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L'origine
du lapin et son adaptation au milieu | | Le
lapin est un petit mammifère prolifique originaire de la péninsule
ibérique et du sud de la France. Il n'a été domestiqué
qu'au cours du Moyen Age. Le lapin domestique a donc des besoins et des comportements
encore fortement influencés par ses origines. La domestication a en effet
surtout conduit à une forte augmentation du poids des animaux: jusqu'à
6-7 kg alors que le lapin sauvage d'origine ne pesait que 1,3 à 1,7 kg
adulte. Elle a aussi permis une accoutumance des lapins à vivre à
proximité de l'homme, dans des cages ou des enclos. |
Figure
1 : lapin de garenne | De
ses origines géographiques,
le lapin tient une adaptation au climat méditerranéen avec des étés
chauds et secs et des hivers qui peuvent être froids. Une grande partie
de cette adaptation consiste pour le lapin sauvage à passer les heures
de fortes chaleurs dans son terrier, et à ne sortir pour se nourrir qu'à
la fraîche, principalement à l'aurore et au crépuscule. Pour
les périodes froides, il dispose d'une bonne fourrure et les lapereaux
nouveaux nés beaucoup plus fragiles, sont installés par leur mère
dans un terrier douillet où ils sont à l'abri du froid comme du
chaud. Le lapin s'est aussi adapté à la variabilité des ressources
fourragères en zone méditerranéenne : fortes au printemps,
modestes en été puis de plus en plus rares à l'automne. Il
a en particulier adapté sa reproduction qui commence tôt dès
la sortie de l'hiver lorsque les jours s'allongent et que la végétation
reprend. La reproduction se ralentit, puis s'arrête en été,
dès que les jours diminuent et que les ressources fourragères se
réduisent. Le lapin domestique a ainsi conservé de son proche ancêtre
sauvage une forte sensibilité à la durée du jour qui régule
sa reproduction si l'éleveur n'intervient pas. |
Dissémination
du lapin dans le monde et adaptation | Les
européens du sud (principalement les Français, Espagnols, Portugais
et Italiens) ont diffusé l'élevage du lapin dans le monde entier,
y compris dans les pays tropicaux. Dans le même temps, les anglo-saxons
diffusaient les lapins de garenne comme gibier potentiel, avec beaucoup d'échecs
et seulement quelques beaux "succès" techniques comme en Australie
ou en Nouvelle Zélande. L'implantation du lapin sauvage a été
une "réussite" là où le climat était proche
de celui de la région d'origine du lapin mais surtout où la niche
écologique était libre et où par conséquence il n'existait
aucun prédateur adapté à un mammifère de 1,5 kg vivant
une partie de son temps dans un terrier. Des tentatives ayant déjà
été faites dans presque tous les pays du monde, on peut considérer
comme pratiquement nuls les risques de voir pulluler des lapins domestiques qui
se seraient échappés des élevages. |
Il
n'y a pas de risque de voir pulluler des lapins domestiques qui se seraient échappés
de leur locaux d'élevage. | La
diffusion de l'élevage du lapin domestique en dehors de son berceau historique
s'est peu ou pas heurtée au problème des prédateurs puisque
les animaux sont élevés en cages. Par ailleurs, l'homme - éleveur
s'est chargé d'apporter leur alimentation aux lapins. Il a ainsi rendu
les lapins domestiques relativement indépendants des ressources fourragères
instantanées en particulier grâce à la pratique du stockage
des aliments, voire grâce à des importations d'aliment venant d'autres
régions. | | Il
reste, par contre, la dépendance des lapins par rapport aux facteurs climatiques
directs: éclairement, température combinée à l'humidité
relative. La diffusion de l'élevage du lapin domestique en dehors de l'Europe
est un phénomène historiquement récent qui a au plus 2 ou
3 siècles et le plus souvent depuis moins de 100 ans. De ce fait, les lapins
utilisés pour l'élevage dans les différents pays du monde,
y compris dans la zone tropicale, n'ont pas eu le temps d'avoir une réelle
adaptation au climat local. Le seul paramètre qui a réellement "bougé"
est le format adulte qui, pour une race donnée, a été réduit
de 20-25 % en milieu chaud. En effet cela accroît la surface corporelle
relative susceptible d'évacuer les pertes nécessaires de chaleur
liées au métabolisme et aide l'animal à lutter contre la
chaleur. Du fait de différentes sensibilités, ce sont les éleveurs
qui doivent adapter leurs pratiques mais aussi leurs exigences vis-à-vis
de l'espèce, en fonction du climat local. | Les
caractéristiques du climat tropical et facteurs limitants pour les lapins | Les
pays situés globalement entre
les 2 tropiques ou plus généralement entre les 30èmes
parallèles nord et sud n'ont pas un seul mais une multitude de climats.
Ils ont cependant en commun une très faible variation annuelle de la durée
d'éclairement et une tendance à avoir des températures élevées
toute l'année. Les principaux facteurs de variation de la température
sont la distance depuis l'équateur, le relief environnant et la pondération
que peuvent apporter l'altitude ou certains courants océaniques. |
Les
climats désertiques ou sub-désertiques ne conviennent pas au lapin | A
grands traits, et compte tenu des températures que le lapin peut supporter,
on est amené à considérer d'une part les pays où la
température moyenne ne dépasse pas 25-28°C avec des maxima ne
dépassant que rarement 34-35°C et d'autre part ceux où pendant
une large part de l'année la température moyenne est supérieure
à 28-30°C avec des températures maximales quotidiennes dépassant
régulièrement 35-36°. Dans le premier groupe, et surtout si
la température est pondérée par l'altitude comme dans certains
pays du centre de l'Afrique ou au Mexique, l'élevage du lapin est possible,
voire facile. Dans le second groupe, l'élevage du lapin est beaucoup plus
difficile (nord du Sahel par exemple). Les réalisations du Centre de recherche
d'Avikanagar dans le désert du Rajasthan aux Indes montrent qu'en enterrant
les locaux d'élevage cela est possible, mais on est loin d'une pratique
aisée, et les performances sont loin de l'optimum. |
Impact
de la température sur les performances des lapins |
Globalement
les températures supérieures à 24-25°C réduisent
la consommation alimentaire des lapins quelque soit leur âge ou leur situation
physiologique. Un exemple en est donné sur la figure
2 où sont rapportés des résultats obtenus dans les conditions
climatiques tempérées ou tropicales reproduites en salles climatisées. |
Figure
2 : Consommation alimentaire et croissance des lapines élevées
en chambre climatique soit à 23°C (Humidité Relative de 70%),
soit à 30°C (HR de 80%) à partir de l'âge de 5 semaines,
d'après Matheron et Poujardieu (1984). Observation entre 5 et 12 semaines
d'âge
Figure
3 : Âge auquel les lapines ont atteint le poids de 2,4 kg et quantité
d'aliment consommée depuis le sevrage pour des lapines élevées
en chambre climatique soit à 23°C (Humidité Relative de 70%),
soit à 30°C (HR de 80%) à partir de l'âge de 5 semaines,
d'après Matheron et Poujardieu (1984).
| A
30°C, la consommation est réduite d'un peu plus de 25% par rapport
à celle constatée à la température de 23°C. La
conséquence est une réduction de la vitesse de croissance d'environ
20% seulement. En effet, à température élevée, les
dépenses de thermorégulation sont plus faibles et de ce fait l'efficacité
alimentaire (gain de poids obtenu par unité d'aliment consommé)
est meilleure en climat tropical, d'environ 10%. Par contre, si l'on considère
les conditions nécessaires pour obtenir des lapins d'un poids donné,
on constate (figure 3) que la
durée nécessaire pour atteindre, par exemple, le poids commercial
de 2,4 kg est allongée de 30% (112 jours au lieu de 84) et, malgré
la bonne efficacité alimentaire instantanée, la dépense alimentaire
totale est accrue de 16% : 8,2 kg d'aliment consommés depuis le sevrage
contre 7,1 kg pour les lapins élevés à 23°C. Dans
l'essai rapporté ci-dessus, les expérimentateurs ont fait ovuler
les lapines lorsqu'elles ont eu atteint 16 semaines. Ils ont constaté que
les lapines élevées au chaud ont produit environ deux ovules de
moins par ovulation que celles élevées en conditions plus tempérées
: 7,4 contre 9,2. Cette différence est essentiellement la conséquence
du plus faible développement corporel à 16 semaines des lapines
élevées à 30°C par rapport à celles élevées
à 23°C : poids de 2,45 contre 2,93 kg. En effet quand on considère
le nombre d'ovules par classe de poids, on constate d'une part qu'à poids
identique le taux d'ovulation des lapines est similaire quelque soit la température
d'élevage et d'autre part qu'il s'accroît avec le poids vif des femelles. Les
différents essais conduits par le monde ont montré qu'en adaptant
finement la composition l'alimentation des lapins on peut atténuer l'effet
néfaste de la chaleur sur la consommation et surtout sur la croissance,
mais jamais cet effet ne peut pas être totalement "gommé".
La conséquence est qu'à génotype initial identique, les lapins
élevés en milieu chaud tendent à avoir un poids adulte plus
faible que ceux élevés en milieu tempéré. | |
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