|
|
|
Les
consommations d'énergie fossile impactent l'environnement de
plusieurs façons, par la combustion qui produit du dioxyde
de carbone (CO2) et donc des GES,
mais aussi par l'utilisation des ressources qui sont maintenant limitées.
En 2003, l'estimation de ces ressources sans tenir compte de l'évolution
des consommations et des besoins figure dans le tableau 5. |
Tableau
5 :
État des lieux des réserves d'énergie fossile
à l'échelle mondiale, exprimées en Gigatonne
d'équivalent pétrole (Gtep)
Source : Livre blanc sur les énergies,
2003
|
|
Type
d'énergie fossile
|
Réserves
prouvées
|
Consommation
brute, depuis le début de l'ère pétrolière
|
Années
de réserves (Estimation en 2003)
|
Pétrole
|
140
Gtep
|
120
Gtep
|
50
ans
|
Gaz
|
135
Gtep
|
55
Gtep
|
65
ans
|
Charbon
|
510
Gtep
|
-
|
260
ans
|
|
|
|
En
élevage cunicole, selon une enquête conduite par la Chambre
Régionale d'Agriculture des Pays de la Loire en 2008, sur 31
élevages, la charge financière correspondant à
la consommation d'énergie ne représente que 2,4 % des
charges d'élevage (2,1 % pour l'électricité +
0,3 % pour le gaz).
En élevage
de lapins, même s'il n'existe pas de besoins stricts de température
ambiante, les recommandations habituelles sont de maintenir la température
entre 18 °C et 28-30 °C maximum. Les besoins de chaleur
les plus cruciaux en élevage cunicole se situent surtout
au jeune âge, donc en maternité. Pour l'obtention d'un
confort thermique en engraissement, à l'exception des périodes
froides, la production de chaleur par les animaux est généralement
suffisante, voire excédentaire en fin d'élevage.
Il s'agit de
trouver l'optimum technico-économique entre l'apport de chauffage
et la consommation d'aliment. Cette dernière est en effet
elle aussi utilisatrice d'énergie et productrice de GES (sous
forme indirecte) pour la production des matières premières,
la transformation et le transport. Des essais récents ont
été réalisés sur ce point par l'ITAVI
en partenariat avec le CLIPP et les résultats sont en cours
d'exploitation.
Afin de répondre à ces exigences, les bâtiments
modernes sont équipés d'une ventilation dynamique,
d'un système de chauffage et d'un système de refroidissement.
|
|
|
L'électricité
est utilisée pour la ventilation mécanique, l'alimentation,
le raclage, la régulation, l'éclairage
Tous
les bâtiments ne sont pas équipés d'un système
de chauffage : l'enquête précitée a montré
que 31 % en étaient dépourvus. Lorsqu'un système
de chauffage existait, la même enquête montre que dans
90 % il s'agit d'un chauffage au gaz et dans les 10 % restant d'un
chauffage au fuel. La consommation de gaz moyenne pour un atelier
ramenée à une taille de 650 IA par cycle est de 1 469
kg, mais avec des variations très importantes.
|
|
|
L'élevage
de lapin est donc un consommateur d'énergie fossile relativement
modeste, contribuant relativement peu à l'émission de
GES (l'électricité, principalement d'origine nucléaire
n'est pas considérée comme contributive des GES). A
titre de comparaison la production d'un poulet correspond à
environ 3 kg d'équivalent CO2.
Pour réduire
les consommations d'énergie fossile en élevage cunicole,
il est souhaitable de procéder par étape comme dans
les autres filières :
|
|
|
- en économisant
l'énergie (isolation des bâtiments, optimisation
de la de la ventilation et du chauffage),
- en récupérant
l'énergie (échangeurs de chaleurs par exemple),
- en utilisant
les énergies renouvelables.
|
|
|
Lorsque
les locaux sont séparés, il serait intéressant
d'utiliser la chaleur produite par les animaux d'engraissement pour
chauffer le local de maternité.
Parallèlement
il est possible d'économiser l'énergie en réchauffant
l'air neuf entrant, c'est le cas par exemple du puits canadien ou
des échangeurs-récupérateurs de chaleur sur
l'air sortant. Ces techniques actuellement utilisées en production
porcine et dans la filière avicole pourraient être
utilisés en élevage cunicole. Elles peuvent permettre
de réelles économies sur la consommation de gaz pour
le chauffage des bâtiments d'élevage, mais, d'un autre
côté, peuvent augmenter la facture d'électricité.
Dans le cas du lapin, il n'est pas certain que cela engendre de
réels gains financiers, mais peut néanmoins réduire
l'émission de gaz à effet de serre.
|
4.
Les déjections cunicoles |
|
|
Le devenir naturel
des déjections cunicoles est leur utilisation en agronomie.
C'est pourquoi il est indispensable d'en avoir une bonne connaissance.
|
4.1
Quantification des rejets au niveau
de l'exploitation |
|
Les chambres
d'agriculture de la Région Pays de la Loire en collaboration
avec l'ITAVI (Greffard, 2007) ont réalisé une enquête
en afin d'évaluer les quantités de déjections
émises par un atelier cunicole selon le mode de gestion des
déjections (solide ou liquide). Cette étude permet
de disposer de références fiables sur les quantités
de déjections produites en fonction du système de
bâtiment. En effet, avant cette étude, il n'y avait
peu de références en la matière. Cette étude
réalisée avec les organisations de production dans
des élevages conduits en insémination artificielle
à 42 jours, a permis d'harmoniser les conseils en matière
de gestion des ouvrages de stockages dans deux grandes catégories
de bâtiment en matière de gestion des effluents, à
savoir le système raclage journalier, et le système
fosses profondes.
|
|
|
Système
avec raclage journalier : dans un bâtiment
en système raclage journalier, les crottes et les urines
" tombent " sous les cages grillagées et sont évacuées
quotidiennement vers une fosse située en bout de bâtiment.
Dans un élevage équipé de ce système,
la production de déjections est de 1,5 m3
de déjections par IA par an (calculé pour un nombre
moyen d'IA réalisé par cycle de production à
42 jours) soit environ 28 litres par lapin produit.
|
|
|
Système
sur fosse profonde : les déjections tombent également
sous les cages, où elles restent entre 6 mois et un an en
fonction de la hauteur de stockage disponible sous les cages. La
quantité de déjections à gérer est alors
de 0,75 m3 par IA et par an (13,9
litres par lapin produit), auquel il faut y ajouter 0,2 m3
par IA par an d'écoulement de jus de ces fosses profondes
(3,7 litres par lapin produit). Avec ce type de gestion des déjections,
on obtient sous les cages un produit plus ou moins sec mais qui
est repris avec les systèmes classiquement utilisés
pour la gestion des fumiers. Les jus d'écoulement sont quant
à eux gérer comme des lisiers.
|
4.2.
Quantification des rejets
au niveau national |
|
Sur la base
d'une consommation annuelle française de 456 000 tonnes d'aliment
à 16,5 % de MAT et 0,6 % de phosphore (P), pour une production
d'environ 128 000 tonnes de lapins vifs, l'excrétion d'azote
est estimée à environ 8 350 tonnes par an, auxquels
il faut retrancher la partie perdue par volatilisation (60 %) ;
la quantité d'azote épandable est de 3 340 tonnes.
Celle-ci correspondant à 19 650 ha sur la base de 170
kg de N/ha. Pour le phosphore, le rejet national est de l'ordre
de 2 000 tonnes de phosphore P (4 580 tonnes de P2O5)
par an, ce qui nécessite 45 800 ha d'épandage sur
la base de 100 kg maximum de P2O5/ha.
Comme on peut le constater, le calage d'un plan d'épandage
sur le phosphore au lieu de l'azote multiplie les surfaces nécessaires
par 2,3 , ce qui constitue une contrainte très forte
dans les régions où l'élevage est très
développé (cas de la Vendée par exemple).
|
4.3.
Composition des effluents |
|
Une bonne connaissance
de la composition totale des effluents est nécessaire d'une
part pour en faire un usage agronomique correct et d'autre part
pour identifier les traitements possibles (tableau 6).
|
Tableau
6 :
Composition des effluents d'élevage cunicole .
Source : Chambre d'Agriculture de Vendée |
|
en
% sur produit brut
|
Système
lisier raclage
(n=31)
|
Système
crottes fosse profonde (n=13)
|
Matière
Sèche
|
9,58
|
26,67
|
rapport
Carbone / Azote
|
10,97
|
13,62
|
Azote
(N)
|
3,52
|
7,75
|
Phosphore
(P2O5)
|
2,43
|
8,64
|
Potassium
(K2O)
|
3,65
|
14,20
|
Calcium
(CaO)
|
3,65
|
14,20
|
Magnésium
(MgO)
|
1,28
|
3,99
|
|
|
|
En ce qui concerne
les déjections de lapins, le classement des déjections
s'effectuait selon leurs caractéristiques physiques : lisier
type II, fumier type I (cf. paragraphe
1.6). Ainsi les déjections de type lisier étaient
classées en type II alors que leur évolution suite
à l'épandage s'avère être similaire à
celle du fumier type bovin à quantité fertilisante
équivalente, avec une libération mente de l'azote,
même dans le cas des lisiers.
Cette particularité des déjections de lapin, a été
démontrée par une étude menée par la
Chambre d'Agriculture de la Vendée. Ce travail a montré
que les lisiers de lapins présentaient dans 95 % des cas
un rapport carbone sur azote supérieur à 8 ce qui
permettait de les classer en déjections de type I (figure
2). De plus, diverses analyses de l'ISB (indice de stabilité
biologique) ont permis d'établir que l'azote des lisiers
de lapins est libérée plus lentement que celui contenu
dans les déjections de volailles qui ont un rapport C/N supérieur
à 8.
|
|
|
|
|
|
Depuis cette
étude, les déjections de lapins, sous forme lisier
ou fumier sont considérée de type I, sous réserve
de justifier d'une analyse d'un rapport C/N supérieur à
8.
Ces résultats sont à rapprocher de ceux de Moral et
al. (2005) pour qui la fraction facilement biodégradable
des déjections de lapins (Cw), stockées pendant 1
mois, était de 1,24 % de la matière sèche,
vs 0,78 pour les bovins et 2,16 pour les poulets.
|
4.4.
Diminution des rejets par
l'alimentation |
|
Dans
le mesure où le rejet est en général proportionnel
à l'ingéré, il semble judicieux, si l'on veut
réduire ces rejets, d'agir en amont, c'est-à-dire sur
la composition de l'alimentation en réduisant les intrants.
Dans un article
paru en 1999, Maertens insistait d'ailleurs sur ce point, en mentionnant
le fait que, dans une expérience antérieure, en diminuant
le taux de protéines de 17,1 à 15,7%, l'excrétion
d'azote avait été réduite de 11%., sans atteinte
des performances zootechniques. Une réduction de 38% avait
été atteinte avec un aliment à 13,8 % de protéines,
mais au prix d'une réduction du poids des lapins de 9%. Pour
le phosphore, l'auteur estimait que la réduction du taux
de phosphore dans l'aliment conduirait à des formules alimentaires
trop onéreuses.
D'autres essais
ont montré que l'utilisation d'aliments avec des teneurs
réduites en protéines pouvaient réduire sensiblement
les excrétions azotées chez le lapin à l'engraissement
(Maertens et al., 1997). Toutefois la réduction du
rapport protéines/énergie (P/E) se traduisait par
un enrichissement des carcasses en lipides. L'influence du rapport
P/E sur les performances, l'excrétion azotée et les
caractéristiques de la viande des lapins en finition a été
étudiée par Maertens et al. (1998). Ils ont
pu montrer que les performances zootechniques n'étaient pas
significativement influencées par la source énergétique,
mais que l'ingestion réduite d'azote, pour les régimes
à faibles taux P/E entraînait une réduction
sensible de l'excrétion azotée (- 8,5%).
Masoero et
al. (2008) ont comparé un régime pauvre en protéines
(15,9% de MAT et supplémenté en acides aminés
à un régime standard italien (19,7% de MAT) sur des
lapins entre 31 et 84 jours, avec une série de contrôles
entre 81 et 84 jours. Parmi les résultats obtenus, on notera
une diminution de la concentration en urée de l'urine, sans
modification de la qualité de la carcasse et de la viande.
Les auteurs concluaient cependant à la nécessité
de poursuive des essais.
|
|
|
Un essai a été
réalisé sur 4 lots de lapins en engraissement afin
de savoir s'il est possible de baisser les teneurs en protéine
et en phosphore de l'aliment pour réduire les rejets dans
l'environnement sans altérer les performances zootechniques
des lapins (Renouf, 2008 - voir l'article
dans Cuniculture Magazine). Une baisse de 10% de protéines
brutes dans l'aliment (de 16% à 14,5%) entraîne le
même niveau de baisse de l'azote dans les déjections
(2,82% vs 3,14% avec le taux le plus élevé).
Une baisse de 40% du taux de phosphore dans l'aliment (0,35% vs
0,6%) obtenue par 'incorporation de carbonate de calcium à
la place de phosphate bicalcique, traduit par une diminution de
51% du taux de phosphore dans les déjections (0,45% vs
0,92% avec l'apport le plus élevé), sans altération
de la la consommation alimentaire des lapins, de leur croissance
ou de leur taux de viabilité. Pour l'auteur, l'intérêt
sur le plan économique était minime.
|
|
|
Eiben
et al (2008) ont testé l'intérêt d'une réduction
du phosphore et de l'utilisation de phytases (Aspergillus niger) sur
des lapins entre 35 et 77 jours. L'essai a été réalisé
en comparant 3 formulations : un témoin noté C avec
un apport de 0,24% de phosphate monocalcique (MCP) et 0,58% de phosphore
total, un essai noté P avec seulement 0,10% de MCP mais avec
une supplémentation de 1000 FTU kg de phytase et 0,45%
de phosphore total , et un essai noté p-MCP sans aucun apport
de MCP mais avec 1000 FTU/kg de phytase et 0,35% de Phosphore total.
Les résultats obtenus montrent que les régimes P et
P-MPC n'ont pas eu d'impact significatif sur le poids des animaux.
Maertens et al .(2005) et Xicatto et al. (2005, 2007)
proposent des éléments de calculs sur les rejets azotés
(sans prise en compte des pertes par volatilisation) et/ou phosphorés,
qui peuvent être comparés à ceux utilisés
par le CORPEN (tableau 7). Malgré des différences sensibles
au niveau des performances ou de la composition des aliments, les
rejets d'azote par kg de poids vif diffèrent peu (66 à
68 g de N/kg PV) . Ce résultat est à rapprocher
de celui obtenu par Calvet et al (2008) avec des lapins élevés
jusqu'à un poids de 1,8 kg : l'excrétion azotée
était de 40 g/kg PV avec une répartition sensiblement
identique entre les fècés et l'urine ; par ailleurs,
il considérait que l'excrétion d'azote correspondait
à 58% de l'ingéré. Pour le phosphore, Maertens
obtient un rejet supérieur de 10% à celui retenu par
le CORPEN, mais avec un taux de phosphore dans l'aliment nettement
plus élevé.
L'ensemble de
ces résultats montre qu'il existe une bonne marge de progrès
pour diminuer les rejets d'azote et de phosphore par la voie alimentaire.
|
Tableau
7 :
Eléments de calcul pour l'estimation des rejets azotés
et phosphorés |
|
Source
|
CORPEN
(1999)
|
Xiccato
(2007)
|
Maertens
(2005)
|
-
Nombre de lapins/femelle/an
|
49
|
42,8
|
45
|
-
Poids moyens des lapins vendus
|
2,
410 kg
|
2,650
kg
|
2,500
kg
|
-
N ingéré/femelle/an
|
11,940
kg
|
11,170
kg
|
-
|
Composition
de l'aliment
|
Protéines brutes
|
16,5
%
|
16,2
%
|
-
|
Phosphore
(P)
|
0,60
%
|
-
|
0,647
%
|
Rétention
corporelle
|
Azote
(N)
|
28,8
g/kg de P.vif
|
31,0
g/kg de P.vif
|
29
g/kg de P.vif
|
Phosphore
(P)
|
0,58
g/kg de P.vif
|
-
|
0,50
g/kg de P.vif
|
Rejets
d'azote (N)
|
Par
femelle et par an
|
8,092
kg
|
7,400
kg
|
7,420
kg
|
Par
lapin produit
|
0,165
kg
|
0,173
kg
|
0,165
kg
|
Par
kg de poids vif
|
0,068
kg
|
0,065
kg
|
0,066
kg
|
Rejets
de
phosphore (P2O5)
|
Par
femelle
|
4,440
kg
|
-
|
4,760
kg
|
Par
lapin produit
|
0,091
kg
|
-
|
0,106
kg
|
Par
kg de poids vif
|
0,038
kg
|
-
|
0,042
g
|
|
5.
Le traitement des déjections de lapins |
5.1. Le compostage |
|
De nombreux éleveurs de lapins situés en ZES (zones
d'excédents structurels : ces
zones sont des cantons pour lesquels, compte tenu des animaux d'élevage
présents aujourd'hui, les possibilités d'épandages
pour une épuration par le sol et les cultures sont dépassées.)
sont confrontés à un problème de gestion des
déjections. Pour y remédier, l'exportation de ces
déjections peut être une solution intéressante
à condition que le produit exporté corresponde à
une norme. Le compostage des déjections de lapins permet
d'atteindre cet objectif, mais il n'est envisageable que pour la
partie solide des déjections.
Le compostage
se définit comme une biotransformation, aérobie (en
présence d'oxygène) contrôlée, de matières
organiques d'origine animale et/ou végétale, soit
seules soit en mélange, produisant du gaz carbonique (CO2),
de la chaleur, de l'eau dégagée sous forme de vapeur,
et un substrat solide stabilisé composé de précurseurs
humiques : le compost. Le compostage des déjections se traduit
par :
|
|
|
- une réorganisation
de l'azote et de la matière organique,
- une diminution
de la teneur en carbone par transformation sous forme gazeuse,
- une concentration
en éléments stables (phosphore, oligo-éléments...),
- une perte
d'une fraction de l'azote sous forme ammoniacale (NH3)
ou gazeuse (N2 l'azote de l'air)),
- une montée
en température jusqu'à 70°C, d'où un
assainissement du produit au plan bactériologique..
Le compostage
des déjections de lapins doit donc obligatoirement se faire
après une séparation des phases liquide et solide.
Les principaux avantages de la séparation de phase sont les
suivants :
|
|
|
- concentration
des solides et des nutriments,
- réduction
des émissions d'odeurs et d'ammoniac par la soustraction
de nutriments accessibles aux micro-organismes,
- meilleure
disponibilité des éléments fertilisants par
la séparation des phases azotée et phosphorée,
- épandage
plus uniforme et réduction des dommages causés aux
plantes par la réduction du nombre de passages au champ.
|
|
|
La
séparation de phase est souvent utilisée en tête
de traitement, mais elle peut constituer un traitement à part
entière. Différents procédés permettent
de faire cette opération : centrifugation, tamis vibrant, vis
presseuse, bandes
, mais ne sont pas appliqués dans la
filière cunicole. Dans la pratique, d'autres systèmes
sont utilisés en cuniculture: Deux d'entre eux ont été
particulièrement étudiés car ils ont été
mis en uvre dans plusieurs élevages : |
|
|
le
système PROLAP (brevet déposé - voir
l'article qui lui est
consacré dans Cuniculture Magazine) : les fonds
de fosse au-dessus desquelles sont installées les cages d'élevage,
ont une forme en W, permettant ainsi l'écoulement gravitaire
des liquides vers une fente d'égouttage surplombant un caniveau.
L'ensemble des liquides (eaux de lavage et urine) est ainsi canalisé
vers une fosse de réception située à l'extérieur
du bâtiment d'élevage. Les déjections solides
sont, quant à elles, évacuées quotidiennement
à l'aide d'un racleur. La présence d'une lame de décolletage
verticale présente sur le racleur évite le comblement
de la fente d'écoulement par des matières solides. La
partie solide sort du bâtiment à un taux de matière
sèche de l'ordre de 40%. Ces crottes, dont la structure est
conservée, peuvent être reprises, stockées ou
mises en andain pour être compostées, puis éventuellement
exportées hors ZES. |
|
|
le système
SEPARLAP : les déjections de lapins sont raclées
automatiquement une fois par jour et évacuées vers
une plate-forme construite en contrebas en bout de bâtiment,
bétonnée, en forme de V inversé (pente de 5
%) et couverte. Là, elles sont préséchées
à l'aide des extracteurs de l'installation de conditionnement
d'air des ateliers. Les jus excédentaires s'écoulent
naturellement et sont acheminés vers une fosse fermée
située sous la plateforme. Au bout de quelques jours, le
taux de matière sèche atteint entre 30 et 40% et le
produit peut être mis à composter.
|
|
|
Le
compostage de la partie solide des déjections de lapins obtenu
selon le procédé PROLAP permet d'atteindre des températures
élevées pendant plus de 15 jours à plus de 55°C.
Avec ce système, le compost a évolué pendant
42 jours à plus de 55°C dont 38 jours supérieurs
à 60°C garantissant ainsi une bonne hygiénisation
du produit. Par ailleurs, le compost obtenu correspond aux spécificités
de la norme amendement organique (NFU 44 051) en ce qui concerne les
caractéristiques chimiques et biologiques et n'est donc plus
assujetti à un plan d'épandage (Greffard, 2006)
Le système
de compostage par aération forcée devrait pouvoir
également permettre d'obtenir un compost normé, comme
c'est le cas avec les fumiers de volailles.
Dans certains
cas, le système de raclage des déjections comme en
fosses profondes aboutit à un produit pâteux qui limite
les fermentations aérobies et empêche le processus
de compostage de débuter. Afin de remédier à
ce problème, le mélange avec du fumier pailleux ou
simplement de la paille, permet d'enclencher les fermentations aérobies
essentielles à la montée en température et
à la constitution d'un compost.
A noter aussi
que Barrena et al. (2009) ont testé avec succès,
à l'échelle du laboratoire, la possibilité
de composter des viscères de lapins.
|
5.2.
Autres traitements |
|
Dans
les autres filières d'élevage, de nombreux systèmes
de traitements sont proposés : beaucoup concernent le traitement
des lisiers à faible teneur en matière sèche
(traitement biologique, bassins filtrants, méthanisation
).
Ces techniques sont difficilement applicables aux déjections
de lapins, soit parce que celles-ci ont une teneur en matière
sèche trop élevée, soit parce que les volumes
à traiter sont insuffisants, soit encore parce que le coût
de leur mise en uvre est incompatible avec la viabilité
économique des ateliers cunicoles. Cependant, il peut exister
des cas où les déjections de lapins sont traitées
avec d'autres produits. C'est le cas d'une installation de méthanisation
par voie sèche, en fonctionnement depuis mi 2008, qui utilise
du fumier de bovins, du fumier de volailles et des déjections
de lapins.
D'une manière
générale, le compostage des déjections cunicoles
semble constituer la solution la mieux adaptée au produit.
|
6.
La durabilité de la production cunicole |
|
|
L'agriculture
durable ménage son environnement et sauvegarde à long
terme ses capacités de production, en s'appuyant sur les trois
piliers du développement durable : environnement, société
et économie. Quand est-il de la durabilité des pratiques
d'élevage du lapin de chair en France ?
Fortun-Lamothe
(2007,2008) a commencé à faire un état des
lieux des pratiques cunicoles. Les outils actuellement disponibles,
dont la méthode IDEA, permettent de montrer que certaines
des pratiques ou des orientations prises dans les élevages
cunicoles, et d'une manière plus générale dans
les élevages hors-sol, ne sont pas durables, sur le plan
environnemental, pour les raisons suivantes : manque de lien au
sol, difficulté de restitution des effluents sur les surfaces
cultivées, dégradation de la qualité des eaux
du fait de l'intensification de l'élevage dans certaines
zones, utilisation d'énergie fossile pour maintenir les paramètres
d'ambiance, coûts de transports élevés (et donc
consommation d'énergie fossile) pour acheminer les aliments
vers les élevages.
Des pistes de
travail existent pour améliorer la situation : développement
de techniques permettant de valoriser les effluents d'élevage
à un coût écologique réduit, meilleure
répartition des élevages sur le territoire, utilisation
de l'énergie renouvelable, promotion des bâtiments
à haute valeur environnementale, mais aussi poursuite de
la progression sur l'indice de consommation.
Il est cependant
nécessaire de réaliser un bilan environnemental global
à l'échelle de la filière de production pour
mieux estimer le rapport bénéfice/coût écologique
et de développer un outil d'évaluation à l'échelle
de l'atelier de production.
|
CONCLUSION
|
|
|
Au même titre
que les autres élevages, l'élevage de lapins a un
impact non négligeable sur l'environnement. La filière
cunicole a cependant mesuré l'importance d'une meilleure
prise en compte de l'environnement, afin de contribuer à
améliorer l'image du produit " lapin ". De nombreuses
solutions existent et commencent à être mises en uvre
dans les élevages, que ce soit pour diminuer et maîtriser
les rejets, réduire les odeurs ou encore pour traiter les
effluents. Si la filière souhaite que l'élevage cunicole
devienne durable, outre la mise en uvre de moyens techniques
appropriés, il conviendra de rester très vigilants
sur l'adaptabilité de ces techniques aux conditions de production,
notamment sur le plan économique et social.
|
|
|
|
Références
bibliographiques |
|
APPORT
- 2009 -
Des outils pour des projets de développement durable des territoires
(9 brochures)
Arrêté du 30 octobre 2006 - JO du 23 décembre
2006
Arrêté du 24 novembre 2006 - JO du 26 novembre
2006
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