La
Biologie du Lapin par François LEBAS Directeur de Recherches honoraire de l'INRA |
Conditions d'observation | Les
études de comportement alimentaire ont principalement porté
sur des lapins recevant des aliments complets équilibrés,
ou lors des études de préférence alimentaire sur
des aliments présentés secs (grains, pailles, fourrages
secs, etc...). Toutefois différentes études du lapin en
semi-liberté et du lapin de garenne permettent de mieux comprendre
le comportement alimentaire du lapin domestique élevé classiquement
en cage ou en parcs. |
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1- Rythme d'ingestion | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
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La première tétée est très généralement effectuée pendant la parturition elle-même. Le rythme des tétées est ensuite imposé par la mère. Celle-ci vient allaiter ses petits une seule fois par 24 heures. La tétée proprement dite ne dure que 2 à 3 minutes et la femelle ne procure pas d'assistance directe aux lapereaux, elle se contente de se positionner correctement au dessus de la portée pour donner un bon accès à toutes les tétines. Parfois, certaines lapines donnent à téter deux fois par 24 heures et certaines viennent visiter leur nid plusieurs fois par jour, laissant croire à certains "observateurs" qu'il y aurait allaitement jusqu'à 4 ou 5 fois par jour. L'absence de l'intérêt de tétées multiples a d'ailleurs été démontré il y a près de 40 ans lorsque des chercheurs ont trouvé des croissances identiques chez les lapereaux nourris par des mères pouvant allaiter une seule, ou deux fois par jours ou sans restriction d'accès au nid. Ces résultats ont été confirmé plus récemment par exemple par Tudela et Balmisse en 2003 qui ont monté que si 2 tétées par jour permettent aux lapereaux d'obtenir un plus grand volume de lait (+8%), la quantité totale d'éléments nutritifs obtenue est la même puisque le poids moyen des lapereaux à 21 jours est rigoureusement identique dans les 2 situations comme cela avait été antérieurement démontré (tableau 4.1).
Tableau 4.1 : Production laitière
de lapines donnant à téter une seule ou deux fois par
24 h à des portées égalisées
à 9 lapereaux à l'âge de 1 jour . Deux portées consécutives par lapine, rythme d'allaitement alterné entre les 2 portées. (D'après Tudela et Balmisse , 2003) Éventuellement, lorsque la quantité de lait est insuffisante, des lapereaux essaient de téter leur mère chaque fois que celle-ci entre dans la boîte à nid, mais cette dernière retient son lait. Ce comportement est généralement le signe d'une production laitière insuffisante chez la mère. A l'inverse, si on propose aux lapereaux de téter deux fois par jour à 12 heures d'intervalle, mais avec une mère différente, une le matin et une autre le soir, ils acceptent volontiers. Ils peuvent ingérer alors presque deux fois plus de lait et ils en bénéficient pour leur croissance (tableau 4.2). C'est donc bien, la mère qui détermine le rythme et la quantité de lait dont disposent les lapereaux.
Tableau 4.2 : Consommation moyenne de lait et poids
à 21 jours de lapereaux (portéeségalisées
à 8 à la naissance)
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Dès le début de la troisième semaine de vie, les lapereaux commencent à se mouvoir de manière parfaitement coordonnée. Dans les jours qui suivent, ils ingèrent quelques particules de l'aliment maternel et un peu d'eau de boisson si celle-ci est disponible. Au cours de la 4ème semaine de vie, l'ingestion d'aliments solides et d'eau deviennent rapidement prédominants par rapport à celle du lait. Durant cette période, les modifications du comportement alimentaire sont extraordinaires: le jeune lapereau passe d'une seule tétée par jour à une multitude de repas solides et liquides plus ou moins alternés et répartis irrégulièrement le long de la journée caractéristique du comportement alimentaire de l'adulte: C'est aussi au cours de cette 4ème semaine de vie que débute la pratique de la cæcotrophie. En effet, dans l'estomac de lapereaux sacrifiés à 22 jours il n'est trouvé que du lait et de l'aliment; tandis que chez des lapereaux sacrifiés à 28 jours des cæcotrophes peuvent être identifiés dans l'estomac en plus de l'aliment et de traces de lait. (Orengo et Gidenne, 2005). L'ingestion préférentiellement nocturne de l'aliment solide est déjà marquée. Il est intéressant de remarquer que lors de son début de consommation d'aliment solide, le lapereau encore allaité a une nette préférence pour l'aliment maternel même par rapport à un aliment qui est mieux adapté à ses besoins physiologiques. Ceci laisse penser à un rôle de la mère dans l'apprentissage de la consommation d'aliment, mais cela n'a pas été formellement démontré. Cependant, en jouant sur l'aromatisation adaptée de l'aliment "jeunes lapereaux", il est possible de l'inciter à en consommer plus que de l'aliment maternel (tableau 4.3).
Tableau 4.3 : Essai d'aromatisation de l'aliment
destiné aux lapereaux sous la mère : consommation par
les
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Tableau 4.4 : Évolution du comportement alimentaire de lapins mâles entre 6 et 18 semaines, ayant en permanence à leur disposition un aliment complet granulé et de l'eau de boisson, maintenus dans une salle à 20±1°C (d'après Prud'hon et al, 1975)
Figure
19.0 : Répartissions de la consommation quotidienne par tranches
de 2 heures, chez des lapins de 6 et de 16 semaines
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Au moment du sevrage,
les lapereaux effectuent déjà de 30 à 40 repas
solides ou liquides par 24 heures (tableau
4.4). La
durée totale consacrée aux repas au cours d'un cycle de
24 heures est, à 6 semaines, supérieure à 3 heures.
Elle décroît ensuite rapidement et tombe en dessous de
2 heures. Si on propose au lapin un aliment non granulé (farine
ou pâtée), le temps passé à manger est doublé
. Quelque soit l'âge des animaux, un aliment qui aurait plus de
70% d'eau (fourrage vert, par exemple) apporterait largement toute l'eau
nécessaire aux lapins sous une température de 20°C.
Par exemple, chez des lapins sub-adultes (Néo-Zélandais Blanc de 3 kg) éclairé 12h sur 24, la consommation nocturne peut ainsi représenter près des deux tiers de celle observée sur un cycle de 24 heures, en raison d'un augmentation de la fréquence des repas, sans variation de l'importance quantitative de ceux-ci, soit 5 à 6 grammes par repas. Au fur et à mesure que les lapins vieillissent, le caractère nocturne du comportement alimentaire s'accentue. Le nombre de repas pris en période d'éclairement diminue, et le "repos alimentaire" matinal tend à s'allonger (figure 19.0). Le comportement alimentaire des lapins de garenne est encore plus nocturne que celui des sujets domestiques. |
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2 - Évolution des quantités ingérées en fonction de l'âge et du stade physiologique de l'animal |
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Figure
19.2 : Évolution comparée du poids vif et des consommations
d'aliment et de cæcotrophes entre le sevrage et le stade adulte |
Les quantités de nourriture et d'eau consommées dépendent, à un moment donné, d'abord de la nature des aliments présentés aux lapins et plus particulièrement de leur teneur en énergie digestible et en protéines : une forte teneur en énergie tend à réduire la consommation et une forte teneur en protéines tend à l'augmenter. Mais ces quantités dépendent également du type d'animal, de son stade de production ou de la température ambiante. Chez le jeune, la
consommation dépend en outre très fortement de l'âge
de l'animal (figure 19). Pour un aliment
donné, en prenant pour référence la consommation
spontanée d'un adulte (140-150 g/j de MS, par exemple pour des
Néo-Zélandais Blancs de 4 kg), on constate qu'à
4 semaines la consommation quotidienne d'un jeune lapereau représente
le quart de celle d'un adulte, alors que son poids vif ne représente
que 14 pour cent du poids vif de cet adulte. Le lapin régule
son ingestion selon son besoin énergétique, comme d'autres
mammifères. Des mécanismes chémostatiques sont
impliqués, au travers du système nerveux et de métabolites
sanguins liés au métabolisme énergétique.
Cependant, chez les animaux monogastriques la glycémie joue un
rôle clé dans la régulation de la prise alimentaire,
alors que chez les ruminants les concentrations plasmatiques en acides
gras volatils ont un rôle important. Étant donné
que le lapin est un monogastrique herbivore, la glycémie semble
jouer un rôle prépondérant par rapport à
la concentration en AGV, mais le rôle respectif de ces deux métabolites
(glucose vs AGV) sur la régulation de l'ingestion reste mal connu.
L'ingestion de cæcotrophes augmente jusqu'à 2 mois d'âge puis reste stable (figure 19.2). Exprimée en matière fraîche, elle évolue de 10 g/j à 55 g/j entre 1 et 2 mois d'âge, et représente de 15 à 35% de l'ingestion d'aliment. Il est néanmoins possible que ces valeurs soit sous-estimées compte tenu de la technique de mesure employée dans ces travaux (pose temporaire de mini carcans empêchant la réingestion des cæcotrophes).
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Au cours du cycle de reproduction, la consommation spontanée d'une lapine varie fortement (figure 20.1). La baisse de consommation en fin de gestation est marquée chez toutes les mères et peut arriver à l'arrêt complet de l'ingestion d'aliment solide chez certaines femelles la veille de la mise bas. Par contre, l'ingestion d'eau ne devient jamais nulle. Après la mise bas, la consommation alimentaire croit très rapidement et peut atteindre quotidiennement plus de 100 g de matière sèche par kilogramme de poids vif (soit plus de 400 g de granulés pour une lapine de 4 kg). L'ingestion d'eau est alors également importante : 200 à 250 grammes/jour par kilogramme de poids vif. Enfin, lorsqu'une lapine est simultanément gestante et allaitante, sa consommation alimentaire est très comparable à celle d'une lapine simplement allaitante, mais elle ne lui est pas supérieure. |
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3 - Ingestion d'aliment et d'eau en fonction de l'environnement | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
3.1 Effet de la température Tableau 5.1 :Comportement alimentaire du lapin en croissance en fonction de la température ambiante. Consommations et gain de poids en g/jour (D'après Eberhart, 1980)
Tableau
5.2: Incidence de la température ambiante sur les différents
ratios relatifs à l'ingestion et à l'excrétion
chez des lapins adultes
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Une étude italienne de 1992 montre que lorsque la température s'élève (tests à 20°C, à 26°C et à 32°C), le rapport eau sur aliment ingéré est sensiblement accru, ce qui était connu. Mais les différents ratios concernant l'ingestion et l'excrétion sont aussi modifiés (tableau 5 ci-contre). Les auteurs de cette étude proposent même d'utiliser ces ratios (ceux les plus faciles à mesurer localement) pour quantifier l'importance d'un stress thermique chez le lapin. Cette suggestion mériterait cependant d'être validée avant mise en application. |
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3.2 Relation eau - aliment Figure 20.2 : L'abreuvoir doit rester
accessible pour les lapereaux : 25 cm maxi par rapport au sol et proche
d'une paroi. |
Si, dans l'environnement du lapin, l'eau de boisson vient à manquer totalement et que seuls des aliments secs (moins de 14% d'eau) sont à sa disposition, la consommation de matière sèche s'annule en 24 heures. Dans les conditions d'un manque total d'eau et en fonction des conditions ambiantes (températures, hygrométrie), un lapin adulte peut survivre de 4 à 8 jours sans altération irréversible des fonctions vitales; mais son poids peut être réduit de 20 à 30 % en moins d'une semaine. Si, par contre, des lapins ont de l'eau de boisson (propre) à leur disposition, mais aucun aliment solide, ils peuvent survivre 3 à 4 semaines. Par rapport à "la normale", l'ingestion d'eau est alors augmentée de 4 à 6 fois en quelques jours. La distribution de chlorure de sodium dans l'eau (0,45%) réduit cette surconsommation, mais le chlorure de potassium est inefficace (perte de sodium par voie urinaire). Le lapin s'avère donc très résistant à la faim et relativement résistant à la soif ; mais il convient de retenir que toute limitation de la quantité d'eau nécessaire, par rapport aux besoins, entraîne une réduction au moins proportionnelle de la matière sèche ingérée et, en conséquence, une altération des performances. Dans certains cas, l'absence d'abreuvement est uniquement liée à l'accessibilité des abreuvoirs. Ainsi les lapereaux allaité sont parfois obligés de grimper sur leur mère pour accéder à un abreuvoir placé trop haut dans la cage (plus de 25 cm entre le fond de la cage et le point d'abreuvement). Tant qu'ils sont allaités (70 à 75% d'eau dans le lait) et disposent d'une mère tolérante, les lapereaux n'ont pas de problème majeur. En effet si l'abreuvoir est "trop" haut souvent les lapereaux grimpent sur leur mère pour accéder à cet abreuvoir. Mais la situation peut devenir dramatique après le sevrage, surtout si ce dernier est précoce. Le risque est encore amplifié pour les races de petite taille.
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3.3 Effet des autres facteurs d'environnement
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D'autres facteurs environnementaux ont été également étudiés chez le lapin domestique, tels que le programme lumineux ou les systèmes de logement. En l'absence de lumière (obscurité 24h/24), l'ingestion du lapin en croissance est légèrement augmentée en comparaison avec des lapins soumis à un programme lumineux avec un cycle sur 24 heures. En absence de lumière, le lapin organise son programme alimentaire selon un cycle régulier de 23,5 à 23,8 heures, avec 5 à 6 heures consacrées à l'ingestion de cæcotrophes. En éclairage continu, le programme alimentaire est organisé sur un cycle d'environ 25 heures. Selon des travaux hongrois publiés en 2000, chez la femelle reproductrice, la réduction de la durée d'éclairage, en introduisant 2 périodes d'obscurité de 4h, sur un cycle de 12h/12h (lumière, obscurité) réduit l'ingestion et entraîne une augmentation de la production laitière, conduisant donc à une meilleure efficacité alimentaire.
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Comme mentionné précédemment, le type de cage influence aussi le comportement d'alimentation du lapin. Ainsi, l'ingestion est réduite si la densité des lapins dans la cage s'élève, probablement en raison d'une plus grande concurrence entre les animaux pour l'accès à la mangeoire, mais aussi en raison d'une réduction de la mobilité des animaux et donc de leur besoin (tableau 5.3) . Aussi, cet effet de la densité est-il également observé chez des lapins élevés en cage individuelle. Tableau
5.3 : Consommation alimentaire et croissance de lapins engraissés
de 32 à 68 jours d'âge
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Tableau
5.4 : Consommation de lapins engraissés en groupes de 4 ou de
30 de 29 à 71 jours d'âge à la densité de
15,6 lapins / m²
(d'après Maertens et Van Herck, 2000)
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Néanmoins, l'élevage dans de très grandes cage collectives (30 sujets dans 1,9 m²) laisse plus de mouvements aux lapins qui réduisent leur ingestion quotidienne par rapport à celle des lapins élevés à raison de 4 par cage à la même densité animale (125 vs 135 g/jour). Contrairement à l'effet de l'effectif dans une même cage (tableau 5.3), la réduction de consommation avec de grand effectifs à densité fixe (15,6 lapins/m²) se manifeste dès le début de l'engraissement (tableau 5.4) À la même densité, des lapins mis en cage par 2 ou par 6 ont la même ingestion, mais en cage de 2, les lapins passent moins de temps à manger en période d'éclairement (5,8% contre 9,9% des 10 heures de la période d'éclairage). Bien que ce point n'ait pas été vérifié directement, ces résultats laissent penser que le logement par 2 favorise la consommation nocturne . Enfin, le nombre de places à la mangeoire (1 à 6 postes) pour un groupe de 10 lapins nourris à volonté n'influence pas le niveau de la consommation alimentaire. Il en est de même chez les lapins rationné de manière pas trop drastique (au moins 70% de la consommation à volonté).
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4 - Rationnement, comportement alimentaire et développement digestif | ||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||||
Pour différentes raisons il peut être souhaitable de restreindre la quantité d'aliment consommée chaque jour par les lapins en croissance. Cela est par exemple conseillé en cas d'entéropathie épizootique du lapin , l'EEL (voir à ce sujet par exemple les articles qui sont consacrés à ce thème dans la partie magazine de ce site en 2003 ou en 2009 ou le compte rendu de la table ronde que lui a consacré l'ASFC en 2007)
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4.1 Rationnement quantitatif Figure
21.1 : Ingestion cumulée de lapins rationnés à
85% disposant de un ou deux postes de consommation pour 8 sujets |
Quand une quantité
limitée d'aliment est distribuée à des lapins,
l'allocation quotidienne est consommée d'autant plus vite que
la restriction est forte. Par exemple des lapins logés en cage
individuelle ou par deux, une allocation représentant 85% de
la consommation à volonté est totalement consommée
en moins de 16 heures. Si l'allocation ne représente plus que
70% de la consommation à volonté, elle est consommée
en un peu moins de 10 heures. Quelque soit le niveau de rationnement, les lapins n'augmentent pas leur vitesse instantanée d'ingestion. Par contre ils augmentent la durée de chaque repas en particulier celui suivant la distribution et réduisent l'intervalle entre chaque repas. La durée de ces repas est toutefois limitée par la capacité stomacal qui ne représente au plus qu'une quinzaine de grammes d'aliment pour un lapin de 2 kg, sachant que l'estomac d'un lapin n'est jamais vide avant le début d'un repas. Cette situation permet à 8 lapins de manger à leur tour même dans une mangeoire de disposant que d'un seul poste de consommation. Par exemple même un rationnement à 60% n'accroît pas la variabilité de poids entre les lapins d'une cage collective, ce qui veut dire que chacun des 8 lapins a bien été rationnéau même niveau et qu'aucun d'entre eux n'a consommé la part "du voisin".
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4.2 Restriction du temps d'accès à la mangeoire
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A la fin des années
1980, l'équipe hongroise de Kaposvar sous la direction de Zs.
Szendrö a fait une étude systématique de la quantité
d'aliment ingérée par les lapins en croissance en fonction
de la duré allouée pour la consommation sur 24 heures.
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4.3 Restriction du temps d'accès à l'abreuvoir
Figure
21.4 : Consommation d'eau et d'aliment dans les jours suivant une restriction
d'accès à l'eau de boisson (Lebas
et Delaveau, 1975) |
Les travaux déjà
ancien réalisés à l'INRA de Montpellier (Prudh'on
et al., 1975) ont montré qu'après une semaine d'adaptation,
des lapins de 6-9 semaines ne pouvant accéder à un abreuvoir
que 10 minutes chaque jour ont une consommation d'aliment granulé
réduite à 86% de celle du lot témoin abreuvé
à volonté. Elle est réduite à 84% et 76%
de la consommation des témoins chez des lapins de 11-14 semaines
ou adultes respectivement. Dans quelques les jours suivant la mise en
uvre d'une restriction forte du temps d'accès à
la boisson, les lapins ont une très forte réduction de
la consommation d'aliment solide et d'eau de boisson (figure
21.4). La réduction du temps consacré à la
consommation d'aliment solide est réduite dans les mêmes
proportions laissant penser à une constance de la vitesse d'ingestion.
Les lapins s'adaptent progressivement et stabilisent leurs consommations
en un peu plus de 8 jours en fonction de l'âge des animaux et
du temps réel d'accès à l'eau de boisson. Les lapins adaptés ne pouvant accéder qu'un temps limité à l'eau de boisson par cycle de 24 heures, immédiatement après après la distribution d'eau augmentent la fréquence de leurs repas (4 repas par heure contre 1 seul pour les lapins témoin - figure 21.5). La quantité d'aliment consommée par heure suit le même profil: ( figure 21.6).Les lapins ont ensuite un profil horaire de consommation assez proche de celui des lapins disposant d'eau de boisson en permanence.
Dans les conditions pratiques, un accès à l'eau de boisson limité à à une durée de 1h30 à 4h entraîne une réduction de l'ingestion d'eau plus marquées que la réduction de la consommation d'aliment, en particulier pour les durées les plus courtes (figures 21.7 et 21.8). Cette différence de comportement a pour conséquence une réduction du ratio eau/aliment de 1,74 chez les lapins nourris à volonté à 1,54 chez ceux ne recevant de l'eau que pendant 1h30 ou 2 heures par 24 heures. |
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Tableau 6.1 : Effet de la limitation de la durée quotidienne d'accès à l'eau de boisson ou d'une réduction que la quantité d'aliment granulés distribuée chaque jour sur les consommations relatives d'eau et d'aliment (d'après Boisot et al., 2005). Moyennes par 24h au cours des 3 semaines suivant un sevrage à 31 jours
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Il convient de souligner qu'en cas de restriction hydrique le ratio eau/aliment est toujours réduit en raison d'une réduction de l'ingestion d'eau plus marquée que celle de l'aliment solide. Par contre une réduction de la quantité d'aliment allouée quotidiennement de même ampleur, ou même plus marquée l'ingestion d'eau est au contraire fortement augmentée et dépasse celles animaux témoin nourris à volonté. De ce fait, le ratio eau/aliment est fortement accru (tableau 6.1)
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4.4 Restriction alimentaire et développement digestif Tableau
6.2: Incidence de divers modes de restriction alimentaire sur la croissance
et le développement digestif
cliquer ici pour visionner le tableau complet
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En règle générale, tout rationnement à moins de 80-85% tend à réduire aussi la vitesse de croissance des animaux. Par contre, le tube digestif est nettement moins affecté par la restriction alimentaire que l'ensemble de l'organisme comme le montrent les données du tableau 6.2 Par ailleurs, si une restriction alimentaire favorise systématiquement l'accroissement du contenu digestif, la répartition de ce dernier entre les différents segments dépend largement du mode de restriction retenu.
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5 - Les préférences alimentaires du lapin
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5.1
Comportement alimentaire du lapin sauvage non captif
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En fin d'hiver, le lapin a une forte appétence pour les bourgeons et les jeunes tiges de quelques plantes ligneuses. L'abroutissement d'arbres très jeunes ou de leurs pousses peut ainsi complètement compromettre la régénération d'une forêt, ou plus spécifiquement la régénération de certains arbustes comme le genévrier ou le genêt à balais Cytisus scoparius comme cela est observé en Sologne. En hiver le lapin aime manger l'écorce de quelques arbres cultivés (pas seulement les jeunes tiges), particulièrement les pommiers et aussi les pêchers ou les cerisiers. L'écorce des abricotiers, poiriers et pruniers est généralement moins attaquée. En forêt, les lapins préfèrent clairement les feuillus, mais peuvent également attaquer l'écorce des conifères (principalement des sapins et quelques types de pins). Quand les arbres sont très jeunes les lapins préfèrent manger les pousses apicales ou latérales des sapins, plutôt que celles des chênes.. Les raisons fondamentales des choix alimentaires du lapin demeurent peu claires, même si elles sont constantes. On peut seulement dire que ce comportement est sous régulation hypothalamique, puisque des lésions de l'hypothalamus modifient clairement les choix alimentaires du lapin. Beaucoup d'expériences ont été entreprises particulièrement en Australie et en Nouvelle Zélande pour étudier le comportement de lapins sauvages, en vue de mettre au point des appâts (l'objectif final étant l'extermination des lapins sauvages importés au 19e siècle). On a observé beaucoup de variations selon le type d'appât, mais également en fonction de la saison. Par exemple, des granulé à base d'issues de meunerie (recoupes + son) sont bien consommés tout au long de l'année. En revanche, l'acceptabilité des carottes ou de l'avoine change de façon saisonnière. L'addition de sel (1% ou 5% NaCl ) ou de farine de luzerne (15%) dans des granulés d'issues de meuneries réduit de manière significative la consommation des appâts.
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5.2 Comportement alimentaire du lapin domestique en situation de libre-choix (lapin en cage) |
Quelques études
ont montré que le lapin sait reconnaître les saveurs fondamentales,
telles que salé, sucré, amer, acide. Il marque une préférence
pour des saveurs douces, et choisit par exemple un aliment contenant
du sucre ou de la mélasse plutôt qu'un aliment de même
composition n'en contenant pas. |
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D'autre part le
lapin semble apprécier un certain degré d'amertume dans
son alimentation. Lorsqu'on présente aux lapins des aliments
contenant des luzernes déshydratées ayant des taux variables
de saponine, donc plus ou moins amères, leur choix se fixe sur
ceux des aliments qui ont un degré d'amertume relativement élevé
(jusqu'à 3mg/g d'aliment - tableau 6.3). Ces mêmes aliments
sont par exemple délaissés par des rats ou des porcs.
En revanche, si on propose, seuls, des aliments à taux variable
de saponine (1,8 à 6,4 mg/g d'aliment), la consommation alimentaire
et la croissance sont indépendant de la concentration en saponine. Lorsque le lapin se trouve face à plusieurs aliments, il choisit en fonction de critères parfois difficilement prévisibles. Ainsi, le degré d'humidité d'un aliment peut jouer un rôle important. Quand on distribue en libre choix de la luzerne déshydratée et du maïs-grain sec, l'équilibre se place à 65 % de luzerne et 35 % de maïs. Il serait par exemple 60/40 avec la luzerne et de l'avoine. Mais, si les grains de maïs sont relativement humides (plus de 14-15 %, ce qui peut poser des problèmes de conservation), la proportion de maïs monte à 45-50 %.
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L'alimentation des lapins avec des fourrages + un aliment concentré complémentaire pose également quelques problèmes quand l'appétibilité des fourrages n'est pas bonne. Des lapins disposant à volonté d'un aliment concentré en énergie et de lest (de la paille par exemple) ne savent pas ajuster correctement leur consommation et obtenir la croissance maximale. Lorsqu'un éleveur se trouve face à cette situation, il lui faut limiter la quantité d'aliment concentré distribuée quotidiennement ou, plus généralement, celle de l'aliment le plus appétible. En effet, cela peut être parfois le cas de certains fourrages verts de faible valeur nutritive. Par contre, la situation est différente si le lapin se trouve face à deux aliments concentrés en énergie, comme Gidenne l'a testé en 1985 avec un aliment granulé complet et de la banane verte, tous deux en libre choix. Dans ce cas, les lapins ayant le libre choix ont eu une croissance équivalente à celle du témoin, et un ingéré d'énergie digestible identique. Toutefois, entre le sevrage (5 semaines) et la fin de l'essai (12 semaines), la proportion de banane est passée de 40% à 28% de l'ingéré quotidien de matière sèche. Il faut signaler enfin que des lapins en croissance, qui reçoivent un aliment granulé carencé en acides aminés soufrés ou en lysine et qui disposent simultanément pour boisson en libre choix d'eau pure et d'une solution de l'acide aminé déficient, boivent la solution d'acide aminé de préférence à l'eau pure (tableau 6.3). Ils réussissent ainsi à avoir une croissance semblable à celle des lapins témoins recevant un aliment équilibré. Il convient aussi de remarquer que dans cet essai l'abreuvoir recevant la solution d'eau pure et celui recevant la solution d'acide aminé étaient alternés chaque jour. Si certains lapins changeaient effectivement d'abreuvoir "préféré" en fonction de son contenu, d'autres lapins buvaient ne changeaient pas d'abreuvoir "préféré" mais buvaient peu ou beaucoup en fonction de la nature de son contenu, ce qui correspond à deux types d'adaptation comportementale. |
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Biologie
du Lapin - Fin du sous-chapitre 4.4 "
Comportement alimentaire"
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