CUNICULTURE Magazine Volume 40 (année 2013)  pages 19 à 23

Lu pour Vous

MALADIES des LAPINS

par

S. Boucher et L. Nouaille

Editions France Agricole

Paru en 2013 - 356 pages

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Les docteurs vétérinaires Samuel BOUCHER et Loïc NOUAILLE appartenant tous deux au Cabinet Labovet Conseil (groupe Cristal) des Herbiers (Vendée), ont publié en 2013 la 3ème édition de leur ouvrage de référence consacré aux maladies des lapins. Par rapport aux versions antérieurs celle-ci a été fortement enrichie et consacre un grande place à la prévention des maladies en plus de la description de chacune des maladies et de leur traitement. Tous les types d'élevages sont pris en considération aussi bien la production commerciale de masse, que l'élevage de lapins de races ou d'exposition ou encore celui des lapins de compagnie vivant avec l'homme, mais isolés des autres lapins.

Basés au sein du premier département français de production de lapins, ils ne limitent pas leur action à cette seule région et ont acquis une longue expérience dans le secteur de la production de lapins de chair en France. Samuel Boucher est aussi membre du conseil d'administration de la FFC (Fédération des éleveurs de lapins de race et fixation des standards) ainsi que de celui de l'ASFC (branche française de la World Rabbit Science Association). Enfin, il assure la présidence de l'Association des Vétérinaires Cunicoles Français (AVCF)

 

L'ouvrage broché au format 16,5 x 23 cm est très fortement illustré par plus de 225 photos, 50 tableaux et 40 graphiques. Il est divisé en 10 grandes parties et 58 chapitres résumés ci après:

  1. Anatomie et physiologie simplifiée du Lapin : pratique de l'autopsie (pages 1 à 14) - anatomie et physiologie, pratique de l'autopsie
  2. Techniques d'élevage et pathologie (pages 15 à 30) - pathologie du lapin et réussite en cuniculture, conduite d'élevage et pathologie, conduite d'élevage et performances de reproduction.
  3. Approche des maladies par grands syndromes (pages 31 à 48) - Diarrhées, syndrome respiratoire, syndrome de mortalité au nid
  4. Maladies bactériennes (pages 49 à 126) - colibacilloses, entérotyphlites, entérotoxémies, salmonelloses, klebsiellose, staphylococcie, pasteurelloses, mycoplasmoses, tularémie, chlamidiophylose, listériose, tuberculose et pseudotuberculose, syphylis à tréponèmes.
  5. Maladies virales (pages 127 à 148) - VHD , Myxomatose, Viroses intestinales.
  6. Maladies parasitaires (pages 149 à 210) - nématodes, trématodes, cestodes, protozoaires flagellés (lambliose), encéphalitozoonose, cryptosporidioses, toxoplasmose, coccidioses, champignons internes (aspergillose, pneumocystose), dermatologie parasitaires due aux acariens (gales, ...), aux insectes (puces, aoûtats, ...) ou aux champignons (teignes, candidoses)
  7. Intoxications et intoxinations (pages 211 à 224) - intoxications alimentaires, environnemental et médicamenteuses, mycotoxicoses, intoxication à l'ammoniac
  8. Métabolisme, génétique, idiopathies (pages 224 à 282) - dégénérescence graisseuse du foie, maux de pattes ou pododermatite, calcification de l'aorte et des reins, colite mucoïde, parésie cæcale, entéropathie épizootique du lapin (EEL), hydrocéphalie du lapereau au nid, le lapin et la chaleur, races de lapins, maladies génétiquement déterminées.
  9. Techniques et pathologie (pages 283 à 306) - laboratoire d'analyse, injections, vaccins et prises de sang, anesthésie pratique du lapin.
  10. Traitements et prophylaxie (pages 307 à 330) - aspect pratique de l'utilisation des médicaments en élevage, nettoyage, désinfection et vide sanitaire, désinsectisation, programmes prophylactiques.

Enfin l'ouvrage se termine par une abondante bibliographie, un glossaire et quelques adresses utiles, ainsi que par la liste complète des photos, tableaux et figures.

Quel exemples de pages de l'ouvrage
illustrant sa présentation

 
Pour cette 3ème édition , les auteurs ont réécrit le préambule et l'introduction de l'ouvrage. Nous les reproduisons intégralement ci-après, en raison du message qu'il contiennent en matière de relations qu'éleveurs, vétérinaires ou techniciens doivent désormais avoir par rapport à la pathologie en élevage cunicole.
PRÉAMBULE  

L'effort de rédaction d'un livre de pathologie cunicole ne s'est justifié que par reconnaissance envers les éleveurs. Ils exercent un métier difficile et complexe, avec talent parfois, avec courage toujours. A travers nos échanges, nous avons beaucoup donné mais aussi beaucoup reçu. La cuniculture est une école de technicité et d'humilité. C'est donc avant tout pour eux que ce livre a été écrit, pour restituer ce que nous avons appris, étudié, grâce à eux et avec eux depuis de nombreuses années. Ce livre les aidera peut-être a mieux comprendre ou affronter les situations délicates et à connaître, comme nous avons aussi connu, heureusement la joie des situations rétablies et maîtrisées. Un grand merci également à nos amis de la cuniculture avec qui nous avons fait un beau bout de chemin. Ils se reconnaîtront, nous en sommes certains.

L'entéropathie épizootique du lapin (EEL), apparue en 1996, nous a obligé à modifier notre approche de la maladie et nous a confortés dans notre choix d'associer la zootechnie et le risque sanitaire. Grâce à cet effort, une fois passée la funeste période de la réactivité de survie et des hypothèses hâtives concernant un virus meurtrier, le bon sens a prévalu et a permis a tous les acteurs des avancées considérables en matière de maîtrise de la production. En résumé, on appelle ça le progrès.

La lutte contre l'antibiorésistance est actuellement l'une de nos priorités nationales. Notre activité s'inscrit pleinement dans cette démarche qui nous pousse chaque jour à chercher comment soigner tout en préservant les antibiotiques — critiques ou non — pour l'homme. Depuis la première édition du livre, 17 années se sont passées, laps de temps qui nous permet de mesurer l'évolution de notre médecine, toujours plus technique, mais qui prend aussi en compte aujourd'hui, les questions d'environnement et d'avenir de la planète. De productiviste et nourricière, la production du lapin de chair se fait plus réfléchie, sa médecine s'adapte et suit.

                                                                                                                Loïc Nouaille et Samuel Boucher

INTRODUCTION de l'ouvrage

Les enseignements importants de 10 ans d'entéropathie

    Il y a plus de 10 ans, l'«enterocolite» (appelée plus justement aujourd'hui entéropathie épizootique du lapin ou EEL) a frappé les élevages français. Devant les mortalités brutales et importantes, la recherche des premiers traitements visant à contrôler les effets de la maladie a. été l'urgence du moment. Mais, progressivement, grâce à l'observation des élevages, à la comparaison des techniques et à l'expérimentation de nouvelles pratiques, certaines certitudes ont vu le jour. Elles ont permis de progresser dans la maîtrise de la production en changeant la vision de la pathologie, la maladie pouvant être contrôle par des mesures autres que médicamenteuses.
     1ère mesure: la maternité doit rester la priorité
    Il n'y a pas de lapins faciles à engraisser s'ils ne sont pas issue d'une maternité de qualité. Une maternité de qualité, c'est d'abord un ensemble de reproducteurs de qualité. La qualité du reproducteur repose sur 3 critères
  • absence de pathologie latente ;
  • bon développement corporel ;
  • capacité de production : fécondité, prolificité, allaitement.
Tout écart à ces critères doit engendrer le plus grand scepticisme à considérer l'animal comme apte à la production de lapereaux. Si l'animal est maintenu, il produira des petits à risques.
     2ème mesure : le cheptel étant potentiellement apte, il faut l'alimenter à la mesure de son potentiel
    Toute insuffisance nutritionnelle conduit à la fragilisation d'abord des femelles, et de leurs lapereaux ensuite. La recherche d'un aliment adapté doit être un effort constant. Trop de laxisme, trop d'expérimentations sont néfastes à la bonne marche de l'élevage et nuisent aux performances. Les indicateurs majeurs servant de clignotants sont la fécondité, la prolificité, l'état général des femelles, le poids des lapereaux au sevrage. Ces critères en disent plus que l'étiquette de l'aliment. Soyons pragmatiques, observons et suivons ces critères dans le temps.
     3ème mesure : exercer une pression de sélection
    Pour être économiquement compétitif face aux dangers de l'EEL, ii faut enchaîner les bonnes bandes et donc stabiliser l'élevage en évitant que sa qualité ne se délite avec le temps. La sélection permanente des meilleurs reproducteurs grâce à un renouvellement piloté devient une mesure stratégique. La reforme active des animaux qui pénalisent les performances de l'élevage est une mesure fondamentale pour élever la qualité. Tout reproducteur en dessous de la performance globale attendue est susceptible d'être remplacé. Cela doit être réalisé par anticipation, avant que l'animal ne soit maigre ou malade, sinon c'est une reforme justifiée mais trop tardive.
     4ème mesure : travailler la qualité du lapereau
    Reste à effectuer quelques efforts pour améliorer la résistance du lapereau. Le travail au nid s'effectue pendant la première semaine de lactation afin d'éviter un mauvais démarrage, synonyme d'hétérogénéité. Le but est d'obtenir des petits bien développés et homogènes. Faute d'attention, les lapereaux peuvent souffrir, mal s'alimenter; l'éleveur doit donc corriger les insuffisances de la mère. Le travail au nid est devenu fondamental et demande un vrai savoir-faire:
  • éliminer les petits lapereaux très tôt;
  • homogénéiser les portées en évitant de mélanger les gros et les petits lapereaux. Il faut réussir cette opération sans trop manipuler ni trop mélanger, en travaillant vite pour ne pas perturber la lapine ;
  • regrouper les petits sous de bonnes femelles en limitant la portées en fonction de la capacité de la femelle. Le but recherché est que les lapereaux rattrapent leur retard de croissance, la surveillance des nichées douteuses doit donc être quotidienne ;
  • disposer d"une réserve de lapereaux (nids supplémentaires non attribués) alimentés par des doubles tétées pour pouvoir remplacer les lapereaux déficients ou disparus.
     5ème mesure : rationner le lapin en engraissement
   

La relation "rationnement - moindre risque d'EEL" est prouvée. Avec une restriction alimentaire, le lapin digère mieux. C'est donc l'arme de choix en engraissement pour prévenir la maladie. De 70 à 80 g au sevrage, on peut ensuite augmenter la ration sur une base de 2 g par jour. Pour ce qui est du rationnement par l'eau, il n'est pas applicable dans tous les élevages, car il nécessite des lapins de qualité et un éleveur de talent.

 

EN CONCLUSION   L'EEL a conduit a un pilotage visant la qualité et la régularité. Progressivement, les meilleurs entrent dans le cercle vertueux de la stabilité, de la baisse des coûts, et de la « démédication » (jargon professionnel signifiant la diminution de l'usage des médicaments).
Les nouveaux impératifs de l'élevage cunicole en 2012
    Avec les enseignements de la lutte contre l'EEL, les premières mesures et les premiers progrès ont été techniques. Ils ont été énumérés précédemment. Malgré les bienfaits de ces enseignements et les progrès réalisés, une nouvelle étape s'impose, car si les techniques galopent, trop souvent les mentalités cheminent. La cuniculture moderne post-EEL doit bâtir les fondations d'une nouvelle ère fondée sur la méthodologie de pilotage. Il ne s'agit pas de choix techniques mais d'un type d'approche et de suivi : se recentrer sur l'essentiel.
     1er impératif : il faut produire et répéter la performance de bande en bande
    Bien avant les critères hautement surveillés et analysés que sont la mortalité ou la médicalisation (tant pour son coût que pour son aspect médiatique), un critère économique majeur est souvent subi avec fatalité, considéré comme conjoncturellement fluctuant alors n'en est rien : la reproduction est l'élément déterminant de la base économique de l'élevage, le facteur numéro 1 de la réussite économique, à tel point que tout élevage devrait se fixer comme premier objectif un taux de fécondité de 85 % et un maximum de nés vivants. Objectif important puisqu'il influence le résultat économique, mais aussi parce que cet objectif indirectement nécessitera un cheptel de haute qualité. En fait, une fécondité et une prolificité élevées sont a la fois des objectifs à atteindre et de bons indicateurs du niveau du cheptel. Tous les acteurs de la filière savent que de telles performances sont réalisables mais doivent désormais les fixer comme un enjeu de la compétitivité, et donc les planifier comme un objectif pour chaque élevage.
     2ème impératif : apprendre à piloter l'élevage
   

Les documents de suivi existent mais sont presque toujours mal exploités, car ils offrent un instantané et ne sensibilisent pas aux tendances. Ils sont l'appareil photo alors que l'éleveur moderne a besoin d'une caméra. Désormais, l'éleveur doit s'en fabriquer une lui permettant de lire d'où il vient et où il va. L'évolution d'un cheptel est un phénomène lent et progressif. L'accident sanitaire est toujours vécu comme un phénomène accidentel et explosif, où l'on passe de la santé à la maladie. Il en va tout autrement dans l'intimité des faits. Les dégradations sont progressives, lisibles, mais inapparentes et inaperçues jusqu'à un stade où la fragilité est telle que la maladie apparaît enfin sous son visage plus classique. C'est souvent très préjudiciable, car le redressement demandera plusieurs bandes, l'intervention étant trop tardive. En 2013, l'élevage cunicole ne peut plus supporter économiquement deux bandes successives avec de gros problèmes: faut donc anticiper grâce au pilotage de l'élevage.

Piloter, c'est se protéger de l'ignorance et de la surprise. Les données que l'on découvre dans une gestion technique d'une bande n'ont pas l'innocence qu'on leur prête. Il convient d'apprendre à les exploiter par une lecture intelligente qui permettra de situer les risques.

     3ème impératif : se fabriquer une méthode de pilotage
   

Quelques critères sont le reflet de l'équilibre de l'atelier cunicole. C'est aux acteurs de les suivre, et de savoir les exploiter.

Quatre critères d'aptitude à produire
• Fécondité.
• Prolificité.
• Sevrés par portée.
• Etat général des femelles : poids, taux de maux de pattes.

Ces critères sont suivis de bande en bande en analysant surtout leur évolution dans le temps, qui montre des tendances pleines de signification. Toute dégradation indique surmenage et fragilisation. A partir de là, le microbisme peut prendre des relais dangereux.

Quatre critères sanitaires
• Mortalité des femelles.
• Mortalité des lapereaux au nid.
• Mortalité des jeunes en engraissement.
• Résultats de l'autopsies des animaux morts.

De la même manière, ces critères sont suivis de bande en bande, avec établissement des tendances dans le temps. La façon de consigner les données conditionne la lisibilité et la pertinence de l'analyse. Nous conseillons de pouvoir lire sur le même document l'ensemble des 8 critères retraçant les 5 dernières bandes (il faut exclure l'utilisation de moyennes et s'en tenir aux seuls chiffres vraiment obtenus). Très vite, on apprend ainsi à lire les signes précurseurs des dérèglements. On peut ainsi intervenir précocement.

   

Cet ouvrage de 384 pages au total (ISBN 13 : 978-2-85557-246-8) est disponible aux Editions France Agricole - 8 cité paradis - 75493 PARIS cedex 10 , au prix de 55 € TTC.

Il est également disponible dans les bonnes librairies et sur le Web à la Galerie Verte (le site E-Commerce de la France Agricole), à l'URL :
                   http://www.lagalerieverte.com/maladie-des-lapins.html


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