Le
principe de séparation
crottes-urine :
une idée déjà ancienne mais qui n'avait pas
abouti
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L'idée
de base est de permettre aux urines et aux liquides en général
de s'évacuer rapidement du dessous des cages, sans réhydrater
les crottes. En effet, lors de leur émissions, les crottes
de lapin ont une teneur en eau d'environ 50% (variable en fonction
du régime alimentaire). De plus les crottes ont la forme
approximative de billes de 0,5 à 1 cm de diamètre
environ en fonction de l'âge des lapins et du régime
alimentaire (teneur en fibres principalement). Lorsqu'elles se déposent,
ces billes laissent entre elles un espace rempli d'air facilitant
le séchage naturel, à moins que des liquides ne viennent
occuper les espaces vides. L'idée de Ph. Picard a donc été
d'assurer une séparation immédiate des crottes de
tout liquide. En effet le système classique de racleur mélange
crottes et urines (+ eau tombée des abreuvoirs). Le mélange
contient alors environ 20% de matière sèche, voire
beaucoup moins. La seule solution de stockage est la fosse à
lisier (problèmes de volume, d'odeurs, d'étanchéité,
...) périodiquement vidée. Le produit extrait ne peut
qu'être épandu sur les terres agricoles (contraintes
de surfaces minima, d'environnement ) avec du matériel spécialisé.
En fait l'idée
de séparer crottes et urine dès l'émission
avait déjà été développée
il y a plusieurs années avec l'utilisation de tapis plus
ou moins perforés placés sous les cages et totalement
vidés en général chaque jour. Certains avaient
même eu l'idée d'extraire d'air du local à travers
le tapis pour sécher les crottes pratiquement sur place (système
Dervako). Quand ils étaient neufs, ces systèmes au
prix de revient nettement plus élevé que celui d'un
simple racleur, marchaient assez bien. Mais sur le long terme, ils
présentaient plusieurs inconvénients graves. En effet,
pour éviter que les orifices ne se bouchent, il fallait laver
énergiquement le tapis très régulièrement
(grosse production de liquides pollués) mais surtout de temps
à autre le tapis se bloquait (problème mécanique
d'entraînement, panne électrique, ...) ou plus grave
se déchirait en raison des problèmes d'usure normaux
mais quasi impossible à prévoir avec précision.
Le prix élevé poussait en effet l'éleveur à
utiliser les tapis coûteux jusqu'au bout, jusqu'à la
rupture. Il était alors très compliqué de réparer
car les lapins continuaient gentiment à produire leurs déjections
sur le tapis "accidenté" ou à la place qu'il
aurait dû occuper avant rupture. Bref, ce système n'a
jamais eu beaucoup d'adeptes et dès que possible les rares
adeptes sont revenus à des systèmes plus classiques
d'évacuation des déjections.
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Exemple
de séparation des crottes et des urines à la
source et évacuation par tapis transporteur perforé.
Un concept qui n'a jamais bien fonctionné sur le long
terme
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Une
forme en V avec fente, puis en W |
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Le premier modèle
conçu par Philippe Picard consistait en un forme en V placée
sous les cages. Une fente étroite de 4 mm de large au fond
du V, laisse passer les liquides qui sont alors recueillis dans
la goulotte sous-jacente. Il faut savoir que les lapins en croissance
ont tendance à déféquer pendant qu'ils mangent.
De ce fait, les crottes tombent à l'aplomb de la façade
des mangeoires. Comme les mangeoires sont en angle au fond des cages
dans le cas le plus courant actuel (alimentation automatique) les
crottes tendent à s'accumuler au fond de V rendant imparfaite
l'évacuation des liquides si la pente est insuffisante. Comme
les lapines adultes défèquent à poste fixe
à l'opposé de l'entrée de la boite à
nid, donc au fond de la cage elles aussi, le problème est
le même avec les mères qu'avec les jeunes : mauvaise
séparation crottes / urine si la pente est insuffisante..
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La
solution a été trouvée en donnant à la
forme un profil en W et en mettant une goulotte au fond de chacune
des 2 parties creuses du W. Cette forme est bien adaptée pour
les fosses de 2 m de large . Par contre pour les fosses plus étroites
(en particulier les fosses existantes) la forme V donne satisfaction
car il est possible d'y donner assez de pente pour l'évacuation
des liquides. |
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Une
lame de décolmatage et un "obus" pour curer les goulottes. |
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La deuxième
idée originale et probablement la plus importante (elle aussi
brevetée) a été de mettre dans chacune des
fentes de 4 mm une lame de décolmatage solidaire du racleur
passant sur la forme en W (ou en V) lors de chaque évacuation
des crottes. En outre un obus en plastique guidé par la lame
de décolmatage cure le goulotte et repousse vers la sortie
les liquides au cas où il n'aurait pas été
possible de donner une pente bien régulière à
l'ensemble. De ce fait le goulotte est toujours en mesure d'évacuer
les liquides même visqueux comme l'urine de lapin.
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Au
plan pratique, la forme en W (ou en V) est fabriquée en polyéthylène
rotomoulé d'une épaisseur de 10 à 13 mm selon
les parties de la forme. La goulotte est solidaire de l'ensemble et
les fentes de 4 mm sont pratiquées après fabrication,
sans affaiblissement de l'ensemble. |
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un élément en plastique rotomoulé
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L'obus et la lame de décolmatage
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Les éléments
fabriqués en atelier avec du polyéthylène recyclé
sont transportés sur un simple semi-remorque jusqu'à
leur lieu d'utilisation |
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Mise en place des éléments en W simplement sur
le sol compacté avant la construction du bâtiment
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Les éléments sont bien alignés puis collés
entre eux avec une colle adaptée, avant que les allées
soient coulées
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Les allées de circulation sont coulées ensuite,
englobant une partie de chaque élément, ce qui
l'immobilise définitivement
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Mise en place d'éléments en W dans une fosse
de raclage préexistante
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Un
racleur spécial en W a été fabriqué par
les Ets Chabeauti |
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Le raclage des
crottes sur les éléments est assuré par un racleur
spécial en forme de W. Pour éviter d'usure prématurée
du plastique lors des raclages successifs, le racleur repose lui même
sur une partie de chaque élément qui a été
garnie de béton, et la lame de raclage a une lèvre en
caoutchouc. |
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Sur cette photo de sortie de raclage on voit nettement que
les crottes étaient concentrées sur la partie
centrale du W |
Lorsque les crottes tombent dans la fosse de stockage on voit
clairement qu'elles sont bien séparées les unes
des autres et donc "sèches" |
Dès le début du stockage, des moisissures blanches
commencent à se développer sur les crottes,
signe qu'elles sont sèches et bien aérées |
Au bout des canalisations provenant des goulottes, c'est de
l'urine de lapin à peine diluée qui sort (fonction
de la qualité des abreuvoirs) |
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Le
compostage et la vente du compost : une solution pour l'évacuation
des déjections hors de l'exploitation
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Après
leur évacuation hors du bâtiment, les crottes peuvent
être stockées à l'abri de la pluie pour éviter
qu'elles se réhydratent, puis épandues sur des terres
agricole si l'éleveur dispose des surfaces suffisantes. L'autre
solution consiste à faire un compostage sous abri pendant une
durée de 6 mois avec deux retournements mécaniques du
tas. Après ce délai on obtient un compost aux normes
NFU 44051, légèrement alcalin (pH 8) composé
à 100% de déjections de lapin et contenant 70% de matière
sèche dont 1,8% d'azote 2% de P2O5
et autant de K2O. Ce compost est
commercialisé via Elaptis sous le nom «FertiBunny®».
Il fait l'objet d'une fiche
technique détaillée incluant les conditions possibles
d'utilisation.
L'un des grands avantages du compostage, est qu'il permet de vendre
hors de l'exploitation la majorité des déjections des
lapins. Cela permet à l'éleveur de se libérer
en grande partie d'un plan d'épandage toujours très
contraignant : maximum 100 kg de phosphore (P2O5)
par hectare et par an dans beaucoup des départements du grand
Ouest et maximum 170 kg d'azote /ha et /an en général.
De leur côté,
les liquides évacués via les goulottes contiennent
environ 50% d'urine de lapin et 50% d'eau. Ils peuvent être
épandus sur les terres agricoles avec une tonne à
lisier classique (moins de 1% d'azote). La composition moyenne est
la suivante : matière sèche : 1,67% - azote total
(N) : 0,9% et phosphore (P2O5)
: 0,025%.
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Le système
PROLAP est commercialisé par Elaptis
sur tout le grand Ouest et par les Ets
Chabeauti pour le reste de la France.
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