L'élevage
professionnel des Lapins Quelques bases scientifiques et techniques par François Lebas |
Quelques
comportements du lapin et leurs conséquences sur les méthodes d'élevage |
mis en ligne le 5 septembre 2009
- Législation et comportement Vocabulaire Législation | |
-
Lapin domestique et son ancêtre sauvage Le lapin et l'homme | |
- Les organes des sens 3.1 la vue 3.2 l'ouïe 3.3 l'odorat 3.4 le toucher 3.5 le goût | |
- Les comportements de l'individu | |
1- Législation et comportement
Un
point de vocabulaire : Le « BIEN-ÊTRE » est un sentiment,
une impression. Chez lhomme il correspond à une bonne adéquation
entre un état, une situation et une attente de la part de lhomme
vis-à-vis de cette situation. Ce qui engendre le bien-être nest
pas le même pour tous les hommes.
Or nous navons aucune moyen
de connaître les sentiments des lapins sils existent, ni de savoir
ce quils considèrent comme bien, moins bien ou franchement détestable.
Pour linstant la notion de bien-être des animaux est une vision anthropomorphique.
Il faut donc léviter.
Il semble nettement préférable de lui substituer le concept de BIEN TRAITANCE qui définit ce que lhomme doit faire pour respecter lanimal quil élève. La notion de Bien-Traitance soppose ainsi à la notion de Mal-Traitance. Cette dernière est dailleurs prévue par les textes réglementaires, contrairement au « mal-être ».
RÉGLEMENTATION
En premier lieu
il convient de préciser quil nexiste en France aucune législation
spécifique en matière de bien-être ou de bien-traitance du
Lapin.
Des textes sont en discussion au niveau européen mais aucun
texte officiel na encore été adopté, bien que le sujet
soit traité depuis plusieurs années (NB sitôt les textes disponibles
, ils seront repris ici). Par voie de conséquence, lélevage
et la détention de lapins de manière générale, sont
simplement régis par les règles générale du code rural.
En particulier son article L214.
Cet article L214, relatif à la protection des animaux, précise les droits et les devoirs concernant les animaux, en particulier (voir encadré ci dessous)
2 - Lapin domestique et son ancêtre sauvage
Rappel
: le lapin nest domestiqué que depuis peu de temps : environ 400-500
ans (en gros 400 générations) alors que la majorité des autres
animaux délevage sont domestiqués depuis 5 000 à
15 000 ans (soit 2500 à 6000 générations). - voir la partie
historique de la domestication - |
Plusieurs
équipes de chercheurs se sont penchées sur léthogramme
comparé du lapin de garenne et du lapin domestique(éthogramme =
liste de comportements avec leur quantification). Elles ont toutes la même
conclusion : les deux types de lapins ont le même répertoire comportemental.
La domestication sest donc faite sans pertes, ni gains de types de
comportements, mais la fréquence, lintensité ou la durée
de beaucoup de comportements ont été modulées et cela
de manière éventuellement propre à chaque type génétique
(race, souche,
). Ceci fait qu'au plan pratique un lapin domestique ne peut
être considéré de la même manière qu'un lapin
de garenne. Très globalement les comportements liés à la
reproduction ont été exacerbés par la domestication (effet
de la sélection par les éleveurs), tandis que la sensibilité
aux modifications de l'environnement ont été atténuées
: près de l'homme protecteur, il y a moins de raisons "d'avoir peur".
Le lapin et lhomme Pour le lapin de garenne, lhomme est considéré comme un prédateur . Par voie de conséquence, si un homme est détecté dans lenvironnement proche du lapin celui-ci fuit, si possible dans son terrier. Chez
le lapin domestique ce réflexe a été presque totalement aboli,
mais le lapin reste quand même un être hypersensible à toute
variation brutale de son environnement et donc à l'apparition brutale d'un
homme. Ce qui peut le déranger c'est le "brutal", pas l'homme
en lui même. |
De plus, plusieurs travaux
de recherche ont clairement démontrée quun contact physique
précoce des lapereaux avec lhomme (avant le sevrage), par exemple
lors des manipulations nécessaires aux pesées, réduit lhypersensibilité
des animaux et améliore les performances ultérieures (en particulier
meilleure croissance et réduction de la mortalité en engraissement).
On peut penser que cela correspond à une moins grande fréquence
de décharges dadrénaline. Il
n'est pas nécessaire que la manipulation soit effectuée tous les
jours pour avoir un effet sur le comportement des lapins. En effet, Duperray et
Adelis ont montré en 1992, que la simple manipulation au cours de leur
3ème semaine de vie nécessitée par l'identification et la
pesée des lapereaux sous la mère, suffit à réduire
la mortalité en engraissement, les animaux étant moins stressable
après cette première manipulation précoce (figure 1) |
Tableau 1 : Essai polonais de
Jiezierski et Konecka (1996) sur 114 lapins manipulés ou non tous les jours
de la naissance à 30 semaines | Figure 1 : Essai français de Duperray et Adelis (1992) sur 1256 lapins en engraissement classique. Effet dune manipulation unique avant sevrage. |
3 - Les organes des sens du lapin
Pour comprendre une grande partie des comportements il est nécessaire de connaître le fonctionnement des organes des sens des lapins. Tout comme l'homme, le lapin dispose de 5 sens :
Pour
les relations avec lenvironnement lointain : la vue et louïe | ||
Pour
les relations à courte et moyenne distance : lodorat et le toucher | ||
Pour
les relations de contact avec les aliments : le goût |
3.1
- La vue (pour en savoir un peu
plus sur la vue chez le lapin, consulter le chapitre qui lui est consacré
dans la partie biologie du lapin
sur ce site)
Pour le lapin la vue est surtout un système d'alerte. Compte tenu de la position des yeux , un lapin a une vision à 360° . En outre en raison de cette position très externe des yeux, le lapin voit aussi au dessus de sa tête. En effet dans la nature le lapin a autant à craindre de ce qui peut courir sur le sol que de ce qui peut venir des airs
Quand le lapin est tranquille, chaque il "travaille" indépendamment de l'autre et fournit donc au cerveau de l'animal deux images correspondant l'une à l'espace situé à droite et l'autre à celui situé à gauche de sa tête. En cas d'alerte seulement, il cherche à avoir une image binoculaire lui donnant la possibilité d'évaluer la profondeur de champ et la distance à laquelle se trouve l'image l'ayant inquiété, qu'elle soit initialement devant, derrière ou au-dessus de lui. Compte tenu d'une relativement faible densité des cellules sensibles à la lumière sur la rétine, l'image créé reste de toutes manières floue. En fait, le lapin est plus sensible au mouvement des choses qu'à leur forme : un objet parfaitement immobile n'est en principe pas dangereux, alors qu'un "objet" en mouvement est en principe inquiétant.
Il
est donc plus important pour le lapin de savoir si "ça bouger"
que de savoir avec précision ce que c'est. L'éleveur doit tenir
compte de cette situation lorsqu'il souhaite saisir un lapin : il n'y a pas d'angle
mort. Par conséquent il est préférable que le lapin sache
ce qui va lui arriver, et si les manipulations précédentes ont été
assez douces, il n'y aura pas de tentative de fuite. A retenir toutefois, le lapin
n'ayant pas de vision biloculaire vers l'arrière ni au dessus de sa tête,
il ne sait pas à quelle distance est située un main qui va le saisir
par le dessus-arrière. A l'inverse, face
à la tête du lapin la main de l'éleveur peut parfaitement
faire l'objet d'une attaque bien ciblée puisque le lapin la situe avec
précision grâce à sa vision binoculaire.
Chez le lapin comme chez les autres espèces, la rétine est couverte de cellules sensibles à la lumière. Certaines cellules sont en forme de bâtonnet et d'autre en forme de cône . Ces différentes cellules sont interconnectées de manière complexe et c'est un influx nerveux déjà en partie "synthétisé" qui est envoyé au cerveau par le nerf optique pour "analyse" et prise de décision. Les
bâtonnets grâce la présence de rhodopsines, sont sensibles
à une lumière de faible intensité mais leur courbe d'absorbance
est maximale pour une seule longueur d'onde, en l'occurrence le vert. Les bâtonnets
donnent donc une bonne vision dans le pénombre mais c'est une vision monochromatique
en vert et noir. On estime que le lapin a besoin de 6 à 7 fois moins de
lumière que l'homme pour "commencer à y voir quelque chose"
dans la pénombre, en raison d'un beaucoup plus grand nombre de cellules
en bâtonnet par mm² sur sa rétine. Mais comme tous les animaux,
homme compris, il ne voit rien dans l'obscurité absolue, mais pour lui,
le simple «voyant» d'un équipement électrique éclaire
parfaitement une pièce |
Lorsque
l'intensité lumineuse augmente (lumière du plein jour), tous les
bâtonnets sont saturés. Ils n'envoient plus de signal supplémentaire
au cerveau et ce sont les cellules en cône qui prennent le relais de l'information
lumineuse reçue par l'il.
Dans ces cellules en cône, les
molécules sensibles, les opsines, sont de différents types et réagissent
en fonction de la longueur d'onde de la lumière reçue. Il y a plusieurs
sensibilités en raison de la modification de quelques acides aminés
sur la molécule d'opsine. Chez le lapin deux types de molécules
d'opsine sont présents dans les cônes. Ces molécules ont une
absorption maximale de la lumière pour 2 longueurs d'onde correspondant
pour l'une au bleu (465 µm) et pour l'autre au vert clair (509 µm).
La vision des couleurs est dont moins complète chez le lapin que chez l'homme.
Enfin, la vue est le sens qui permet au lapin via la sécrétion de mélatonine par l'épiphyse (appelée aussi glande pinéale) de détecter la durée d'éclairement et ainsi de régler son horloge biologique.
Louïe un autre système dalarme souvent utilisé en combinaison avec la vue. Le lapin a une bonne sensibilité auditive. Il entend les sons entre 360 et 42 000 à 50 000 Hz, contre 64 à 23 000 Hz pour lhomme. Autrement dit lenvironnement sonore des lapins nest pas exactement celui que vous et moi entendons : les sons très graves sont ignorés, alors que toute une gamme d'ultra-sons est parfaitement bien entendue (voir le tableau 1.1 ci-dessous comparant la sensibilité auditive des différentes espèces.
Tableau 1.1 : Gammes de longueur d'onde entendues par différentes espèces animales. | Malgré
ses grandes oreilles mobiles, le lapin nest pas doué pour localiser
l'origine des sons : il ne peut localiser la source dun son quà
20-30° près, alors que lhomme le fait à 0,5 à1°
près. Suite à une alerte sonore et ou auditive le lapin se dresse pour mieux détecter la source en utilisant la vue et louïe en combinaison. Cette position "debout" est toujours le signe que le lapin est en alerte. Si elle est observée à forte fréquence dans un élevage, c'est que l'environnement des lapins est "inquiétant". C'est à l'éleveur d'identifier ce qui inquiète ses lapins et si possible d'éliminer cette source de stress. |
Lodorat du lapin est beaucoup plus développé que celui de lhomme par exemple. Selon différents auteurs il possède de 50 à 100 millions de récepteurs (105 cellules par mm² de muqueuse olfactive), alors que lhomme nen a que 10 millions, mais le chien en possède de 1 à 3 milliards, voire un peu plus chez les meilleurs chiens de chasse.
Ce
grand nombre de cellules olfactives est lié à la grande surface
de ses cornets nasaux. Autrement dit, un lapin atteint dun simple coryza
(rhinite) ne sent presque plus rien alors que lodorat est le sens qui lui
permet de reconnaître son environnement immédiat, ses congénères,
ses petits. Il faut aussi savoir que les récepteurs sont normalement remplacés
tous les 30 à 60 jours, ce qui veut dire qu'un lapin guéri d'une
rhinite récupère en quelques semaines ses capacités à
distinguer les odeurs. Enfin, l'odorat est un sens pleinement développé
dès la naissance. C'est en effet l'odorat qui sert par exemple aux lapereaux
à repérer les mamelles de leur mère grâce aux phéromones
présentes sur ces dernières.
Chez le lapin la fonction du toucher est exercée surtout à travers les vibrisses quil porte sur la tête : autour de la bouche mais aussi au dessus des yeux. Le lapin «touche» peu avec ses pattes mais beaucoup avec sa tête. Compte tenu de l'importance de ces poils pour la relation du lapin avec son environnement immédiat, il faut éviter de les brûler sur les lapins curieux, si en présence des animaux on passe les cages au chalumeau pour nettoyer les poils accrochés au grillage. Les pattes avant en particulier ont cependant un rôle à jouer dans le "toucher" particulier lié au grattage nécessaire au creusement des terriers par exemple. |
Le
lapin possède environ 17 000 cellules gustatives sur la langue. Cela lui
permet de parfaitement distinguer les 4 saveurs basiques : Salé - Sucré
- Acide - Amer .
Il tend à préférer ce qui est un peu
sucré et un peu amer. Comme chez l'homme, le goût combiné
avec l'odorat permet de distinguer les types d'aliment disponibles pour le lapin.
Lanalyse
immédiate dun aliment daprès ses composantes de goût
et dodeur conduisent le lapin à faire des choix affirmés quand
il en a la possibilité. Mais en l'absence de libre choix, sauf dans les
cas extrêmes, la consommation des aliments uniques est pratiquement indépendante
de leur goût, que l'aliment ait été antérieurement
considéré par les lapins comme appétant ou inappétant
(tableau 2)
Autrement dit , chez le lapin, le goût peut être classé
comme un sens de second plan.
Tests en
libre choix sur 10 jours (trémies interverties chaque
jour) | %
consommé lors du test en libre choix |
Consommation
en aliment unique |
Aliment témoin A | 35
% | 115
g/jour |
Aliment témoin A + arôme "plaisant" |
65
% | 114
g/jour |
Aliment témoin B | 80
% | 124
g/jour |
Aliment témoin B + arôme "déplaisant" |
20 % |
123 g/jour |
Tableau 2 : Consommation de lapins en croissance lorsqu'ils
ont le choix entre 2 aliments ou n'en ont qu'un seul à leur disposition
(d'après Lebas , 2006)
4- Les comportements de l'individu et leurs relation avec les méthodes d'élevage
Cet aspect des comportements du lapin est largement développé dans la partie comportement alimentaire de la section "Biologie du lapin" de ce site. On trouvera ci-dessous le plan détaillé de cette partie avec des renvois directs sur chacun des grands paragraphes.
Outre ces différents points du comportement alimentaire du lapin quelques éléments méritent d'être ajoutés.
Moisissures et toxines
Lorsque l'alimentation
des lapins contient des moisissures, ou un développement anormal de bactéries
du type putréfiant, ils réduisent significativement leur consommation
pour des concentrations nettement inférieures à celles entraînant
un réduction de consommation chez le rat par exemple (tableau 3). De manière similaire, les lapins qui reçoivent un aliment contenant des mycotoxines (aflatoxines en particulier) le refusent complètement ou en mangent très peu. La conséquence immédiate est aussi une très forte tendance au grattage, les lapins essayant de trouver un aliment qui serait sain "sous" l'aliment ± moisi, ou dont les matières premières auraient laissé pousser des moisissures génératrices de mycotoxines. |
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Taille des granulés et des mangeoires
Lorsqu'ils consomment des aliments granulés, les lapins tendent à saisir un granulé au fond de la mangeoire puis à retirer leur tête pour le mastiquer. Si le granulé ne tient pas dans sa bouche, le lapin le casse et la partie "excédentaire" retombe, au mieux dans la mangeoire, mais elle peut aussi tomber hors de la mangeoire si l'animal a déjà retiré la tête quand ils trouve que, décidément, ce granulé est trop long. C'est pourquoi il est vivement conseillé d'utiliser pour les lapins des granulés dont la longueur ne dépasse pas 1 cm. Pour les mêmes raisons un granulé d'un trop grand diamètre est en partie gaspillé (tableaux 4 et 5). A l'inverse des granulés de très petit diamètre sont nécessairement plus durs que des granulés de grand diamètre (réaction physique lors de la granulation) et ils ne sont pas particulièrement appréciés. Compte tenu de ces éléments de comportement des lapins, il est conseillé de proposer aux lapins des aliments complets sous forme de granulés de 3,2 à 5,5 mm et d'une longueur ne dépassant pas 1 cm. L'expérience a montré que les granulés de ce type conviennent aussi bien aux lapins adultes qu'aux très jeunes lapereaux (tableaux 4 et 5). Il faut en outre rappeler que si les lapins peuvent être alimentés avec des aliments en farine, cela réduit leur consommation effective et diminue leur croissance d'environ 20% par rapport à la distribution du même aliment granulé (tableau 6).
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Par ailleurs, le fait que chaque lapin retire la tête après avoir saisi un granulé laisse à deux ou trois lapins la possibilité de manger simultanément dans une mangeoire à un seul poste (figure 2). Comme par ailleurs le temps total passé à consommé des granulés ne dépasse jamais 3 heures par lapin par cycle de 24 heures, on comprend aisément que le nombre de poste de consommation dans une cage ne soit pas un facteur limitant la consommation de chaque lapin au sein d'un groupe de 6 à 10 sujets, comme cela a été démontré aussi bien pour des lapins alimentés à volonté (tableau 7) que pour des lapins rationnés (tableau 8). NB : Pour en savoir plus sur les modalités de rationnement des lapins en engraissement on pourra se reporter à l'article écrit par Tudela et Lebas en 2006 dans partie CunicultureMagazine de ce site.
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Tri
dans les mangeoires et présence de fines ou de poussières
=> dimension et équipement
des mangeoires
Lorsqu'un lapin consomme des granulés dans une mangeoire, il prélève les granulés un par un. De ce fait, il délaisse les petits morceaux de granulés (fines) ainsi que la poussière d'aliment, qui tendent donc tous deux à s'accumuler au fond de la mangeoire. Après un certain temps qui dépend de la quantité de fines et de poussières initialement présent dans le lot de granulés, le lapin est gêné par des débris de granulés. La première réaction du lapin est de gratter dans la mangeoire pour rechercher les granulés. A cette occasion, il projette inévitablement de l'aliment hors de la mangeoire, qui est soit souillé, soit carrément perdu (passage à travers le grillage). Pour réduire l'incidence de ce comportement il est utile de prévoir des mangeoires limitant le grattage par le conformation du rebord d'une part (figure 3) et par la largeur dans laquelle les lapins peuvent manger d'autre part. Puisque pour gratter un lapin utilise toujours ses deux pattes avant en même temps (voir figure 4) il suffit de prévoir des mangeoires dans lesquelles un lapin peut passer sa tête, éventuellement une patte avant, mais pas les deux en même temps. Concrètement, cela donne des largeurs de 7-8 cm, 10 cm au grand maximum pour des mangeoires linéaires (figure 5), un peu plus pour des mangeoires à coupelles de forme circulaire, utilisées dans les alimentations automatiques (figure 6).
Un lapin ça ronge
Il faut enfin rappeler à propos de comportement alimentaire des lapins que ce sont des animaux qui ont des dents conçues pour ronger. Elles ont toutes une croissance continue de 2 à 2,4 mm par mois. Le lapin use un tout petit peu ses dents en mangeant, mais très majoritairement il les use en frottant les dents du haut contre les dents du bas et réciproquement. Par contre le lapin aime bien ronger ce qui est à sa portée. Un morceau de bois placé dans la cage exerce un effet calmant (figure 7) mais il convient que celui-ci soit accroché à la paroi pour éviter qu'il ne soit souillé par les déjections des animaux et devienne source de problèmes pathologiques. Par contre, les autres éléments et équipements présents dans la cage doivent être résistants à la dent des lapins (figures 8 et 9). De fait, seul le métal (assez épais) peut résister à la dent des lapins (voir figure 6). Aucun bois, ni aucun plastique ne peuvent résister longtemps à un lapin qui cherche à les ronger dès lors que le lapin a un angle d'attaque, c'est à dire qu'il peut saisir une partie de l'objet entre ses incisives du haut et celles du bas. C'est ainsi qu'il faut protéger les bords des trémies ou des abreuvoirs en plastique, les bords des boites à nid en plastique ou en bois, etc. Par contre, si le lapin ne peut pas le "saisir" entre ses dents, le produit peut lui résister. A titre d'exemple un fond de cage construit avec des bambous refendus et bien orientés n'est pas attaqué (figure 10). A l'inverse, les tentatives ont été faites dans les années 1970-80 pour fabriquer des sols grillagés enrobés de plastique dans l'espoir de les rendre plus doux sous les pattes des lapins que le fer galvanisé. Elles se sont toutes soldées par des échecs cuisants. Suivant la résistance du revêtement plastique utilisé, l'enrobage était détruit en 1 à 15 journées au plus. Pire, les plastiques les plus résistants n'étaient que partiellement rongés et formaient des aspérités qui irritaient les pattes des lapins (source de mal aux pattes pire qu'une galvanisation mal faite).
Un lapin qui va dun point à un autre se déplace par petits bonds (figure 11). Par contre, un lapin qui broute, par exemple, se déplace en marchant à petits pas denviron 5 à 8 cm. En cas de jeu ou de fuite un lapin peut faire des grands bonds et peut sauter des obstacles de 1 m de hauteur surtout s'il a de l'élan. Lorsque certains éleveurs ont voulu faire de parc sans "plafond", il s'est avéré nécessaire d'entourer les parcs d'un grillage d'au moins 1 m de hauteur. Souvent il a même été nécessaire de placer en haut un rebord tourné vers l'intérieur pour arrêter les lapins qui peuvent parfois grimper après un grillage, principalement dans les angles.
Ces caractéristiques du déplacements des lapins sont prises en compte lors de lélaboration actuelle des dimensions souhaitables pour le cages au plan européen.
Il est bien connu que le lapin de garenne est un animal fouisseur qui creuse des terriers (figure 13) . Le lapin domestique laissé avec assez de temps libre pour creuser sur un sol adéquat creuse effectivement lui aussi. Si des lapins domestiques sont dans un enclos dont la clôture n'est pas enterrée, ils creusent immanquablement sous la clôture (figure 14) et s'échappent ainsi. Les conséquences de la technique de grattage des lapins (figure 4) ont été vues aussi plus haut à propos de la conception des mangeoires.
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Pour mettre bas, la lapine de garenne se creuse un terrier particulier, une rabouillère quelle garnit dherbe, de feuilles mortes et du poil quelle se prélève sur labdomen (ce qui en outre améliore laccessibilité aux tétines). Chez la lapine domestique, cette fonction est remplacée par la mise à disposition dune boite à nid munie dun litière que la lapine aménage à sa guise dans les jours précédents la mise bas. L'expérience montre que les copeaux de bois dépoussiérés permettent aux lapines de faire des nids d'une qualité meilleure que qu'avec de la paille.
à suivre ...