|
Claude Aubert lors de
sa présentation aux JRC
|
|
INTRODUCTION
La filière
cunicole française propose des produits bénéficiant
d'une bonne image auprès du consommateur, lequel exige que
ces produits de très grande qualité soient obtenus
en respectant l'environnement. La prise de conscience de cette nouvelle
donne a émergé lentement, et la réelle prise
en compte de l'environnement, si elle reste malgré tout une
contrainte, est également perçue comme une opportunité
pour faire évoluer l'ensemble des pratiques.
Nous nous proposons
de voir comment la filière cunicole passe d'une prise de
conscience à une mise en uvre. En effet, la mise en
uvre de techniques respectueuses de l'environnement n'est
pas toujours facile parce que d'une part la réglementation
évolue sans cesse et que d'autre part la prise en compte
de l'environnement génère un surcoût qui n'est
pas toujours répercuté sur le produit final.
|
1-
Les aspects réglementaires et administratifs
|
|
|
Dans
le cadre d'une agriculture qui se veut désormais durable, la
prise en compte de l'environnement, de façon concrète,
passe par des contraintes réglementaires ou administratives,
qui sont en cours d'évolution ou qui ont déjà
beaucoup changé au cours des dernières années. |
1.1
La réglementation
ICPE |
|
Comme les autres élevages, l'élevage
des lapins est soumis à la réglementation des installations
classées pour la protection de l'environnement (ICPE). L'élevage
peut simplement être dans l'obligation de respecter le Règlement
Sanitaire Départemental (RSD)
et c'est le cas si l'élevage est en dessous de 3 000
animaux sevrés présents simultanément [soit
un élevage naisseur engraisseur d'environ 350 mères
maximum produisant 52 lapins vendus par femelle et par année,
en 7 bandes], ou alors d'entrer dans la procédure
de déclaration (entre 3 000 et 20 000 animaux sevrés
- entre 350 et 2300 mères)
ou d'autorisation (plus de 20 000 animaux sevrés). Ces
seuils sont fixés actuellement par l'arrêté
du 24 novembre 2006. L'arrêté
du 30 octobre 2006 fixe les prescriptions techniques applicables
aux élevages de lapins soumis à déclaration
et l'arrêté
du 31 octobre 2006 fixe celles applicables aux élevages
de lapins soumis à autorisation. Toutes ces règles
sont sensiblement les mêmes que celles auxquelles sont soumis
les élevages bovins, porcins et avicoles. Il s'agit de règles
d'implantation des bâtiments d'élevage (mais aussi
leurs annexes, ainsi que les cages fixes ou mobiles en plein air),
de règles d'aménagement (nature des sols des bâtiments,
gestion des déjections et des eaux pluviales notamment) et
de règles d'exploitation (distances d'épandage, plan
de fertilisation, gestion des cadavres
). Même si la
démarche des différentes procédures est différente,
les obligations en termes de gestion des effluents pour la préservation
du milieu sont quasiment identiques.
|
1.2.
La nouvelle loi sur l'eau |
|
La
loi
n°2006-1772 sur l'eau et les milieux aquatiques a été
promulguée le 30 décembre 2006 (J.O. du 31/12/2006).
Cette loi a deux objectifs fondamentaux : |
|
|
- donner les
outils à l'administration, aux collectivités territoriales
et aux acteurs de l'eau en général pour reconquérir
la qualité des eaux et atteindre en 2015 les objectifs
de bon état écologique fixés par la directive
cadre européenne (DCE) du 22 décembre 2000, transposée
en droit français par la loi
du 21 avril 2004) et retrouver une meilleure adéquation
entre ressources en eau et besoins dans une perspective de développement
durable des activités économiques utilisatrices
d'eau et en favorisant le dialogue au plus près du terrain
;
- donner aux
collectivités territoriales les moyens d'adapter les services
publics d'eau potable et d'assainissement aux nouveaux enjeux
en terme de transparence vis à vis des usagers, de solidarité
en faveur des plus démunis et d'efficacité environnementale.
Concrètement,
conformément à la DCE, les agences de l'eau doivent
finaliser au plus tard le 31 décembre 2009 les Schémas
Directeur d'Aménagement et de Gestion des Eaux (SDAGE) des
grands bassins hydrographiques. Ces documents de planification définissent
la politique de l'eau des années à venir et comprennent
un programme de mesures visant à atteindre le bon état
écologique des masses d'eau d'ici 2015. On y retrouve notamment
des actions ayant pour but la diminution des nitrates et du phosphore
dans l'eau et la nécessité de pratiquer une fertilisation
équilibrée, ce qui peut signifier la limitation des
apports phosphorée à 100 kg de P2O5/ha,
voire 70 kg, avec pour conséquence directe une augmentation
des surfaces d'épandage
Cette loi sur
l'eau a instauré le principe d'une redevance pollution forfaitaire
pour les élevages, basée sur la production d'azote,
elle-même calculée à partir des références
CORPEN. L'élevage de lapins échappe (pour l'instant
?) à cette redevance pollution.
|
1.3. La
directive Nitrates
|
|
Afin
de lutter contre le risque de pollution par les nitrates, la
directive européenne 91/976/CEE du 12 décembre
1991, dite " directive nitrates ", constitue le principal
instrument réglementaire pour limiter les risques de
pollution liés à l'azote d'origine agricole. Elle
concerne l'azote toutes origines confondues (engrais chimiques,
effluents d'élevage, effluents agro-alimentaires, boues
)
et toutes les eaux quels que soient leur origine et leur usage.
La mise en uvre de la directive nitrates s'effectue à
travers des programmes d'action en zones vulnérables
(figure 1).
Ce quatrième programme d'action a débuté
le 1er juillet 2009 dans les zones officiellement désignées
comme zones vulnérables par la directive nitrates. Il
s'agit des zones dans lesquelles les eaux souterraines ou superficielles
dépassent, ou risquent de dépasser à court
terme, une teneur en nitrates de 50 mg/l, ainsi que les secteurs
où la valeur de 40 mg/l a été franchie,
avec une tendance à la hausse. Depuis le début
de l'application de cette directive, l'une des mesures phare
consiste à limiter les apports d'azote à 170 kg/ha. |
|
|
1.4.
Les références CORPEN |
|
Les missions
essentiellement de nature scientifique et technique positionnent
le CORPEN (COmité d'ORientation pour des Pratiques agricoles
respectueuses de l'ENvironnement) sur le terrain de la production
de références et de préconisations, et non
sur celui des normes réglementaires. Le CORPEN a publié
en 1999 des références sur les rejets d'azote et de
phosphore par les lapins. Deux types de références
sont proposés : des références basées
sur des performances zootechniques moyennes et avec l'utilisation
d'un aliment standard (tableau 1) et des références
prenant en compte les performances zootechniques de l'élevage
(nombre de lapins produits par femelle présente) et la composition
des aliments (teneur en protéines et taux de phosphore) (tableaux
2 et 3).
Ces références
sont utilisées pour dimensionner les plans d'épandage
; elles sont également utilisées par l'administration
en cas de contrôle.
Il serait judicieux
de faire un examen approfondi de ces références pour
juger de leur pertinence au regard de l'évolution des itinéraires
techniques et des pratiques actuelles.
|
Tableau
1 :
Rejets moyens par les lapins dans des conditions de production standard
(par lapin produit et par femelle et par an)
source : CORPEN 1999 |
|
Type
d'élevage
|
Azote
(N)
|
Phosphore
(P2O5)
|
en
g/lapin produit
|
en
g/femelle présente et /an
|
en
g/lapin produit
|
en
g/femelle présente et /an
|
Naisseur-engraisseur
|
66
|
3
240
|
91
|
4
440
|
Naisseur
|
25
|
1
340
|
32
|
1
770
|
Engraisseur
|
44
|
/
|
61
|
/
|
|
Tableau
2 :
Naisseurs - engraisseurs : rejets d'azote en fonction des performances
zootechniques et du taux de protéines de l'aliment - Les chiffres
sont exprimés en g/lapin produit et
en g/femelle présente/an (chiffres entre parenthèses)
source : CORPEN 1999 |
|
Nombre
de lapins produits
par femelle/an
|
Taux
de protéines de l'aliment (en % du poids brut)
|
17,0
|
16,5
|
16,0
|
15,5
|
15,0
|
14,5
|
30
à 35
|
77
(2600)
|
74
(2490)
|
70
(2380)
|
67
(2270)
|
64
(2160
|
61
(2060)
|
36
à 40
|
74
(2850)
|
71
(2730)
|
68
(2610)
|
65
(2490)
|
62
(2360)
|
59
(2240)
|
41
à 45
|
75
(3070)
|
69
(2940)
|
66
(2810)
|
63
(2680)
|
60
(2550)
|
57
(2420)
|
46
à 50
|
69
(3290)
|
66
(3150)
|
63
(3010)
|
60
(2870)
|
57
(2730)
|
54
(2590)
|
51
à 55
|
67
(3520)
|
64
(3370)
|
61
(3220)
|
58
(3060)
|
55
(2910)
|
52
(2760)
|
56
à 60
|
64
(3740)
|
62
(3580)
|
59
(3420)
|
56
(3260)
|
53
(3090)
|
50
(2930)
|
61
à 65
|
62
(3970)
|
59
(3800)
|
56
(3620)
|
54
(3450)
|
51
(3280)
|
48
(3100)
|
65
à 70
|
59
(4190)
|
57
(4010)
|
54
(3830)
|
52
(3640)
|
49
(3490)
|
46
(3280)
|
|
Tableau
3:
Naisseurs - engraisseurs : Rejets de phosphore (P2O5)
en fonction des performances zootechniques et du taux de phorphore
(P) de l'aliment - Les chiffres sont exprimés en g/lapin
produit et
en g/femelle présente/an (chiffres entre parenthèses)
source : CORPEN 1999
|
|
Nombre
de lapins produits
par femelle/an
|
Taux
de Phosphore dans l'aliment ( P en % de l'aliment brut)
|
0,65
|
0,60
|
0,55
|
0,50
|
0,45
|
30
à 35
|
112
(3790)
|
101
(3400)
|
89
( 3010)
|
78
(2620)
|
66
(2240)
|
36
à 40
|
109
(4160)
|
97
(3730)
|
86
(3300)
|
75
(2870)
|
64
(2440)
|
41
à 45
|
105
(4500)
|
94
(4030)
|
83
(3560)
|
72
(3090)
|
61
(2620)
|
46
à 50
|
102
(4830)
|
91
(4330)
|
80
(3820)
|
70
(3310)
|
59
(2810)
|
51
à 55
|
98
(5170)
|
88
(4620)
|
78
(4080)
|
67
(3540)
|
57
(3000)
|
56
à 60
|
95
(5500)
|
85
(4920)
|
75
(4340)
|
65
(3760)
|
55
(3180)
|
61
à 65
|
91
(5840)
|
81
(5220)
|
72
(4600)
|
62
(3980)
|
52
(3370)
|
65
à 70
|
88
(6170
|
78
(5520)
|
69
(4860)
|
59
(4210)
|
50
(3550)
|
|
1.5.
Plan d'épandage |
|
Les
déjections issues des élevages sont destinées
à être utilisées comme amendement organique. Mais
afin de respecter les zones pouvant accueillir des déjections
d'origine animale, l'agriculteur doit disposer d'un plan d'épandage.
Ce plan, représentant les parcelles de l'exploitation, les
éléments naturels, fossés, puits, étangs,
pentes, mais aussi les habitations et les zones de loisirs, permet
de délimiter les zones potentiellement aptes à recevoir
des déjections animales. En effet, les épandages sont
interdits à proximité des fossés, rivières,
lac afin de limiter les risques de fuites vers le milieu naturel,
et pas à proximité des tiers afin de préserver
leur tranquillité. Concrètement, à partir d'une
surface agricole d'une exploitation, on délimitera les zones
épandables, et on enlèvera les zones non épandables.
Cette surface délimitée et calculée par exploitation
permet de déterminer le maximum d'éléments fertilisants
potentiellement épandables. En effet, en fonction de la production
d'éléments fertilisants par les ateliers d'élevage,
l'exploitation doit disposer d'une surface suffisante pour accueillir
les déjections, surface en propre ou mise à disposition
par une autre exploitation agricole.
|
1.6.
Calendrier d'épandage |
|
L'épandage
des déjections ne peut pas non plus s'effectuer n'importe
quand. En effet, afin de limiter les risques de lessivage, il existe
un calendrier d'épandage propre à chaque département.
Ce calendrier est fonction des cultures réceptrices et du
type de déjections afin que les apports soient effectués
en adéquation avec la libération des éléments
fertilisants des déjections animales. En effet, l'azote n'est
pas totalement disponible immédiatement, mais se libère
en fonction des particularités des déjections. Pour
cela, on détermine deux types de déjections
- Les
déjections de type I, (rapport Carbone sur Azote >8)
c'est-à-dire tous les fumiers (dont ceux de lapins), sauf
les fumiers de volailles, les composts sauf ceux issus de fumiers
de volailles purs.
- Les déjections de type II (rapport Carbone
sur Azote < 8) ; fumiers de volailles, lisiers (dont en principe
ceux de lapins), purins, fientes
|
1.7.
Plan de fertilisation |
|
Cependant, même
si l'agriculteur dispose de surface, l'épandage ne peut s'envisager
que si les éléments fertilisants sont utilisés
par les plantes. En effet, si l'on connaît les quantités
produites, la valeur des déjections en matière d'apport
d'azote, les parcelles pouvant réceptionner les engrais organiques,
les quantités d'azote à apporter doivent répondre
aux besoins des plantes afin de limiter les risques de fuites vers
les cours d'eau par le phénomène de lessivage de l'azote.
Les éleveurs doivent donc tendre vers l'équilibre
de fertilisation en ajustant les apports aux besoins des plantes
en tenant compte de la fourniture des sols. Pour cela, les quantités
d'azote à apporter sur les cultures sont calculées
en fonction des besoins des plantes et de la fourniture du sol,
et des résidus de cultures précédentes, où
des effets des anciens retournements de prairies ou ancien apport
de fumier. Au final, en fonction des cultures, les besoins en fertilisation
azotée peuvent être inférieurs ou supérieurs
au seuil des 170 kg d'azote par hectare prévus par la réglementation.
Cependant, compte tenu des particularités des amendements
organiques, libération plus ou moins rapide des éléments
fertilisants en fonction de l'activité du sol, tassement,
de la température, de la météo, il est difficile
d'apporter l'ensemble de l'azote dont les plantes ont besoin sous
forme organique.
L'application
de l'équilibre de fertilisation pour l'azote est actuellement
une donnée parfaitement intégrée par les agriculteurs.
En système classique d'élevage rencontré dans
le grand ouest, cette donnée n'est pas pénalisante.
Par contre, lorsque l'on recherche l'équilibre de fertilisation
en phosphore, la mise en adéquation des besoins et des apports,
les choses se compliquent car les besoins en phosphore des plantes
est largement inférieur au besoin en azote (3 fois moins
dans le cadre d'un production de blé par exemple). Comme
les déjections de bovins contiennent moins de phosphore que
d'azote, l'équilibre de fertilisation en azote et phosphore
pour les systèmes de polyculture élevage du grand
ouest n'est souvent pas très loin. Par contre pour la production
cunicole, dont les déjections contiennent plus de phosphore
que d'azote, l'équilibre de la fertilisation des cultures
en phosphore conduit vers une réduction des apports organiques
et donc une augmentation des surfaces recevant des déjections
de lapins.
Afin de garder
en mémoire les pratiques en matière de fertilisation,
les agriculteurs doivent tenir à jour un cahier d'épandage.
Dans ce cahier d'épandage, sont consignées les données
relatives aux cultures, aux gestions de la fertilisation, et dans
le cas des amendements organiques, les quantités, les dates
d'apports, le système utilisé, la date
En recoupant
les données, on peut ainsi contrôler la cohérence
de la fertilisation des exploitations agricoles.
|
1.8.
Les contraintes paysagères |
|
Pour
répondre aux objectifs économiques de l'agriculture,
il faut organiser l'environnement, et, ce faisant, l'agriculture modèle
des paysages qui seront appréciés ou au contraire rejetés.
Mais les bâtiments d'élevage sont trop souvent perçus
comme des agressions dans un paysage " bucolique ", oubliant
de ce fait la notion d'outil de travail qu'ils constituent. En replaçant
le paysage au cur des projets agricoles, les agriculteurs trouveront
des moyens de " produire plus et mieux ", tout en respectant
les attentes du citoyen. En affirmant leur rôle dans la protection,
la gestion et la création de paysages contemporains de qualité,
ils pourront également devenir partenaires des autres acteurs
de l'aménagement pour élaborer des projets collectifs
contribuant au développement durable des territoires. Ces démarches
sont largement évoquées dans le cadre de APPORT (Des
outils pout des projets de développement durable des territoires),
un programme de recherche développé par les principaux
instituts techniques.
Bien des progrès
ont déjà été faits à ce niveau
: la colorisation des murs et des toitures, le renouvellement des
bardages, la plantation de haies et le fleurissement des exploitations
sont autant de moyens mis en uvre pour mieux intégrer
les bâtiments d'élevage dans leur environnement. Pour
les nouveaux bâtiments, la prise en compte de la protection
des paysages a été renforcée par la loi
du 8 janvier 1993, dite loi " paysagère ".
Cette loi impose, pour tout bâtiment neuf, une étude
paysagère.
|
2.
Les nuisances et pollutions aériennes |
|
|
Outre les nuisances
(odeurs et bruit), il faut désormais prendre en compte les
pollutions éventuelles dues aux émissions de gaz à
effet de serre : (dioxyde de carbone, méthane et protoxyde
d'azote) et d'ammoniac.
|
2.1.
Gaz à effet de serre |
|
Lors
du Sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992, qui marque la prise
de conscience internationale sur la nécessité de limiter
les émissions de gaz à effet de serre par les activités
humaines, plus de 50 Etats se sont engagés à réaliser
un inventaire exhaustif de leurs émissions annuelles. Depuis
l'adoption du Protocole de Kyoto en 1997, réduire ses émissions
de gaz à effet de serre est devenu une obligation pour les
Etats signataires. Les Etats les plus développés doivent
réduire d'ici 2012 de 8% leurs émissions par rapport
à celles de 1990.
Concernant les
secteurs d'activité non soumis au marché des quotas
de CO2 (habitat, transport et agriculture)
le Plan Climat réactualisé en 2008 fixe comme objectif
pour la France une réduction de 14% des émissions
entre 2005 et 2020. En 2006, le secteur agricole français
était directement responsable de 19% des émissions
de gaz à effet de serre de la France avec 46 % des émissions
agricoles dues aux cultures , 46 % à l'élevage et
8% à la sylviculture et aux autres sources de l'agriculture
(CITEPA, 2008).
Dans ce contexte,
la caractérisation des impacts des pratiques agricoles sur
le réchauffement global est devenue un volet incontournable
de l'évaluation environnementale et de la durabilité
des systèmes agricoles.
|
|
|
Les
principaux gaz à effet de serre émis par les activités
agricoles sont le méthane (CH4)
et protoxyde d'azote (N2O) qui représentent
respectivement 35 % et 55 % des émissions du secteur agricole
(en équivalent CO2 ). Les
10 % restant concernent les émissions de CO2
, liées à la combustion de ressources énergétiques
(CITEPA, 2008). Le CH4 provient essentiellement
de l'élevage. Il est émis lors de la fermentation entérique
des ruminants, de la fermentation des déjections animales au
stockage et en bâtiment, de l'épandage des déjections
ainsi que la restitution des déjections pendant la phase de
pâturage. Le N2O est émis
lors de la fermentation entérique des animaux, de la gestion
des déjections en bâtiment, et du stockage, ainsi que
lors de phénomènes de nitrification et dénitrification
depuis les sols agricoles cultivés ou pâturés,
depuis l'azote lessivé et lors du dépôt atmosphérique
de l'azote volatilisé.
Outre ces émissions
comptabilisées dans les inventaires par secteurs, les activités
agricoles peuvent induire indirectement d'autres émissions
de CO2 , CH4
et N2O. Il s'agit des émissions
liées à la production des intrants, des équipements
et des bâtiments agricoles. L'estimation de ces émissions
" indirectes " permet une évaluation plus globale
des impacts environnementaux des activités, produits et systèmes
agricoles.
Pour répondre
à ses engagements internationaux en la matière, la
France devra fournir des éléments concrets notamment
en matière de chiffrage, et à ce titre, la cuniculture
sera concernée. Les facteurs d'émission utilisés
actuellement sont globaux et issus de la littérature étrangère.
Ils correspondent à une typologie de systèmes et de
pratiques différents de ceux rencontré sur notre territoire.
L'acquisition de référence en fonction des pratiques
françaises est à réaliser.
De plus, dans
le cadre des lois issues du Grenelle de l'environnement, le consommateur
devra être informé, à partir du 1er janvier
2011 du contenu en équivalent carbone des produits de consommation
et de leur emballage, ainsi que des impacts environnementaux sur
le milieu naturel. Il conviendrait donc de développer des
études sur ce sujet en s'appuyant sur les méthodes
d'évaluation environnementale intégrant les émissions
de GES (tableau 4)
|
Tableau
4
: Description de plusieurs méthodes d'évaluation environnementales
|
|
Méthode
|
Objet
de l'étude
|
Périmètre
|
Critère
environnemental
|
Bilan
Carbone® (ADEME)
|
Une
activité : entreprise industrielle ou tertiaire,
collectivité et territoire
|
Les
émissions de GES (directes et indirectes) et stockage
de carbone liées à l'activité : matières
premières, transport, énergie, fin de vie
des objets, déchets
|
Monocritère
:
- changement climatique
|
Analyse
de Cycle de Vie (ACV)
|
Un
produit ou
un système
|
Toutes
les émissions (directes et indirectes) liées
aux activités de production du/des produits sont
prises en compte : du berceau à la tombe
|
Multicritères
:
- changement climatique,
- eutrophisation,
- acidification
|
Bilan
Planète
|
Une
exploitation agricole
|
Consommation
d'énergie et émissions de GES (directes et
indirectes) de l'activité agricole jusqu'au "
portail " de l'exploitation.
|
2
critères :
- consommation d'énergie,
- changement climatique
|
|
|
|
A ces méthodes
s'ajoutent une multitude de démarches utilisant un ou des
indicateurs d'impact des activités agricoles sur l'effet
de serre à l'échelle de l'atelier, de la production,
de la surface ou de l'exploitation agricole. Plusieurs instituts
techniques (Institut de l'Elevage, ARVALIS, CETIOM, ITAVI, ITB et
IFIP) travaillent à la mise au point d'un guide méthodologique
pour l'estimation des impacts des activités agricoles à
effet de serre (méthode GEST'IM). Ce présent guide,
en cours de finalisation, ne constitue pas une nouvelle méthode,
c'est un outil méthodologique actualisé qui permet
de revoir les calculs d'émissions de GES en agriculture applicables
aux différentes démarches citées ci-dessus.
La part de la
cuniculture dans l'émission de GES n'est pas déterminée,
faute de données spécifiques. La filière professionnelle
commence tout juste à rassembler les premiers éléments.
|
2.2.
Emissions d'ammoniac |
|
La
maîtrise des émissions d'ammoniac est apparue récemment
comme l'un des enjeux majeurs pour l'agriculture en Europe. La France
s'est engagée, par le protocole de Göteborg, signé
au niveau européen en décembre 1999, à réduire
d'ici 2010 ses émissions d'ammoniac de 4 % par rapport à
1990, pour atteindre un seuil de 780 kt. L'effort de réduction
induit est particulièrement faible et traduit en partie la
difficulté d'intervenir sur un polluant pour lequel le processus
d'émissions n'est pas facilement maîtrisable, car essentiellement
due à la fermentation naturelle des déjections (décomposition
aérobie de l'acide urique présent dans les urines et
les fèces de lapins).
L'élevage
des lapins est à l'origine d'émissions d'ammoniac
au niveau du bâtiment d'élevage. Une étude réalisée
par l'ITAVI en 2002 montrait que la teneur en NH3
dans les bâtiments d'élevage était de l'ordre
de 10-12 ppm avant raclage en maternité et 4 à 6 ppm
en engraissement ; au moment du raclage le niveau pouvait atteindre
jusqu'à 25 ppm, pour redescendre ensuite très vite
au niveau initial.
Le CORPEN a
retenu des pertes d'azote (probablement sous forme d'ammoniac) de
60 % par rapport à l'excrété, en bâtiment
d'élevage et au stockage. Le CORPEN cite qu'une première
approche dans un contexte expérimental a permis d'estimer
les pertes d'azote, par rapport à l'azote excrété,
à une moyenne de 43 % (sur 2 essais) pour un stockage en
fosse semi-profonde sur une durée comprise entre 0 et 5 semaines,
suivant qu'il s'agisse des premières déjections ou
des déjections les plus tardives. Par ailleurs, deux séries
de mesures ont permis d'établir que les pertes d'azote sont
de l'ordre de 20 % pour un stockage de fumier de lapin sur fumière
pendant une durée de 4 mois et de l'ordre de 57 % pour un
stockage dans le bâtiment sur une durée moyenne de
11 mois
A titre de comparaison,
Xicatto et al. (2005) citent une perte d'azote de 28% par
rapport à l'excrété. Pour diminuer ce taux
de pertes, il conviendra dans l'avenir d'améliorer les techniques
alimentaires, les conduites d'élevage et les modalités
de gestion des déjections.
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2.3.
Odeurs |
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L'exploitation
cunicole n'est que très peu génératrice de nuisances
olfactives. Les sources potentielles d'émission d'odeur concernent
principalement les déjections. L'odeur n'apparaît qu'à
partir du moment où on les manipule, c'est-à-dire à
la sortie du bâtiment pour les stockages de longue durée,
ou durant le brassage, le pompage et l'épandage du lisier.
Des produits
de traitements (agents chimiques masquants, produits biologiques
bactériens et enzymatiques) sont parfois utilisés
par les éleveurs pour lutter contre les mauvaises odeurs
dans les bâtiments d'élevage et au stockage. Les éleveurs
ne les choisissent pas seulement en fonction de leur efficacité
sur la réduction des odeurs (très variable selon les
produits et les conditions d'utilisation), mais également
pour liquéfier le lisier avant la reprise pour l'épandage
ou améliorer l'ambiance dans les bâtiments.
D'autres solutions
pour réduire les émissions d'odeurs existent et sont
utilisées en élevage porcin (séparation de
phases, traitement anaérobie par méthanisation du
lisier, traitement aérobie), mais, pour une exploitation
individuelle d'élevage de lapins, elles sont difficilement
applicables pour des raisons de viabilité technico-économique
(volumes de lisier à traiter trop faibles).
La couverture
des fosses de stockage est une technique qui tend à se développer,
Cette technique est applicable aux fosses construites "en dur",
mais difficile à utiliser dans le cas des fosses en géomembrane.
Elle est plus intéressante, si l'on y adjoint l'utilisation
d'un produit anti-odeurs.
Pour épandre,
les techniques permettant un dépôt du lisier au ras
du sol (à l'aide de pendillards) ou l'enfouissement sont
encore trop peu répandues, alors qu'elles ont montré
leur efficacité.
Les éleveurs
sont sensibles aux nuisances olfactives, mais sont encore réticents
à investir durablement pour y remédier du fait de
coûts jugés trop élevés au regard des
marges dégagées.
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2.4
Les particules solides |
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Les
particules solides présentes en élevage de lapins et
susceptibles d'être rejetées dans l'environnement sont
principalement composées de poils et de poussières.
Les poussières proviennent de la détérioration
du matériel d'usage, ainsi que de la manipulation de l'aliment
qui de part sa forme déshydratée se désagrège
très facilement. La mise en suspension des poils résulte
du renouvellement naturel du pelage des animaux.
De façon
générale les poils et les poussières ne posent
pas de problèmes aux éleveurs qui les enlèvent
régulièrement afin d'avoir une bonne ambiance et éviter
l'apparition de problème respiratoire des animaux. La fréquence
d'élimination dépend de la période de production.
En effet, les poils et poussières sont plus abondants à
la fin de la production lorsque les animaux sont presque arrivés
à fin d'engraissement. Le nettoyage est donc plus fréquent
à cette période. L'étude ITAVI de 2002 montrait
que l'élimination des poils et poussières présents
sur les cages se faisait par brûlage, souvent précédé
d'une aspiration. Le brûlage des cages est rarement effectué
seul, il est suivi soit d'une aspiration, soit d'un balayage, ou
encore d'un lavage au nettoyeur haute pression. Le brûlage
et l'aspiration sont très usités (66 % et 28 %) pour
le nettoyage de la maternité. En effet, cette opération
évite de trop grands déplacements aux lapines reproductrices.
En engraissement, la pratique de l'aspiration (14 %) est remplacée
par un lavage à l'eau et au nettoyeur haute pression (43
% des élevages). Le brûlage (38 %) est une technique
très utilisée pour le nettoyage des cages en engraissement.
Très souvent, il précède un lavage à
l'eau. L'élimination des poils et des poussières en
engraissement est facilitée par la gestion en bande unique.
En effet le bâtiment étant vidé régulièrement,
l'élimination des particules solides aériennes est
plus facile.
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2.5.
Bruit |
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Le
bruit, qui est l'une des composantes de l'environnement, est reconnu
comme une nuisance importante en milieu urbain et jusqu'à ces
dernières années, les bruits dits " de campagne
" ne semblaient pas poser de problème. Les choses ont
changé et des conflits de voisinage sont apparus.
Les deux sources
d'émissions sonores externes d'un élevage de lapins
sont les installations de ventilation et le cas échéant,
le groupe électrogène :
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- la ventilation
peut être une source de nuisances sonores pour les tiers,
surtout l'été où elle fonctionne de façon
plus intense pour le refroidissement des bâtiments.
- le groupe
électrogène quant à lui est utilisé
comme source d'énergie de secours, il ne fonctionne donc
qu'en cas de problème avec le réseau électrique,
ce qui réduit considérablement son temps d'utilisation.
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Dans
le bâtiment, l'alimentation automatique et la radio sont les
seules sources d'émissions sonores. En effet le lapin est un
animal très craintif qui supporte mal les bruits "anormaux".
De ce fait l'éleveur veille à ce que les installations
internes ne soient pas génératrices d'émissions
sonores importantes. Pour diminuer le stress des animaux lors des
allers et venues, des manipulations et de la mise en route de l'alimentation
automatique, l'éleveur installe souvent dans son élevage
un poste radio qui marche en continu durant la journée. Cette
pratique est très fréquente. Ainsi les jeunes dès
leur naissance sont habitués à un certain niveau sonore
ce qui limite leur stress lors des différentes interventions.
La cuniculture
ne demande pas un taux de renouvellement d'air très important.
De ce fait la ventilation n'est pas très puissante, ce qui
limite les émissions sonores externes et internes qui pourraient
être lié à ce poste.
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3.
L'utilisation de l'énergie en cuniculture |
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Suite
de l'article
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