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2 - Origine du lapin et domestication (Suite) | |||||||||
2.1.3.
Les débuts de l'élevage en clapier Ainsi dans son "Théâtre d'Agriculture et Mesnage des Champs" publié en 1605 Olivier de Serres décrit avec force détails la construction et le mode de gestion des garennes qu'il est vivement conseillé de clore par un haut mur (2,5 à 3 m + une fondation de 1 m) ou un large fossé rempli d'eau (3 m de large). Il fait également mention des lapins de clapier, destinés dans son esprit à fournir les lapins de la garenne, mais donne moins de détails. Toutefois il précise que pour la reproduction en clapier il est conseillé de loger chaque femelle et chaque mâle dans des loges bien séparées (avec une petite cour extérieure pour l'exercice et une aire d'alimentation) et munies d'une bonne porte pour permettre à l'éleveur d'y accéder. Pour la reproduction elle-même, il conseille de porter la femelle dans la case du mâle, de pratiquer cet accouplement immédiatement après la mise bas, de le surveiller, puis de ramener immédiatement la lapine avec ses petits. Autrement dit, Olivier de Serres conseillait il y a 400 ans déjà de faire faire les saillies "post partum" et de conduire les lapins de clapier adultes en cages individuelles. Le mode de gestion des lapins de clapier et leur relations avec les lapins des garennes est fourni avec un peu plus de précisions dans l'ouvrage de Charles Estienne écrit en latin en 1554 Praedium rusticum, traduit, complété puis publié par son gendre Jean Liébault en 1625 sous le titre "L'Agriculture, Maison rustique". Il y est aussi expliqué que l'élevage en clapier a pour objectif principal de compléter la gestion de la garenne. Effet, tout comme O. de Serre (1605), ces auteurs de la fin du 16ème - début du 17ème siècle expliquent qu'en clapier, une femelle peut réaliser une portée tous les mois, alors que dans une garenne on ne peut compter que sur 3 à 4 portées par an. Les mâles doivent être élevés dans des cases particulières (individuelles). Immédiatement après le constat de la mise bas, les femelles sont conduites pour accouplement dans la loge du mâle, puis rapidement doivent être ramenées avec leurs petits. Là aussi, la "saillie" post-partum est la méthode de reproduction conseillée pour les lapins de clapier. La proportion conseillée est de 1 mâle pour 8 ou 10 femelles, comme c'est toujours le cas de nos jours pour la saillie naturelle |
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Dans l'esprit des auteurs, le clapier a pour fonction de fournir les jeunes qui grandiront dans la garenne et y deviendront "sauvages". Il est par exemple conseillé d'installer le clapier juste à côté de la garenne close (terrain de 5 ou 6 arpents [2-3 hectares] clos de murs) et de ménager quelques petits passages entre le clapier et la garenne pour que le lapereaux puissent librement aller et venir entre la garenne et le clapier, tandis que les femelles trop grosses pour ces petits orifices sont confinées au clapier. En outre, les auteurs déconseillent formellement de placer des lapins "de clapier" adultes dans la garenne elle-même, car ces animaux "endormis et pesants" et peu accoutumés à ce milieu relativement hostile seraient rapidement victimes des animaux de proie qui fréquentent les garennes [malgré la présence des murs]. Si à l'évidence les lapins de clapier doivent être nourris par l'homme, il est conseillé de veiller aussi à l'alimentation de ceux de la garenne. Si la nature du lieu choisi pour implanter la garenne ne fournit pas naturellement assez de fourrages, il est conseillé d'y implanter de nombreux arbustes, dont des genévriers et des ronces ainsi que force liserons, choux, laitues, chicorées, chardons, navets, pois chiche et autres plantes semblables. Si les lapins sont particulièrement nombreux dans la garenne, il est conseillé en outre de semer chaque année dans cette garenne 1 ou 2 arpents d'avoine ou d'orge [entre ½ et 1 ha] qui serviront à la pâture des animaux. Pour les lapins de clapier, l'alimentation apportée est constituée des mêmes plantes auxquelles on ajoute de l'orge, de l'avoine, du son [de blé] et en Angleterre du foin de bonne qualité. O. de Serres, précise aussi que des branches de saule ou des sarments de vigne peuvent aussi être donnés aux lapins en période hivernale. A la lumière des connaissances du 21ème siècle, on peut souligner que cela constitue une bonne source de fibres, de lignine en particulier, à une période de l'année où la plus forte proportion de céréales dans l'alimentation des lapins, consécutive à la raréfaction des fourrages frais, rendait la ration moyenne plus (trop) pauvre en fibres. Selon ces différents auteurs, une garenne bien gérée, disposant d'un clapier pour en assurer un peuplement maximum, peut produire "de 80 à 100 douzaines de lapins par an". Comme ils conseillent par ailleurs de mettre 4 douzaines de femelles pour peupler une garenne, cela donne une production (très) approximative de 20 à 25 lapins produits par an et par la lapine introduite. On a certes fait des progrès depuis cette époque avec 50 lapins produits par lapine et par an, mais pas autant que dans d'autres domaines comme la production laitière des vaches ou la culture du blé dont la productivité a été multipliée par 10 alors que celles des lapins ne l'a été que par 2 à 3.
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2.1.4.
- Des couleurs de plus en plus diversifiée, fixées chez
le lapin Cette diversité de couleurs et de tailles est confirmée au 16ème siècle: ainsi Johan Agricola (1495-1555) mentionne l'existence en Allemagne de lapins blancs, noirs, pies (noir et blanc par grandes taches), et gris argenté (appelés "riches" en France). De son côté, Aldrovandi (1522-1605) s'émerveille de voir à Vérone en Italie des lapins domestiques quatre fois plus gros que les lapins sauvages. Cette diversité est aussi attestée dans de nombreux tableaux et dessins de l'époque (figures 22 à 29) |
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2.2. - Développement de la production du lapin aux 18e et 19e siècles 2.2.1. Approfondissement des connaissances biologiques
Au cours de cette
période de nombreuses personnes, des "savants", ont
cherché à décrire la biologie des animaux et celle
du Lapin en particulier avec l'espoir fondé que ces meilleures
connaissances permettraient une meilleure valorisation de l'animal.
En effet, des auteurs comme Mortimer en Angleterre (The Whole art
of Husbandry, 1707) soulignent l'intérêt économique
qu'il y a à élever des lapins en claustration à
proximité des grandes villes. Ces animaux doivent être
logés confortablement bien au sec et au chaud si l'on veut éviter
un arrêt de la reproduction en hiver, qui est la meilleure période
pour les profits. |
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Selon les constats de l'époque, les jeunes lapins domestiques peuvent commencer à se reproduire dès l'âge de 5 à 6 mois. La femelle, après une gestation de 30-31 jours, donne naissance à des portées comptant 5 à 6 lapereaux mais pouvant aller souvent jusqu'à 7 ou 8, voire 10. Elle est presque toujours en chaleur, ou du moins en état d'accepter le mâle, même si elle est déjà gestante; elle peut ainsi donner des petits tous les mois qu'elle allaite 21 jours. Les lapereaux commencent à sortir du nid à l'âge de 3 semaines et sont définitivement sevrés au plus tard à l'âge de 2 mois. La durée de vie des lapins domestiques est de l'ordre de 8 ou 9 ans, mais il est conseillé de ne pas conserver les lapines au-delà de 5-6 ans et les mâles un peu moins. Autrement dit les
connaissances de bases de la reproduction des lapins étaient
bien établies dès le 18ème siècle. Il faut
cependant apporter quelques nuances quant à la qualité
des observations de l'époque. Par exemple le comportement des
mâles est décrit comme agressif vis-à-vis des lapereaux
au nid, alors que l'on a clairement démontré à
la fin du 20e siècle que ce sont les femelles qui sont agressives
vis-à-vis des lapereaux des autres femelles et non les mâles.
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Au début
du 18e siècle certains auteurs écrivent que la lapine serait
capable de superfoetation comme la hase (conduite de 2 gestations à
des stades différents), mais moins souvent que cette dernière.
On sait maintenant avec certitude qu'il n'en est rien et que sur ce point
la reproduction de la lapine diffère fondamentalement de celle
de la hase (femelle du lièvre).
Les gourmets de l'époque font peu de cas du lapin domestique et lui préfèrent très nettement le lapin sauvage généralement élevé dans les garennes. En effet, les lapins mangent différentes herbes et leur odeur éventuelle peut se communiquer à la viande. Ainsi selon ce qu'ils ont mangé les lapins ont une viande qui peut sentir le chou ou le thym et comme le lapin domestique mangeait beaucoup plus souvent du chou que du thym sa viande était considérée comme moins intéressante que celles des lapins élevés dans les garennes. Pour ces derniers les recettes sont nombreuses. Par exemple en 1777 dans son Histoire générale et économique des trois règnes de la nature, Pierre Joseph Boc'hoz mentionne 33 recettes pour accommoder le lapin contre seulement une quinzaine pour le lièvre (une ou deux seulement étant communes). Pour améliorer la qualité gustative de la viande des lapins il est conseillé de castrer les mâles pour obtenir une viande plus moelleuse. Cette technique se justifiait à cette époque, les lapins étant sacrifiés vers 5 mois, c'est-à-dire alors que la maturité sexuelle est atteinte depuis au moins 2 mois. Les travaux conduits en France dans les années 1990 ont montré qu'avec les techniques d'élevage et les souches actuelles, la castration ne présente plus aucun avantage.
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2.2.2.
Nouvelles méthodes d'élevage et stabilisation des premières
races pures au cours du 19e siècle.
Le 19e siècle
a vu une modification profonde de la société, en Europe
en particulier. Les populations rurales ont commencé à
fortement migrer pour aller travailler dans les nouvelles industries
urbaines. Dans le petit jardin souvent annexé à leur logement,
les nouveaux ouvriers ont alors implanté des petits élevages
de volailles et surtout de lapins. En effet ces animaux permettaient
de valoriser les sous-produits de la cuisine et une partie de la production
végétale des jardinets. Il n'était plus question
de garennes, ni même d'élevage en grands enclos, la place
manquait. Les lapins ont alors été élevés
dans de petites cages dans un local annexe de la maison, voire dans
le logement lui-même, comme l'attestent de nombreuses peintures
de l'époque (figures 38 à 42) |
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En Angleterre, Dickson a publié dès 1824 dans son traité général d'élevage, toute une partie consacrée à la gestion des lapins et à la description des cages. Il fit à cette occasion ce qui est probablement la première description des cages en flat deck. Pour lui l'intérêt de ce type de cage était surtout de pouvoir facilement ramasser les crottes des lapins quasi "pures", ces dernières ayant à l'époque une bonne valeur marchande. A la fin du siècle, toujours en Angleterre, Morant (1883) formalisa la description de la cage qui depuis porte son nom. Il s'agit d'une cage à fond grillagé que l'éleveur met sur une prairie et qu'il déplace 2 fois par jour afin que les lapins qui y sont logés broutent l'herbe directement. Ce type de cage a été repris et amélioré à la fin du 20e siècle dans le cadre de la production de lapins biologiques ou élevés sur prairie. | |||||||||
Les peaux produites par tous ces lapins sont généralement récupérées par les chiffonniers et "marchands de peaux de lapins " qui passent régulièrement collecter les peaux issues des élevages des particuliers. Ainsi Desaive (1842) mentionne que la chapellerie française consommait à l'époque 15 millions de peaux par an (le poil étant utilisé pour fabriquer le feutre), sans compter les peaux utilisées en tant que fourrure. Il mentionne aussi que les peaux des lapins Angora, à la fourrure aux poils longs et soyeux avec des nuances de gris argenté et d'ardoise précise-t-il, se vendaient deux fois plus cher que les peaux de lapins ordinaires. On doit remarquer que cette pratique la production de fourrure de lapin à poils longs fournie par des Angoras a aujourd'hui totalement disparu. Les lapins Angoras ne sont plus exploités que pour la production de poils, aujourd'hui beaucoup plus importante par animal et par an (1 à 1,5 kg) qu'elle ne l'était au 18e et au 19e siècle (250-300 g/an). Il est plausible que la disparition de la production de fourrure d'Angora soit associée d'une part à un prix du poil Angora relativement plus rémunérateur que celui de la fourrure et d'autre part à la difficulté technique qu'il y a à tanner les peaux d'Angora sans feutrage du poil.
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2.2.3.
Les créations de races de lapins En fait, il fait
une première mention de ce qui sera rapidement connu à
travers le monde comme le lapin Géant des Flandres. A la fin
du siècle plusieurs dizaines de races sont déjà
stabilisées tant pour a production de viande (Géant des
Flandres, Bélier Français,
) que pour le plaisir
de sélectionner (comme le Bélier Anglais avec ses oreilles
démesurées ou même le Noir et Feu). Quelques unes
de ces races, présentes par exemple en Italie au tout début
du 20e siècle, sont représentées sur les figures
50 à 57. |
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