produire toute l'année, ce qui est un point très positif. Toutefois le type de cage breveté par le Pr Mikhailov nécessite une main d'œuvre très importante, qu'il ne faut pas payer bien cher pour que l'élevage reste rentable. Un des problèmes basiques des cages proposées est leur construction en bois qui est un matériau impossible à désinfecter. Mais au-delà du matériau, les cages ont un nombre invraisemblable de coins et de recoins impossibles à nettoyer pour une question d'accessibilité. Lors de nos visites nous avons effectivement constaté que les caillebotis ou les planches de repos étaient systématiquement fortement à très fortement souillés par les déjections des lapins et que des déjections plus ou moins mélangées à des gaspillages d'aliment s'accumulaient très souvent dans les angles.


Bâtiment d'élevage en construction à 50 km de Kazan.
 

Le climat du Tatarstan froid à très froid en hiver sauve un peu la mise dans la mesure où une température inférieure à -5°C tue les oocystes des coccidies, le principal ennemi des lapins élevés au contact de leurs déjections. Mais le froid ne tue pas les bactéries ni les virus, et en outre, dans les boites à nid la température reste élevée même au creux de l'hiver. Les éleveurs russes rencontrés semblent satisfaits de la situation, même s'ils doivent travailler dehors par des températures fortement négatives, mais il est évident qu'on ne nous a pas montré les élevages ayant des problèmes techniques ou financiers.
A l'occasion de la première visite nous avons vu un bâtiment d'élevage en construction (photo ci-contre) qui semble similaire à ceux utilisés en Europe de l'Ouest, mais il ne nous a pas été possible de le visiter. Sa présence démontre toutefois que le système de production que nous avons vu dans 5 élevages n'est pas nécessairement le seul à être pris en considération dans le pays. Le nombre de participants à la conférence organisée lors de la foire agricole de Kazan et la distance que certains ont dû parcourir pour y venir (parfois plusieurs milliers de km) montre aussi l'intérêt des éleveurs russes pour la production du lapin et leur souhait de s'informer sur les différentes méthodes possibles. Il faudra toutefois qu'ils évitent de chercher à transposer directement les méthodes appliquée en Europe de l'Ouest par exemple en raison des problèmes de fiabilité des livraisons et de la qualité des aliment granulés évoquées à plusieurs reprises lors des visites. A l'inverse il ne faudrait pas que des éleveurs appliquent en France la méthode Mikhailov (utilisation de cages de cette conception en particulier) sans précaution, le climat plus tempéré pouvant avoir des conséquences dramatiques sur la viabilité de lapins élevés dans des cages impossibles à nettoyer complètement.



 
  Retour première partie de l'article  
 
Retour en haut de page