La
Biologie du Lapin par François LEBAS Directeur de Recherches honoraire de l'INRA |
1. Croissance in utero et transmission de l'immunité | |||
2. Nouveau-né et thermorégulation | |||
3. Mise en place de la flore intestinale | |||
4. Mise en place des capacités digestives | |||
Derrnère révision : 29 février 2016
Après la fécondation, les ftus migrent dans les cornes et se fixent sur la dentelle utérine vers le 7e jour. A chaque point de jonction entre un ftus et la paroi utérine se forme un placenta dans lequel on distingue une partie maternelle irriguée par les vaisseaux sanguins de la mère, et une partie ftale irriguée par les vaisseaux du ftus. Ce dernier a une croissance de type exponentielle à partir du 12e jour de la gestation (figure 49). Le poids individuel des lapereaux à la naissance est assez variable (coefficient de variation de 15 à 20%). Cette variabilité est principalement la conséquence de la position des lapereaux le long des cornes utérines. Ainsi, le premier lapereau côté ovarien est pratiquement toujours le plus lourd en raison d'une meilleure irrigation sanguine de cette partie du tractus génital. A l'inverse, les derniers lapereaux côté vaginal ont un poids nettement plus réduit (-20%). L'amplitude de la variation s'accroît avec le nombre de lapereaux par corne. | |||||
Figure
50 : Évolution au cours de la gestation du poids d'un placenta
maternel et de celui du placenta ftal correspondant (Prud'hon,
1973) |
Parallèlement au développement de chaque ftus, un placenta maternel se développe en premier pour atteindre son poids maximal vers le 16e jour de gestation. Vers le 10e jour, le placenta foetal est visible à son tour. Il prend une importance de plus en plus grande jusqu'à la mise bas et son poids dépasse celui du placenta maternel à partir de 20-21 jours (figure 50). A partir
de son implantation, le ftus est alimenté à travers le placenta,
mais aussi, au cours du dernier tiers de la gestation, par l'ingestion du liquide
amniotique. En effet, la ligature de l'sophage d'un lapereau au 23e jour
de la gestation réduit son poids de 19% au 29e jour de gestation, d'ailleurs
sans modification majeure de sa composition corporelle.
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A la naissance, le lapereau
dispose déjà du stock d'immunoglobulines transmis par sa mère.
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Ainsi, à la naissance,
les lapereaux ont déjà reçu de leur mère via
le liquide amniotique, le stock d'immunoglobulines qui leur permet immédiatement
de se défendre contre les agents de l'environnement, qu'ils aient ou non
ingéré du colostrum. Toutefois, le colostrum contient quand même
des quantités importantes d'immunoglobulines qui peuvent encore franchir
la barrière intestinale après la naissance pendant 1 à 2
jours environ.
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2.
Nouveau-né et thermorégulation Figure 51.1: Évolution du
poids vif d'un lapereau entre la naissance et le sevrage (ici 32 jours)
au sein d'une portée de 10 lapereaux. |
A la naissance, avant d'ingérer le lait de sa mère dans les minutes suivant sa "sortie" de l'utérus maternel, un lapereau pèse de 50 à 55 g environ avec des fluctuations assez fortes en fonction de la taille de la portée, comme déjà souligné. Sa croissance est ensuite pratiquement linéaire pendant 3 semaines (11-13 g par jour au sein d'une portée de 10) puis elle s'accélère pour atteindre 35-38 g/jours à partir de 25 jours quand la part de l'alimentation solide devient conséquente (figure 51). A
la naissance, le lapereau n'a pratiquement pas de poils et il est aveugle. Ses
yeux s'ouvrent à l'âge de 10 jours environ pratiquement au moment
où son premier pelage est mis en place.
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A la naissance,le lapereau dispose de fortes réserves lipdiques lui permettant de survivre plusieurs jours sas alimentation.
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Le tissu adipeux brun sert
au lapereau exclusivement à sa thermorégulation, tandis que
le tissu adipeux blanc est la réserve énergétique "prévue"
pour assurer toutes les autres fonctions. Ainsi, un lapereau nouveau-né
maintenu à 35-36°C mais non alimenté, meure de faim en 5 à
6 jours, avec une perte quasi totale du tissu adipeux blanc, mais sans que le
tissu adipeux brun ait été touché. Si la même expérience
est faite avec un lapereau placé à 20-23°C, il meure en 3 jours,
en ayant épuisé les réserves adipeuses blanches et brunes.
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Les lapereaux de moins de 8 jours ne "savent" pas encore bien réguler leur température corporelle |
Par ailleurs, au cours de
leurs 5 à 7 premiers jours de vie, la capacité instantanée
de production d'énergie des lapereaux à partir du tissu adipeux
brun est insuffisante pour compenser les pertes thermiques par la peau si la température
"ambiante" (dans le nid) est inférieure à 33-35°C.
En effet les poils ne sont pas encore poussés pour assurer l'isolation
de la peau. Cette protection est provisoirement assurée par le poil de
la mère qui a servi à confectionner le nid.
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Un lapereau qui a froid cherche le contact des autres lapereaux de la portée et en outre il tend à s'enfoncer au plus creux possible du nid
Les chutes brutales de température dans la boite à nid sont d'autant plus néfastes aux lapereaux (mortelles) que la température précédente était élevée. |
Ces mouvements ne
sont pas bien coordonné car le système nerveux des lapereaux
n'aura fini sa myélinisation que vers 10 à 12 jours. Avant
cet âge, les seuls mouvements que les lapereaux savent bien faire
sont ceux nécessaires à la tétée: positionnement
sur le dos et succion.
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L'évacuation lente du lait de d'estomac permet à un lapereau de rester 48 heures sans téter, mais pas plus ! |
Dans le cas où
un lapereau en bonnes conditions thermiques "manque" une tétée,
la situation n'est pas encore irréparable. En effet, au moment
de la tétée quotidienne, il reste encore dans l'estomac
du lapereau une masse de lait caillé représentant 20 à
23 % de la quantité de lait consommée 24heures plus tôt
(figure 51.2). Combiné avec
les réserves adipeuses, ce "fond d'estomac" peut permettre
au lapereau d'attendre la tétée de la journée suivante
sans dommage. Mais cette fois il n'a plus de droit à l'erreur
lors de la tétée suivante.
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Comme tous les nouveau-nés,
le lapereau n'a pas de flore intestinale à la naissance. L'implantation
de la flore est assez atypique, dans la mesure où pendant les deux premières
semaines la flore stomacale et dans une certaine mesure celle de l'intestin grêle
sont très pauvres, voire absentes.
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Contrairement au cas des ruminants, la flore digestive d'un lapin sain ne contient pas de protozoaires |
L'étude de la flore
peut être envisagée de 2 manières: d'une part l'identification
"taxonomique" avec numération des souches présentes et
d'autre part la caractérisation des activités métaboliques
avec mesure de l'ampleur des populations bactériennes correspondantes.
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Selon Gouet et Fonty (1979), la vitesse de colonisation de l'estomac varie beaucoup d'un lapereau à l'autre. Le nombre total de bactéries du contenu stomacal est généralement faible jusqu'à 14 jours (entre <102 et 104 bact./g). Il augmente un peu ensuite et se situe aux environs de 104 à 106 bactéries par gramme à partir du 30e jour. Il augmente temporairement au moment où les lapereaux ingèrent leurs cæcotrophes. Dans l'intestin grêle, l'implantation des bactéries est plus rapide et plus abondante. L'amplitude des variations entre individus s'estompe à partir du sevrage (28-30 jours), et la flore se stabilise vers 106 à 108 bactéries /gramme de contenu. Le cæcum et le côlon hébergent dès la première semaine une flore abondante (107-109 bactéries par gramme) et par la suite le nombre de bactéries total reste constamment élevé (109 - 1010/g).
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Les bactéries de type "Bactéroïdes" constituent la flore dominante (identifiée) chez le Lapin
Après un presence temporaire marquée vers 2-3 semaines d'âge, E.coli tend voir sa population se réduire fortement, soit disparaitre chez 30% des lapins de 49 jours (E. coli non détectable) |
Du point de vue des souches
présentes, la flore digestive du lapin se caractérise par la
dominance d'espèces anaérobies strictes et particulièrement
des bacilles Gram négatifs (Bactéroïdes), que l'on retrouve
à tous les niveaux du tube digestif. Les bactéries sporulées
sont de cent à mille fois moins nombreuses que le Bactéroïdes
et appartiennent aux genres Clostridium, Endosporus et Acuformis.
Les streptocoques (S. faecium, S. faecalis) sont presque toujours
absents de l'estomac. Dans l'intestin grêle, le cæcum et le côlon,
leur nombre atteint son maximum chez des lapereaux âgés de 7 à
14 jours, et diminue ensuite avec l'âge.
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En l'absence de fibres dans l'aliment ingéré, il n'y a pas de flore cellulolytique dans le cæcum |
Si l'on considère
la flore par ses types d'activités, ont peut distinguer notamment la
flore cellulolytique, amylolytique, uéolytique ou protéolytique,
en fonction du milieu de culture utilisé pour la caractériser, mais
dans tous les cas ces cultures doivent être faites en anaérobiose
stricte.
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Un flore amylolytique importante se développe dans le tube digestif des lapereaux, même en l'absence d'amidon dans l'alimentation |
Contrairement au cas précédent, la flore amylotytique est présente dès 15 jours à son niveau quasi définitif de 1010-1011 bactéries par gramme, c'est à dire avant que les lapins ne consomment de l'amidon. Il est plus que probable que cette flore provienne de la fore maternelle, dans la mesure où la mère dépose des crottes molles dans le nid des lapereaux au cours de la 2e semaine suivant la naissance des lapereaux et où les lapereaux consomment ces crottes maternelles. D'ailleurs pour un expérimentateur qui voudrait connaître la nature de la flore cæcale sans avoir à sacrifier les animaux, il faut savoir que les crottes molles (les cæcotrophes) récoltés rapidement après leur émission ont une flore tout à fait représentative de celle du cæcum, ce qui n'est pas le cas des crottes dures.
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Jusqu'à trois semaines,
l'alimentation des lapereaux est quasi exclusivement lactée et le lait
est digéré à 100%. A partir de 18-20 jours, les lapereaux
commencent à ingérer de l'aliment solide en plus du lait fourni
par la mère. La digestibilité fécale apparente diminue pendant
la période de sevrage (alimentation mixte lait+aliment solide) pour se
stabiliser aux environs de 35-38 jours (figure 52).
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Figure
52 : Évolution de la digestibilité apparente d'un aliment
standard par des lapereaux entre 25 et 50jours d'âge, pour la matière
organique (Cud-MO) et les fibres (Cud-NDF), d'après Debray
et al. (2000) |
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Figure 53 : Activité totale de l'amylase pancréatique chez des lapereaux sevrés à 21 jours (lot S) ou nourris exclusivement au lait de lapines jusqu'à 30 jours, puis sevrés brutalement (lot L), d'après Corring et al. (1972) NB: de 21 à 30 jours les lapereaux du lot L ont tété 2 lapines, l'une le matin et l'autre 12 heures plus tard en fin d'après midi. |
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L'activité enzymatique intraluminale totale dans l'intestin grêle (iléon+jénunum) double entre le sevrage à 32 jours et l'âge de 42 jours pour l'amylase et la maltase ; mais l'activité spécifique tend à se stabiliser. En fait, on doit considérer que les capacités digestives de type adulte sont atteintes seulement vers 45 à 50 jours, au plus tôt. | |||||
Biologie
du Lapin - Fin du sous-chapitre 7.4 "
Reproduction : les Lapereaux" | |||||