La
Biologie du Lapin par François LEBAS Directeur de Recherches honoraire de l'INRA |
4-1 Quelques rappels d'anatomie : situation chez l'adulte
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La bouche
L'oesophage | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L'estomac |
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Retour haut de page | Chez
le très jeune lapereau (1ère semaine) la paroi stomacale
secrète une pepsine dont le pH optimum est situé vers 1,8
- 2,4, ainsi que qu'une autre peptidase la rennine ou chymosine (pH optimum
vers 3,4 - 3,8). A partir de 21 jours, le pH optimum de la pepsine s'abaisse aux
environs de 1,2-1,8 tandis que la rennine n'est plus décelable chez le
lapin de 45 ou 60 jours. Pendant la période d'allaitement, cette endopetidase
est responsable de la coagulation du lait dans l'estomac par rupture de la chaîne
de kappa-caséine. La sécrétion de pepsine ne devient quantitativement
importante qu'à partir de l'âge de 30 jours environ. A l'inverse
la lipase gastrique secrétée par une petite zone de la paroi
stomacale autour du cardia a sa production maximum chez le lapereau de 30 jours,
puis elle décroît rapidement entre 30 et 60 jours puis jusqu'à
180 jours. Elle n'est plus mesurable chez l'adulte. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
L'intestin grêle | L'intestin
grêle qui fait suite au pylore mesure environ 3 m de longueur pour un
diamètre d'environ 0,8 à 1 centimètre. Il est classiquement
divisé en duodénum, jéjunum et iléon,
la partie terminale. Le canal cholédoque qui apporte
la bile en provenance du foie débouche au début du duodénum,
immédiatement après le pylore. Son ouverture dans le duodénum
est régulée par le sphincter d'Oddi. Rappelons que chez le
lapin la bile est sécrétée pratiquement en continu
par le foie, puis stockée dans la vésicule biliaire avant
son évacuation. Le canal pancréatique débouche
vers la fin du duodénum à environ 40 cm du pylore. Sur la paroi,
on observe de place en place des plaques de tissu lymphoïde d'environ
1 à 2 cm de diamètre. Il s'agit des plaques de Peyer. Les
multiples glandes présentes dans la paroi de l'intestin grêle secrètent
de nombreuses enzymes qui viennent compléter celles sécrétées
par le pancréas.
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Le cæcum | Cet
intestin grêle débouche à la base du cæcum par
le "sacculus rotondus" qui contient la valvule iléo-cæcal.
Sa paroi est constituée de tissu lymphoïde. Le cæcum
forme un second réservoir qui mesure environ 40-45 cm de longueur
pour un diamètre moyen de 3 à 4 centimètres. Il contient
100 à 120 g d'une pâte homogène ayant une teneur en
matière sèche (MS) de 22 pour cent en moyenne et un pH proche de
6 (figure 13 ci-après). La paroi du cæcum s'invagine selon une spirale
qui fait 22 à 25 tours ou spires, augmentant ainsi la surface de muqueuse
au contact du contenu cæcal.
A son extrémité, l'appendice caecal (10-12 cm) a un diamètre
nettement plus faible. Sa paroi est constituée de tissus lymphoïde.
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Figure
13 : Évolution nycthémérale du pH cæcal chez de jeunes
lapins de 5 semaines et chez des sujets adultes (18 semaines), d'après
Bellier 1994. (Alimentation à volonté - ingestion
de cæcotrophes observée de 4 h à 12 h chez les jeunes, et
de 8 h à 14 h chez les adultes) | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Très près de l'abouchement de l'intestin grêle, c'est-à-dire de "l'entrée" du caecum, se trouve aussi le départ du côlon, autrement dit la "sortie". De ce fait, le caecum apparaît comme une impasse branchée en diverticule sur l'axe intestin-grêle-côlon (figure 11). Les études de physiologie montrent cependant que cette impasse-réservoir est un lieu de passage obligé; le contenu circule de la base vers la pointe en passant au centre du caecum, puis revient vers la base, le long de la paroi.
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Le côlon |
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Conclusion sur l'anatomie du tube digestif
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Effet de l'âge
Cas de la lapine reproductrice
Conséquences sur le rendement à l'abattage |
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Les particules alimentaires consommées par le lapin arrivent rapidement dans l'estomac. Elles y trouvent un milieu très acide, y séjournent quelques heures (2 à 4 environ), mais y subissent peu de transformations chimiques. En fait, il y a une forte acidification entraînant la solubilisation de nombreuses substances, ainsi qu'un début d'hydrolyse des protéines sous l'action de la pepsine. Le contenu de l'estomac est progressivement "injecté" dans l'intestin grêle par petites salves grâce aux puissantes contractions stomacales.
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de l'estomac à l'intestin grêle |
Dès l'entrée
dans l'intestin grêle, le contenu est dilué par l'afflux de bile,
par les premières sécrétions intestinales et enfin par le
suc pancréatique. Sous l'action des enzymes contenues dans ces deux sécrétions,
les éléments aisément dégradables sont libérés,
franchissent la paroi de l'intestin et sont répartis par le sang en direction
des cellules de l'organisme après le passage obligé par le foie
(système porte). Les particules non dégradées, après
un séjour total d'environ 1 heure 30 dans l'intestin grêle, entrent
dans le caecum. Elles vont obligatoirement y séjourner un certain temps
(de 2 à 12 heures). Pendant cette période elles subissent une attaque
par les enzymes des bactéries vivant dans le caecum. Les éléments
dégradables par cette nouvelle forme d'attaque sont libérés
(acides gras volatils principalement) et à leur tour franchissent la paroi
du tube digestif, puis sont repris par le sang. Le contenu du caecum à
son tour est évacué vers le côlon. Il est constitué
approximativement, pour moitié, par des particules alimentaires grosses
et petites n'ayant pas été dégradées antérieurement
et, pour l'autre moitié, par le corps des bactéries qui se sont
développées dans le caecum aux dépens des éléments
arrivant de l'intestin grêle et des restes de sécrétions digestives
provenant de l'intestin grêle.
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le fonctionnement alternatif du côlon proximal : base de la dualité d'excrétion |
Jusqu'à ce stade, le fonctionnement du tube digestif du lapin n'est pas réellement différent de celui des autres monogastriques. Par contre, l'originalité est située dans le fonctionnement dualiste du côlon proximal. En effet, si le contenu caecal s'engage dans le côlon au cours du début de la matinée, il y subit peu de transformations biochimiques. La paroi colique sécrète un mucus qui enrobe progressivement les boules de contenu que les contractions de la paroi ont permis de former. Ces "boules" se trouvent réunies en grappes allongées. On les nomme crottes molles ou, plus savamment, "caecotrophes". Si, par contre, le contenu caecal s'engage dans le côlon à un autre moment dans la journée, son sort est différent. En effet, on observe alors dans le côlon proximal des successions de contractions de sens alterné, les unes tendant à évacuer "normalement" le contenu, les autres, à l'inverse, à le refouler vers le caecum. En raison des différences de puissance et de vitesse de déplacement de ces contractions, le contenu est en quelque sorte essoré comme une éponge que l'on presse. La fraction liquide, contenant les produits solubles et les petites particules (moins de 0,1 mm), est en grande partie refoulée vers le caecum, tandis que la fraction "solide", renfermant surtout les grosses particules (plus de 0,3 mm), forme les crottes dures qui seront évacuées dans les litières. En effet, grâce à ce fonctionnement dualiste, le côlon fabrique deux types de crottes: des crottes dures et des caecotrophes. Leur composition chimique est fournie au tableau 3.
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dualité d'excrétion et caecotrophie
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Temps moyen de séjour des aliments dans le tube digestif | Quand
tout est normal, en fin de matinée, on retrouve les caecotrophes en grand
nombre dans l'estomac où ils peuvent représenter jusqu'aux trois
quarts du contenu. A partir de ce moment, le contenu des caecotrophes suit une
digestion identique à celle des aliments "normaux". Compte tenu
des fractions éventuellement recyclées une, deux voire 3 ou 4 fois,
et de la nature des aliments, le transit digestif du lapin dure de 15 à
30 heures environ (20 heures en moyenne). Le fonctionnement général
du tube digestif est schématisé sur la figure 17 ci dessous . | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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Valeur
nutritive des caecotrophes Retour haut de page | Il
convient de rappeler que le contenu des caecotrophes est constitué pour
moitié par des corps bactériens, et pour l'autre moitié par
des résidus alimentaires non totalement dégradés, ainsi que
par des restes des sécrétions du tube digestif. Les corps bactériens
représentent un apport appréciable de protéines de bonne
valeur biologique, ainsi que des vitamines hydrosolubles. La pratique de la caecotrophie
présente donc, a priori, un intérêt nutritionnel non
négligeable. Chez un lapin sain recevant un aliment complet équilibré,
la pratique de la caecotrophie fournit à l'animal environ 15 à 25%
des protéines ingérées quotidiennement et la totalité
des vitamines B et C. Toutefois, si le mode de régulation et les quantités émises en limitent l'impact quantitatif vis à vis des protéines, l'apport est essentiel pour les vitamines hydrosolubles. De ce fait, un apport externe de vitamines hydrosolubles est souvent conseillé lorsqu'il existe un risque de perturbation digestive chez les lapins, comme c'est le cas pour les jours suivant le sevrage. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Le
rôle du lest (des fibres) | Par
contre, ce mode de fonctionnement particulier nécessite un apport
de lest sous forme grossière. En effet, si l'aliment contient peu de
particules grossières et/ou si celles-ci sont hautement digestibles, le
refoulement vers le caecum fonctionne à son maximum et le contenu caecal
s'appauvrit en éléments capables de nourrir les bactéries
"normales" vivant dans le caecum. De ce fait, il apparaît un risque
élevé de voir se développer des bactéries différentes
dans ce milieu appauvri, une partie d'entre elles risquant d'être nocives.
Il convient donc d'apporter, par voie alimentaire, un lest minimal qui permette
aux animaux d'assurer un temps de séjour cæcal réduit et donc
un transit digestif rapide. Classiquement, le lest alimentaire était appréhendé par la teneur en cellulose brute de l'aliment, mais ce mode d'expression reste peu précis. Aujourd'hui, les recommandations portent sur des apports minimums de ligno-cellulose (ADF) et de lignine. La figure 18 illustre le rôle de la quantité de fibres ingérée (composition fixe) sur les temps de séjour de l'aliment dans les différents segments du tube digestif. Il faut en retenir que les effets sur les temps de séjour dans l'estomac et dans l'intestin grêle tendent à se compenser, et les écarts entre les alimentations extrêmes ne dépassent pas 2 heures. Par contre, l'effet d'un apport réduit de fibres sur le temps de séjour du bol alimentaire dans le cæcum a une beaucoup plus grande amplitude, puisque ce temps passe de 9h 40 min. à 21h 30 min. avec l'apport le plus faible de fibres. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Peu de fibres dans l'aliment conduit à un séjour prolongé des aliments dans les parties distales du tube digestif |
Figure
15 : Temps de séjour dans les différents segments digestifs après
ingestion de quantités contrôlées de fibres (NDF) variant
de 26 à 44 g par jour (d'après Gidenne 1994) | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Rythme d'ingestion et rythme de caecotrophie sont liés | La
régulation de la caecotrophie est dépendante de l'intégrité
de la flore digestive et soumise au rythme d'ingestion. En effet, l'ingestion
des caecotrophes est observée dans un délai de 8 à 12 heures,
soit après le repas chez les lapins rationnés, soit après
le pic d'ingestion chez les animaux nourris à volonté. Chez ces
derniers, le rythme d'ingestion et, par voie de conséquence celui de la
caecotrophie, est le résultat du rythme lumineux auquel ils sont soumis. Il faut signaler par ailleurs que la caecotrophie est également sous la dépendance de régulations internes encore mal connues. En particulier, l'ablation des glandes surrénales entraîne un arrêt de la pratique de la caecotrophie, et des injections de cortisone à ces animaux surrénalectomisés permettent de restituer un comportement normal. Ainsi, le transit digestif du lapin semble sous la dépendance étroite des sécrétions d'adrénaline. Une hypersécrétion associée à un stress entraîne un ralentissement de la motricité digestive et un risque élevé de troubles digestifs (mêmes conséquence qu'une carence en fibres alimentaires). Enfin, le comportement de caecotrophie apparaît chez le jeune lapin (domestique ou sauvage) aux environs de 3 semaines d'âge, au moment où les animaux commencent à consommer des aliments solides en plus du lait maternel. | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Biologie du Lapin - Fin des sous-chapitres 4.1 à 4.3 " Appareil digestif et Digestion" | |||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||