Chapitre 3

CONDUIRE son ÉLEVAGE
Alimentation et Reproduction

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Chapitre 2  Créer un élevage de lapins
Chapitre 4 Assurer la bonne santé de l'élevage

Plan du Chapitre 3 Cliquer sur les N° pour accéder directement à chaque partie

3.1 Comment nourrir vos lapins ?
3.1.1 Les besoins alimentaires des lapins.
3.1.1.1 Besoins en eau
3.1.1.2 Besoins en énergie
3.1.1.3 Besoins en lipides
3.1.1.4 Besoins en cellulose (fibres)
3.1.1.5 Besoins en protéines
3.1.1.6 Besoins en minéraux et en vitamines
3.1.1.7 Tableau récapitulatif des besoins

3.1.2 Le choix des aliments
3.1.2.1 Pour un petit élevage
: utilisation des fourrages
             présentation de 80 fourrages utilisables sous les tropiques
3.1.2.2 Pour un élevage à caractère commercial : des aliments composés.
3.1.3 Les déjections en production du lapin de chair
3.1.3.1 Les méthodes de stockage des déjection
3.1.3.2 Quantité et qualité des déjections.

3.2 Comment assurer la réussite de la reproduction et donc organiser la production des lapereaux dans un élevage ?
3.2.1 La saillie
3.2.1.1 La pratique de la saillie
3.2.1.2 L'âge à la première saillie
3.2.1.3 L'intervalle mise bas => saillie
3.2.2 La palpation : le diagnostic de gestation
3.2.3 La préparation de la boîte à nid
3.2.4 La mise bas
3.2.5 L'adoption des lapereaux
3.2.6 La surveillance des lapereaux sous la mère et l'allaitement contrôle
3.2.7 Le sevrage
3.3 L'engraissement
3.4 Le renouvellement des reproducteurs
3.4.1 Les reproducteurs à renouveler
3.4.2 Comment choisir ses reproducteurs en auto-renouvellement ?
3.4.3 Renouvellement avec des lapereaux d'un jour achetés à l'extérieur
3.4.4 Tri et élimination

 

3.1 Comment nourrir vos lapins ?

 
Dans la nature, un animal se nourrit en fonction des besoins de son organisme et de ses mœurs, de la disponibilité de la nourriture, de l'importance des populations cohabitant sur le même milieu. Les lapins élevés en colonie ou en cage, dépendent entièrement de l'éleveur pour leur nutrition. Celui-ci doit apporter chaque jour l'eau et la nourriture à ses animaux. Les lapins doivent toujours avoir de l'eau et de la nourriture à leur disposition. Les mangeoires et les abreuvoirs ne doivent jamais être vides. Les lapins bien nourris sont robustes et ont un beau pelage. Ils grandissent vite, font beaucoup de lapereaux et tombent rarement malades.

L'étude du lapin domestique a permis de cerner le problème des besoins alimentaires du lapin, en particulier en matières minérales, vitamines, cellulose (ou aliment de lest), lipides, protéines, glucides libérant de l'énergie, etc... La ration alimentaire correspond à la quantité de tous les aliments consommés sur une journée par l'animal. Equilibrée, elle doit satisfaire ses besoins.

3.1.1 Les besoins alimentaires des lapins.
 
3.1.1.1 Besoins en eau
Contrairement à ce que bon nombre d'éleveurs pensent, le lapin boit de l'eau. Il est vrai que cet herbivore lorsqu'il est alimenté exclusivement avec de l'herbe fraîche et riche en eau, boit peu. Mais nourris avec des aliments secs (foin, granulé ou farine), les jeunes en croissance boivent 1,5 à 2 plus que la quantité d'aliment sec qu'ils mangent tandis que la lapine allaitante boit 2 à 2,5 fois plus d'eau qu'elle ne mange d'aliment. Comme celle des humains, cette eau doit être potable pour ne pas entraîner de maladies. Si l'eau est sale, même s'il a soif, le lapin ne boit pas.
Cet élément vital et ses qualités conditionnent la santé des lapins tant en maternité qu'en engraissement, permettant une bonne lactation et une bonne croissance de la naissance à l'abattage. L'eau est un facteur de réussite, mais peut aussi être source de problèmes selon l'attention qu'on y porte.
Prévoir en moyenne par jour
:
  • 0,2 à 0,3 litres d'eau par lapin en croissance
  • 0,6 à 0,7 litres d'eau pour une lapine allaitante
  • un litre et plus par jour pour une lapine et sa portée au cours de la semaine précédant le sevrage

Attention au gaspillage, aux abreuvoirs peu stables qui se renversent trop facilement. Comme pour l'aliment, le lapin boit un grand nombre de fois au cours de la journée et de la nuit (25 à 30 fois en moyenne par 24 h). Bien veiller à ce que les bacs et les abreuvoirs soient remplis en permanence, en particulier le soir avec une quantité suffisante pour la nuit.

Si l'eau est polluée par des microorganismes, on peut la désinfecter simplement en y ajoutant de l'hypochlorite de soude (eau de Javel). Le dosage préconisé est de 2 ml d'eau de javel dosant 12° chlorométriques pour 10 litres d'eau (ou 200 ml pour 1 m3 d'eau ce qui est la même chose). On peut aussi utiliser d'autres produits pour désinfecter l'eau, tels que les solutions iodées ou le permanganate de potassium. La propreté des abreuvoirs, la purge régulière e le nettoyage des bacs, des tuyaux des rampes d'abreuvement doivent être une préoccupation permanente du cuniculteur. Par ailleurs si l'eau est polluée par des minéraux ou des matières organiques, c'est en amont, à la source d'approvisionnement en eau qu'il faut intervenir pour obtenir une eau potable (mêmes normes que pour l'alimentation humaine)

Enfin, l'eau ne doit pas chauffer au soleil : les lapins ne boivent pas de l'eau chaude. Parfois les lapins et les abreuvoirs sont bien à l'abris du soleil direct, mais les réservoirs et/ou les canalisations d'alimentation en tube noir (un tuyau opaque est bien pour éviter la pullulation d'algues dans les tuyaux) sont exposés au soleil direct et ce qui arrive aux lapins c'est de l'eau chaude. Il faut absolument éviter cette situation.

 


3.1.1.2 Besoins en énergie

Le besoin quotidien en énergie du lapin varie en fonction du type de production mais aussi avec la température ambiante. Ce besoin en énergie du lapin en croissance ou en reproduction (gestation , lactation) peut être couvert par des aliments distribués à volonté contenant de 2200 à 2700 kcal d'énergie digestible par kg. Le lapin régule assez bien la quantité d'aliment à consommer tant que la température ne dépasse par 25-26°C. Lorsqu'il fait plus chaud (30°C par exemple), son appétit diminue et sa croissance ou sa production laitière ralentissent.
Dans l'aliment, l'énergie est fournie par les glucides (sucres et féculents), les lipides (ou graisses), la fraction digestible des fibres et secondairement par l'apport de protéines.

 
3.1.1.3 Besoins en lipides

Le besoin en lipides (ou graisses) est couvert avec une ration contenant 2,5 à 3% de lipides. C'est la teneur spontanée de la majorité des aliments naturels entrant dans la ration. Il n'est donc pas nécessaire d'ajouter des corps gras aux aliments du lapin pour couvrir ses besoins énergétiques car les matières premières utilisées en contiennent suffisamment. Certaines sont même particulièrement riches comme les sons de riz (3 à 16% de lipides suivant qu'ils ont été déshuilé ou non) ou certains tourteaux obtenus par pression simple (ex. 8 à 9% de lipides dans des tourteaux expeller de coprah ou de palmiste)
 
3.1.1.4 Besoins en cellulose (fibres)
La cellulose est un composant végétal qui, combiné avec la lignine, des hémicelluloses et des pectines constitue les parois des cellules végétales, l'élément majeur de rigidité de la plante.
Le lapin est un pseudo-ruminant sinon un faux-ruminant. Son tube digestif a besoin de lest pour bien fonctionner et celui-ci est fourni par les parois des végétaux qu'il mange. De plus, grâce aux micro-organismes de son caecum le lapin est capable de digérer en partie ces éléments fibreux. Ses besoins sont donc plus importants que d'autres espèces d'élevage comme le porc ou le poulet.
Pour les lapins en engraissement, le taux de cellulose brute d'un aliment complet (dosage par la méthode de Weende) devra être de l'ordre de 14 à 16% c'est-à-dire un taux nettement plus élevés que celui des aliments pour volailles. Les lapines reproductrices pourront se satisfaire d'un aliment ne contenant que 12 à 13% de cellulose brute. En plus de la cellulose en partie digestible (25 - 30%) le lapin doit trouver dans sa ration au moins 4 à 5% de lignine, élément indigestible mais qui assure un fonctionnement régulier au tube digestif et réduit fortement le risque de diarrhée.
 
3.1.1.5 Besoins en protéines
Les protéines (ou matières organiques azotées) sont les molécules les plus originales de la constitution des êtres vivants (animaux et végétaux). Les lapins en ont besoin pour la constitution de leur propre corps, elles sont donc nécessaires pour la croissance et pour la production (viande, lait, embryons, lapereaux). De récents travaux de recherche, conduits en Europe, ont montré qu'il existe une relation certaine entre l'efficacité alimentaire et la qualité des protéines. Ainsi parmi les 21 acides aminés qui entrent dans la constitution des protéines, il y en a 10 qui sont des acides aminés essentiels (non fabriqués par l'organisme du lapin). Lorsque les protéines alimentaires apportent ces acides aminés indispensables, la ration peut ne contenir que 15 à 16% de protéines brutes pour les lapins à l'engraissement. Chez la lapine reproductrice, le taux optimal de protéines brutes est d'environ 17 à 18%. Lorsque la température moyenne est supérieure à 25 - 27°C, il est souhaitable d'accroître de 1 point environ la teneur en protéines des aliments (16 - 17% pour l'engraissement, 18 à 19 % pour les lapines allaitantes).
 
3.1.1.6 Besoins en minéraux et en vitamines
Les minéraux (calcium, phosphore, sodium, magnésium, etc...) sont indispensables au fonctionnement et à la constitution de l'organisme du lapin. Ils entrent en particulier dans la constitution des os et du lait mais permettent aussi le fonctionnement en favorisant les équilibres intra et extra-cellulaires. En phase d'allaitement, la femelle est particulièrement sensible à un bon apport minéral (ex. calcium 1,1 à 1,3%, phosphore 0,6 à 0,7% de la ration). Les besoins en sels minéraux sont couverts en général par l'aliment commercial. Toutefois, les apports peuvent être améliorés par les compléments minéraux commerciaux.
 
Les vitamines se trouvent dans les divers aliments qui sont distribués aux lapins. Les sources sont les fourrages verts, les céréales, les tourteaux, les sous-produits agroalimentaires, les restes de cuisine et les aliments composés. La provende apporte généralement les composés correspondant aux besoins des lapins. Les vitamines liposolubles (A, D, E et K) doivent être apportées par l'alimentation. Par contre si les lapins sont en bonne santé (pas de diarrhée) les vitamines hydrosolubles (C et toutes celles du groupe B) sont fournies par le flore digestive et en particulier par l(ingestion des caecotrophes. Un apport de vitamine C peut aider les lapins à mieux supporter la chaleur, mais cette vitamine n'est pas très stable un fois mise dans les aliments ou l'eau de boisson.
 


3.1.1.7 Tableau récapitulatif des besoins
Le tableau 1 résume les apports nutritionnels souhaitables pour les aliments destinés aux lapins de différentes catégories de lapins, élevés en élevage intensif (Europe). En Afrique, on prendra en considération surtout les recommandations pour un aliment mixte.

Tableau 1: Recommandations pour la composition des aliments complets pour lapins
D'après Lebas et al., 1996 et Lebas, 2004
Composants d’un aliment
à 89% de matière sèche
Jeune en croissance
(4-12 semaines)
Lapine
allaitante
Aliment «mixte»
engraisssement,
maternité, etc...
  Protéines brutes %
16
18
16
  Protéines digestibles %
12
13,5
12,4
Acides aminés principaux
   
  Acides aminés soufrés (méthio.+cystine)
0,55
0,62
0,6
  Lysine
0,75
0,85
0,8
  Arginine
0,8
0,8
0,9
  Thréonine
0,55
0,7
0,6
  Tryptophane
0,13
0,15
0,14
  Énergie digestible kcal/kg
2400
2700
2400
 Rapport prot. digest. /énergie digest. g/ 1000 kcal
45
53
48
  Lipides %
2,5
4
3
Fibres
   
  Cellulose brute (méthode de Weende) %
15
12
14
  Ligno-cellulose (ADF) % minimum
19
14
16
  Lignine (ADL)% minimum
5
3
5
  Cellulose "vraie" (ADF – ADL) % mini
13
9
11
  Ratio lignine / cellulose vraie
0,4
0,35
0,4
  Hémicellulose (NDF – ADF) % mini
12
9
10
  Amidon % maxi
14
libre
16
Minéraux
   

  Calcium

0,7
1,2
1,1
  Phosphore
0,4
0,6
0,5
  Potassium
0,7
1
1
  Sodium
0,22
0,25
0,22
  Chlore
0,28
0,35
0,3
  Magnésium
0,3
0,4
0,3
Vitamines
   
  Vit. A en UI/kg (maximum 15 000 UI)
6 000
10 000
10 000
  Vit. D en UI/kg (maximum 1500 UI)
1 000
1 000
1 000
  Vit. E en ppm minimum
30
50
50
  Vit. K en ppm
1
2
2
  Vit. C en ppm (+250 ppm en cas de chaleur)
0
0
0
  Vit. B1 en ppm
2
2
2
  Vit. B2 en ppm
6
6
6
  Vit. B6 en ppm
2
2
2
  Vit. B12 en ppm
0,01
0,01
0,01
  Acide folique en ppm
5
5
5
  Acide pantothénique en ppm
20
20
20
  Niacine en ppm
50
40
40
  Biotine en ppm
0,1
0,2
0,2

3.1.2 Le choix des aliments
Le choix des aliments à distribuer aux lapins dépend du type d'élevage.
 
3.1.2.1 Pour un petit élevage : utilisation des fourrages
Le cuniculteur possédant quelques lapins pour sa consommation peut leur donner des fourrages, des déchets domestiques, des résidus des récoltes des champs et du jardinage. La ration ne sera pas parfaitement équilibrée, mais son prix de revient restera très faible.

Les fourrages sont les herbes et les feuilles pouvant servir de nourriture aux animaux. Le lapin est un herbivore ; parmi les fourrages les plus courants en Afrique de l'ouest, il aime manger :

- herbe à lapin (Tridax procumbens)
- feuille de palmier (Elaeis guineensis)
- herbe de Guinée (Panicum maximum)
- haricot sauvage (Centrosema pubescens)
- feuille de patate aquatique (Ipomoea aquatica)
- feuille de patate douce (Ipomoea batatas)
- Sida acuta
- Aspilia africana

- Ficus umbellata.
- tiges et feuilles de Stylo (Stylosanthes scabra secca)
- Boerhavia erecta
- Gliricidia sepium
- Paspalum vagitatum
- kudzu tropical (Pueraria phaseoloides)
- herbe à éléphant (Penisetum purpureum)
- Vernonia pauciflora


Une présentation de ces différents fourrages (composition chimique sommaire + 4 à 5 photos) ainsi que de différentes autres plantes aussi utilisables pour l'affouragement des lapins en milieu tropical, est disponible en annexe.
Cliquer sur le bouton ci-après pour accéder à cette liste de 80 fourrages ou sur le bandeau ci-dessous.

 

 
Figure 42 : Exemple de séchoir à fourrage
Les lapins aiment aussi manger les rafles de maïs, les fanes d'arachide, de haricot, etc… (voir liste des 80 fourrages avec illustrations ). Certains de ces fourrages et en particulier les plantes aquatiques, ne poussent qu'en fonction de l'humidité ambiante. D'autres comme le Panicum peuvent être séchés en foin pour permettre une distribution en différé. Dans ce cas, faire un préfanage (séchage sur place après la coupe pendant 1 à 2 jours), puis sécher au soleil le plus rapidement possible, par retournement successif ou usage de petits séchoirs en bois (trépied de 2,5 à 3 m de haut) dans les périodes où le sol reste trop humide (voir la figure 42). La conservation doit se faire ensuite dans un local abrité bien sec et à l'abri des animaux (rats, volailles, etc…).
ATTENTION. Les foins et plus généralement les fourrages moisis ou fermentés peuvent être toxiques
 
Les feuilles de palmier par exemple sont toujours disponibles. Il est préférable donc de les réserver pour les périodes où les autres fourrages sont rares. Ceci évitera de nuire en permanence à leur développement. Cependant, leur valeur alimentaire est faible.
La composition chimique d'un fourrage varie en fonction de son stade végétatif. Un jeune fourrage est toujours plus riche qu'un fourrage âgé et plus lignifié. Lors de la récolte des fourrages, l'éleveur doit donc préférer les jeunes plantes aux plantes plus âgées.

Le tableau 2 indique le calendrier de récolte de 16 fourrages classiquement utilisés en Afrique de l'ouest. Certains fourrages sont disponibles toute l'année, mais la plupart ne sont disponibles que pendant la ou les saisons pluvieuses
 
Tableau 2 : Calendrier des récoltes de fourrages en Afrique de l'Ouest (sauf zone du Sahel) - Source : Djago, 1999.
Blanc : absence de production - Jaune : présence. Vert : période la plus favorable
Fourrages
Mois de l'année
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
Herbe à lapin -Tridax procumbens Photo de Plante
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Feuille de palmier - Elaeis guineensis Photo de la PLANTE
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Herbe de Guinée - Panicum maximum Photo de la PLANTE
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Haricot sauvage - Centrosema pubescens Photo de la PLANTE
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Sida acuta Photo de la PLANTE
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Feuilles de patate aquatique Ipomoea aquatica Photo de la PLANTE
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Puero Pueraria phaseoloïdes Photo de la PLANTE
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Aspilia africana Photo de la PLANTE
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Stylosanthes scabra secca Photo de la PLANTE
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a
Ficus umbellata Photo de la PLANTE
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Gliricida sepium Photo de la PLANTE
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Boerhavia erecta Photo de la PLANTE
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Feuilles de patate douce Ipomoea batatas Photo de la PLANTE
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Paspalum vaginatum Photo de la PLANTE
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Vernonia pauciflora Photo de la PLANTE
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Herbe à éléphants Pennisetum purpureum Photo de la PLANTE
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p
a
 


Une poignée d'herbes ne suffit pas pour bien élever un lapin. En plus des fourrages distribués même en quantité importante, l'éleveur devra distribuer une nourriture complémentaire plus concentrée ou compléments alimentaires.
Ce sont

 

a) Les produits simples distribués seuls ou en mélange,
Parmi les produits simples distribués seuls ou en mélange, figurent le son de maïs, les drêches de dolo et de brasserie, les restes de cuisine, les grains de maïs ou de sorgho, les rejets de choux ou de carotte, le son de blé, le son de riz, les tourteaux de palmiste, de soja ou de coton, etc…

b) Les provendes ou aliments composés
Ils sont présentés en farine ou en granulé, mais la forme granulée est la mieux consommée. De plus elle est la meilleure car elle ne permet pas aux lapins de trier. Elle peut être complète et ne nécessite alors plus d'apport de fourrage complémentaire.

Pour entretenir un petit élevage, on peut aussi distribuer comme complément alimentaire aux fourrages, les mélanges obtenus à partir de différentes matières premières. Quelques exemples sont fournis au tableau 3 en se basant sur des poids et non pas sur des volumes. Les volumes occupés par 1 kg de chaque matières première varient en effet énormément d'une matière première à l'autre et pour une même matière première en fonction de sa présentation..

Tableau 3. Groupes de matières premières usuelles
et manières de les combiner.
Groupe
Matières premières
Teneur en protéines %
A
- Tourteau de soja
- Tourteau d'arachide
42 à 46
50
B
- Haricots bouillis secs
- Tourteau de palmiste
- Tourteau de coton
18
15 à 19
41
C
- Farine de maïs, riz, sorgho, mil
- Son de maïs, riz, sorgho ou mil
7
9
D
- Manioc séché
- Patate douce séchée

2
2

Combinaisons possibles :
4 parties de C + 1 partie de A (soit 80% de C + 20% de A )
3 parties de C + 2 parties de B
2 parties de D + 2 parties de B + 1 partie de A

Source : Fielding, 1993
 

Le tableau 4 montre, à titre d'exemple, un calcul de valeur en protéines brutes d'une combinaison issue du tableau 3.

Tableau 4 : Exemple de calcul du pourcentage de protéines brutes d'un mélange
Combinaison
Matières premières utilisées
Calcul
Taux de protéines brutes
du mélange final
4 C + 1 A
4 de farine de maïs
1 de tourteau de soja
80 x 7 % = 5,6
20 x 42 % = 8,4
5,6 + 8,4 = 14%

 

 

3.1.2.2 Pour un élevage à caractère commercial . utilisation d'aliments composés
Lorsque son cheptel devient plus important (plus de 10 reproductrices), l'éleveur doit plutôt distribuer en grande quantité un aliment composé équilibré (ou provende) et un peu d'herbe comme complément si nécessaire.
Le lapin préfère un aliment granulé à un aliment farineux. L'intérêt du granulé est qu'il est fabriqué suivant les besoins spécifiques de l'animal et que ce dernier ne pouvant trier, consomme exactement la ration prévue pour lui. Cependant il vaut mieux distribuer une bonne provende en farine avec un peu de fourrage qu'un granulé de mauvaise qualité. Pour limiter le gaspillage de l'aliment farineux, fréquent en particulier dans les jours suivant le sevrage, il est conseillé de ne remplir les mangeoires qu'à la moitié ou au plus aux 2/3, ou d'y installer un système antigaspillage. Cette recommandation conduit à distribuer l'aliment au moins une fois par jour de manière à ce que au moins un jour sur deux les lapins finissent l'aliment farineux qui leur est distribué.

Les besoins des animaux varient en fonction de l'âge et du stade de production (voir les recommandations du tableau 1). On distribuera donc différentes sortes d'aliments pour les lapins à l'engraissement, ou pour les lapines en reproduction si de tels aliments sont disponibles dans le commerce. Cependant, il n'existe souvent qu'un aliment mixte répondant toutefois assez bien aux besoins de tous. Ces diférents aliments sont élaborés à partir de formules calculées par des scientifiques et en utilisant des matières premières dont on analyse périodiquement la composition.

Notez bien : un élevage commercial est encore rentable
si la dépense en aliments représente à peu près 60 à 65% des dépenses de production.

 

 

Rations (ou quantités consommées par jour) à prévoir en fonction de la période de production :
    - Lapin reproducteur mâle : 120 à 150 g par jour en fonction de son format, et de la température.
    - Lapine : 120 à 350 g par jour suivant le stade physiologique (vide, ou gestante, ou allaitante ou gestante + allaitante)
    - Lapine + portée de 6-7 lapereaux de 4 semaines : 600 à 700 g

    - Lapereau en engraissement : 100 à 120 g par jour en moyenne

 

3.1.3 Les déjections en production du lapin de chair
 

Quand un lapin consomme 100 g de matière sèche (soit 110 g de granulé ou 300 à 400 g de fourrage vert), il élimine dans les litières ou sous sa cage environ 35 g de matière sèche de crottes (à 45-50% de MS soit 75 à 80 g de crottes fraîches). En fonction de la température, il éliminer aussi 60 à 75 g d'urine. Les poids et les volumes de déjection à éliminer dépendent ensuite des conditions de collecte et de stockage.

 


3.1.3.1 Les méthodes de stockage des déjection
s

Souvent dans les petits élevages, les déjections tombent sous les cages et sont balayées tous les jours ou tous les deux jours par l'éleveur, pour être entreposées en tas à l'extérieur de l'élevage (hors du bâtiment ou de l'enclos d'élevage)

Pour éviter trop de manipulations, les déjections peuvent être stockées provisoirement sous les cages dans les fosses de différentes profondeurs.
- mini fosses de 20 cm, posées sur le sol (entre des rangs de briques de ciment par exemple), nécessitant une évacuation assez fréquente du fumier (tous les mois environ)
- fosses profondes ou semi-profondes de 0,50 à 1 m de profondeur, étayées de préférence avec des murets en ciment pour éviter les éboulements. Dans ce cas, l'évacuation des déjections peut ne se faire qu'une fois par an, au moment où elles sont utilisées dans les champs comme fumure avant la mise en place des cultures, ce qui ne fait qu'une seule manipulation au total.

Les déjections mélangées avec les débris de litière et de fourrage vont au fil du temps se transformer par compostage en fumier de bonne valeur fertilisante, apprécié par les jardiniers, les maraîchers et les agriculteurs en général.

Important : pour bien fonctionner, une fosse doit impérativement rester à l'abri des entrées d'eau. Une ventilation bien conçue , avec des entrées d'air basses (voir chapitre logement) contribue à assécher les déjections, évite les mauvaises odeurs (ammoniac, …) et favorise le compostage. En bâtiment fermé, vider nécessairement les fosses profondes avant les périodes de fortes chaleurs, le phénomène de compostage des fumiers produisant par lui-même de la chaleur.

 

3.1.3.2 Quantité et qualité des déjections.

Pour simplifier les choses, on peut compter récupérer un poids de déjections à peu près équivalent au poids de l'aliment distribué, tant en maternité qu'en engraissement. Cela représente un volume d'environ 0,5 à 0,6 m3 de fumier par cage-mère et par an. Le tableau 5 récapitule la composition chimique des déjections de lapins telles que récupérées dans le pays à climat tempérés. De manière logique, la composition minérale des déjections dépend beaucoup de celle des aliments employés pour alimenter les lapins. La teneur en azote dépend aussi de la composition des aliments mais aussi largement des conditions de compostage. Un tas de compost qui "sent l'ammoniac" correspond à un compost qui est en train de perdre une partie de son azote dans l'atmosphère. C'est souvent le cas des composts trop humides.

 

 
Tableau 5 : Composition moyenne des déjections (valeurs mesurées en Europe)
Critère
Sur produit brut
Critère
Sur produit brut
 - pH
8 à 8,5
 - Potassium (K)
7 à 9 g/kg
 - Matière sèche
25 à 30 %
 - K exprimé en K2O
9 à 11 g/kg
 - Protéines brutes
4 à 5 %
 - Cuivre
15 à 18 mg/kg
 - Matières minérales
4 à 6 %
 - Magnésium (Mg)
1,6 g/kg,
 - Azote total
6 à 9 g/kg
 - Mg exprimé en MgO
2,6 g/kg
 - Calcium
10 g/kg
 - Manganèse
50 à 55 mg / kg
 - Phosphore (P)
2 à 3 g/kg
 - Fer
130 à 300 mg / kg
 - P exprimé en P2O5
5 à 6 g/kg
 - Zinc
50 à 60 mg/kg

3.2. Comment assurer la réussite de la reproduction et donc organiser la production des lapereaux dans un élevage ?
 

Chez la lapine, l'ovulation n'a lieu qu'à la suite de l'accouplement. La lapine est en effet une espèce à ovulation provoquée. En outre, l'ovulation est multiple, ce qui peut donner des portées ayant jusqu'à 10 à 12 lapereaux à la naissance, voire plus.

Pour en savoir plus sur la physiologie des femelles comme des mâles, consulter sur ce site les chapitres consacrés à la fonction de reproduction dans la partie Biologie du Lapin


3.2.1. La saillie
 
3.2.1.1 La pratique de la saillie

La saillie ou accouplement a toujours lieu dans la cage du mâle.
Avant de transférer la femelle, il est nécessaire de contrôler son état de santé et d'observer la vulve afin de savoir si elle est en phase de chaleur, c'est-à-dire à un stade hormonal où elle est en mesure d'accepter le mâle. La lapine en chaleur a une vulve rose foncé à rouge. Par contre, toute vulve rose pâle, violette ou blanche indique qu'elle sera peu ou pas réceptive.
Lorsque la femelle est réceptive, elle est introduite dans la cage du mâle. Elle s'immobilise rapidement, s'étire et relève légèrement l'arrière-train, ce qui permet au mâle de la chevaucher et de réaliser la saillie. Si l'accouplement réussit, le mâle tombe sur le côté en poussant parfois un cri.
Il est préférable de faire saillir deux fois la femelle avant de la retirer de la cage et de contrôler visuellement les deux saillies pour s'assurer que le mâle n'a pas éjaculé "à côté" dans le poil de l'arrière train de la femelle. Il faut éviter de laisser mâle et femelle ensemble sur de longues périodes, surtout si la femelle montre des signes d'agressivité vis à vis du mâle. Si une femelle doit accepter un mâle, cela se fait dans les 3 à 4 minutes suivant l'introduction de la femelle dans la cage du mâle. Passé ce délai, il est inutile d'insister.
Les saillies doivent se faire tôt le matin ou tard le soir, à la "fraîche", au moins par un temps frais.
A la fin de chaque accouplement, l'éleveur doit noter sur les fiches individuelles, la date de l'accouplement et le numéro des individus accouplés. Des fiches générales pour l'élevage seront aussi à tenir. L'ensemble de ces fiches sert au suivi de l'élevage, donc permet d'apprécier la prolificité des femelles et l'efficacité des mâles.
Le mâle domine la femelle
Il lui flaire l'arrière train
La saille proprement dite
Le mâle se laisse tomber sur le côté une fois qu'il a éjaculé.
Figure 43 : Les différentes phases de la saille chez le Lapin

 

 

3.2.1.2 L'âge à la première saillie
Les jeunes femelles doivent avoir 5 mois avant d'être saillies pour la première fois. Elles doivent avoir un poids minimum de 2,4 kg si le poids des femelles adultes est de 3 à 3,5 kg (au moins 75% du poids adulte de la souche)
Les mâles sont mis en reproduction à un âge un peu plus avancé, soit 5 mois½, voire 6 mois, avec un poids d'au moins 2,6 kg pour le même type de lapin.

Limiter le nombre de saillies à:
- 1 double saillie la première semaine de mise en reproduction,
- 2 la 2ème semaine,
- 3 la 3ème semaine et les semaines suivantes
Pour la 1ère saillie, proposer au mâle une femelle ayant déjà eu plusieurs accouplements et surtout une femelle qui est bien en chaleur.

 


3.2.1.3 L'intervalle mise bas =>saillie
Le délai de la présentation de la femelle au mâle après la mise bas dépend de l'importance de la portée et de la qualité de l'aliment distribué.
Si l'alimentation des lapines est constituée essentiellement de fourrages auxquels on ajoute ou non un complément, l'éleveur doit attendre le sevrage avant de saillir à nouveau la lapine.
Par contre si l'éleveur emploie un aliment composé équilibré, l'intervalle mise bas =>saillie peut être de 10 à 15 jours. Mais plus la portée est nombreuse, plus l'intervalle doit être allongé, par exemple :
- pour une portée de 4 à 6 lapereaux, l'intervalle possible est de 10 jours
- pour une portée de 7 et plus, l'intervalle conseillé est de 15 jours
- à l'inverse, pour une portée de 1 à 3 lapereaux, l'intervalle possible est de 7 jours.


3.2.2 La palpation
(diagnostic de gestation)
 La seule méthode efficace pour vérifier si la lapine est gestante ou non, est la palpation abdominale.
Il est hautement souhaitable d'apprendre à palper les femelles, car cela permet de remettre immédiatement à saillir une lapine détectée vide et donc d'augmenter la productivité de l'élevage. Toutefois, une palpation trop brutale peut faire avorter les lapines. Dans ce cas il vaut mieux s'abstenir et attendre la mise bas pour connaître le résultat de la saillie, ou 33-34 jours après une saillie inféconde, pour présenter à nouveau une lapine au mâle.

Pour faire la palpation, le procédé est le suivant : une main saisit la peau au-dessus des reins et soulève l'arrière-train. L'autre main passe doucement sous l'abdomen au niveau du bas-ventre (figure 44). et avec un mouvement de va-et-vient, repère des embryons sous forme de petites boules souples et glissantes au toucher en cas de gestation. Ces embryons ne sont pas à confondre avec les crottes qui par contre sont dures au toucher. La palpation chez la lapine peut se faire aisément entre le 12e et le 14e jour après la saillie (à partir du 10e jour pour les éleveurs très expérimentés). Réaliser une palpation plus tard ou trop brutalement, peut provoquer des avortements. Plus tôt, elle n'est pas possible, les embryons ne sont pas encore assez développés pour être détectés.
 
Figure 44 : Diagnostic de gestation par palpation abdominale

3.2.3 La préparation de la boîte à nid
 

Trois jours avant la date présumée de la mise bas, une boîte à nid propre, désinfectée et garnie de copeaux de bois, de paille ou d'un foin de graminées bien sec, sera installée suivant le modèle de cage utilisée, à l'intérieur ou à l'extérieur de la cage-mère, appuyée contre la paroi. Dans ce dernier cas, veiller à ce que l'orifice d'accès soit au niveau du plancher de la cage. L'éleveur ne doit pas oublier d'ouvrir la boîte à nid en fin d'installation, pour que la femelle puisse y aménager le nid.

La lapine en fin de gestation va alors arracher des poils de son abdomen et de ses flancs pour les mélanger à la litière et constituer un nid confortable et chaud. Lors de la première mise bas, certaines femelles ne constituent pas correctement leur nid. Si cela se renouvelle, la femelle sera réformée en priorité et sa descendance ne sera pas utilisée pour la reproduction.

Figure 45 : Lapine préparant son nid avec de la paille ou un fourrage sec de graminées

3.2.4 La mise bas.
 

La lapine met bas généralement la nuit. La durée de la gestation est de 31 jours en moyenne plus ou moins 1 journée. La mise bas dure généralement de 15 à 20 minutes pour l'ensemble de la portée. Les premiers nés commencent à téter leur mère pendant que celle-ci termine de mettre bas.

A la naissance, les lapereaux ont le corps nu (= glabre) et les yeux fermés. Ces derniers s'ouvrent vers l'âge de 10 à 11 jours. Les poils commencent à être visibles vers 6-7 jours. Aussitôt après la mise bas, la femelle mange le placenta (enveloppes embryonnaires), ce qui est un réflexe normal.
Ensuite, les restes de placenta s'il y en a, ainsi que les morts nés éventuels devront être retirés de la boîte à nid le plus rapidement possible. Une lapine produit en moyenne 6 à 7 lapereaux par portée dans les conditions tropicales. L'enregistrement des mises bas est indispensable au suivi de l'élevage (utilisation de fiches individuelle et collective voir plus loin)


3.2.5 L'adoption des lapereaux
 L'adoption consiste à faire élever par une femelle un ou plusieurs lapereaux d'une autre portée, née à 2 jours d'intervalle au maximum. Elle est possible en cas d'abandon par la mère de ses lapereaux ou à la suite de la mort de la femelle, en cas de refus d'allaitement ou d'allaitement insuffisant. Mais l'adoption permet surtout d'égaliser les tailles des portées ou de répartir rationnellement les lapereaux afin de favoriser un allaitement régulier. Les lapereaux à adopter seront pris dans les portées de taille égales ou supérieures à 7 lapereaux. On les choisira parmi les plus vigoureux de la portée d'origine afin de favoriser leur adaptation dans leur nouvelle portée qui aura moins de 7 lapereaux et donc des lapereaux également vigoureux. On conseille de ne pas faire adopter plus de 2 lapereaux supplémentaires à une lapine.
La réussite de l'adoption sera facilitée s'il est possible de fermer le nid pendant 24 heures, donc d'empêcher l'accès de la femelle pendant ce temps. Ceci est rendu possible par le fait que la lapine n'allaite normalement ses petits qu'une fois par jour.

3.2.6 La surveillance des lapereaux sous la mère et l'allaitement contrôlé
 Les lapereaux morts et non retirés du nid peuvent être responsables de nombreuses maladies. Il est important d'effectuer un contrôle journalier, les deux premières semaines, pour déceler rapidement les lapereaux non allaités et retirer les morts. La boîte à nid sera retirée de la cage-mère vers le 21e jour après la naissance. Elle doit toujours contenir une litière propre.

L'allaitement contrôlé est une technique très intéressante née de l'observation du comportement des lapines sauvages. La lapine ne visite ses lapereaux dans le terrier qu'une fois par jour pour les allaiter. La tétée dure alors quelques minutes seulement.
En élevage rationnel, pendant les 15 à 20 jours suivant la mise bas, l'éleveur donnera, à la lapine, accès au nid 15 à 30 minutes par jour. Il peut aussi se contenter de ne le faire aussi que quelques jours après la mise bas. Il contrôlera ensuite la portée et repérera facilement le ou les lapereaux qui n'ont pas suffisamment tété. Le lapereau en bonne santé, en effet, a le ventre rebondi. Dans les 4-5 jours qui suivent la naissance on peut même voir le lait dans l'estomac à travers la paroi abdominale encore fine. L'allaitement contrôlé est plus facile avec des boîtes à nid extérieures, munies d'une trappe de fermeture. Mais certains éleveurs placent les boîtes à nid, chaque matin dans les cages, puis les stockent empilées dans un coin abrité de l'élevage. La technique de l'allaitement contrôlé présente plusieurs avantages :
- bon confort du nid,
- meilleure hygiène, les lapines ne peuvent pas uriner ou faire leurs crottes dans le nid,
- égalisation des portées et adoptions plus aisées, meilleure régularité des lapereaux, tri et élimination plus faciles.

3.2.7. Le sevrage
 La séparation des lapereaux de la mère doit avoir lieu environ 33-35 jours après la mise bas lorsque l'éleveur nourrit ses animaux avec un aliment composé. Dans un élevage familial dont l'essentiel de la nourriture est basé sur les fourrages, le sevrage peut être plus tardif et intervenir 40-45 jours après la mise bas. La séparation à 28 jours d'âge est possible mais comporte des risques de mortalité un peu accrue à l'engraissement. Un sevrage à plus de 45 jours est un non-sens.

Au moment du sevrage, les lapereaux sont pesés et éventuellement marqués (tatouage à l'oreille). Les mâles sont séparés des femelles après sexage.

 

3.3 L'engraissement

 

Les jeunes lapins et lapines vont désormais séjourner dans les cages d'engraissement et le cas échéant dans un bâtiment " Engraissement ". Ils y resteront 2 à 3 mois en fonction de la race (type génétique) et du poids final recherché. En fin d'engraissement, certains lapins seront sélectionnés pour la reproduction. En général, les mâles sont retenus pour leur vitesse de croissance et leur conformation. Les femelles (en bon état) sont retenues d'après la taille des portées produites par leur mère, les qualités maternelles de cette dernière (nid, allaitement), d'où l'intérêt de fiches d'enregistrement bien tenues. Les lapins restants sont livrés, abattus pour la boucherie ou vendus vivants.
Alors qu'à la maternité, les lapines sont élevées en cages individuelles, à l'engraissement les lapereaux sont élevés en cages collectives. La densité des lapereaux, par cage à l'engraissement, est de 12 à 14 lapins par mètre carré. A la fin de l'engraissement (soit 3,5 à 4 mois après la naissance), les lapins ont un poids moyen de 2 à 2,5 kg. Au terme du 3e mois, il peut y avoir des bagarres entre les mâles et les femelles, d'où la nécessité de les séparer.

 


3.4 Le renouvellement des reproducteurs

 

Dans un élevage, tous les reproducteurs n'ont pas les mêmes performances. Pour maintenir un effectif homogène, il est donc indispensable de procéder en permanence :
      - à l'élimination des animaux défaillants
      - au renouvellement immédiat desanimaux morts ou éliminés

3.4.1 Les reproducteurs à renouveler
 Pour remplacer sans tarder, il faut anticiper en préparant des jeunes reproducteurs à l'avance. Cela concerne les mâles et les femelles en tenant compte des délais de quarantaine lorsque l'introduction de reproducteurs de l'extérieur est envisagée.
Pour bien gérer le troupeau, il est nécessaire de définir un taux de renouvellement minimum. En règle générale, il est compris entre 70 et 100% à répartir sur l'année entière.
Pour illustrer notre propos, prenons l'exemple d'un éleveur disposant de 50 cages-mères. Il devra prévoir la mise en reproduction de :
- 1 jeune femelle prête à saillir chaque semaine avec 100% de renouvellement,
- 1 jeune femelle prête à saillir tous les 10 jours avec un taux de 70% (ou 3 femelles par mois)
Il en est de même pour les mâles. S'il a 6 mâles, il lui faudra 1 mâle prêt à saillir chaque 2 mois avec 100% de renouvellement.
Pour parvenir à un renouvellement efficace, il sera aussi nécessaire de trier, en permanence, les meilleurs futurs reproducteurs lors de la vente des lapins de chair. Il faut tenir compte d'une mortalité et d'une élimination de 20 à 25% pour la période allant du tri à la mise en reproduction.
Dans notre exemple, c'est donc 50 + 25% soit 63 jeunes femelles qui devront être triées chaque année au taux classique de 100% de renouvellement.

Au démarrage de l'élevage, l'auto-renouvellement (ou renouvellement à partir des lapins nés dans l'élevage) n'étant pas envisageable, il est bon de prévoir :
- d'entrer 20 à 25% de femelles et de mâles en plus de l'effectif théorique de l'élevage,
- d'envisager de s'approvisionner provisoirement chez le fournisseur initial en cas de mortalité et d'élimination.
C'est la seule technique efficace en attendant de parvenir à l'autorenouvellement pour obtenir une production régulière dès le démarrage et d'éviter un trou financier vers le 6e mois de production.

Deux solutions s'offrent à l'éleveur :
- acheter des reproducteurs auprès d'un fournisseur spécialisé ou d'un autre éleveur. Nous conseillons, si l'éleveur est satisfait de son fournisseur de lui rester fidèle pour conserver une certaine continuité dans l'équilibre microbien. Ne pas négliger néanmoins le respect de la quarantaine (voir prophylaxie)
- renouveler lui-même en choisissant la descendance des reproducteurs les plus performants. Cette technique est dénommée auto-renouvellement.


3.4.2 Comment choisir ses reproducteurs en auto-renouvellement ?
 

Les critères de choix à prendre en compte sont :
* pour les femelles. Elles sont sélectionnées en partie d'après les performances de leur mère, les critères concernent donc aussi cette dernière
   - d'abord une bonne santé individuelle et une conformation correcte
   - être née d'une mère donnant des portées de bonne taille à la naissance et ayant de bonnes qualités maternelles (bon nid, allaitement régulier)
   - la mère doit avoir un bon taux de sevrage (peu ou pas de pertes entre naissance et sevrage). Il est conseillé d'attendre la 3e mise bas de la mère pour bien estimer ses capacités.
* pour les mâles : Ils sont sélectionnées en partie d'après les performances de leur père, les critères concernent donc aussi ce dernier
   - d'abord le bonne santé individuelle, et une conformation correcte
   - avoir eu en engraissement une vitesse de croissance élevée par rapport à ses contemporains.
   - être nés d'un père ayant une bonne ardeur sexuelle et un bon taux de mise bas
Pour choisir en toute connaissance, l'emploi régulier des fiches individuelles femelles et mâles est indispensable. Cela permet en outre d'éviter la consanguinité.

Pour éviter la consanguinité des lapins au sein de l'élevage (accouplement entre eux de reproducteurs apparentés donnant des lapereaux moins productifs et moins résistants en général), il est conseillé d'acheter à l'extérieur une mâle de renouvellement sur deux. Les femelles par contre peuvent être systématiquement remplacées par auto-renouvellment.


3.4.3 Renouvellement avec des lapereaux d'un jour achetés à l'extérieur.
 Cette technique est largement utilisée en Europe. Son avantage est de limiter les risques sanitaires liés à l'introduction de futurs reproducteurs âgés depuis l'extérieur. Les critères de choix des reproducteurs sont ceux décrits ci-dessus. Bien entendu, cela implique pour le fournisseur de maîtriser le sexage.
La technique consiste à transporter des lapereaux ayant tété au moins 1 fois le colostrum de leur mère, vers un autre élevage, dans une boîte isolante avec litière, toutes deux bien désinfectées. Ces lapereaux seront adoptés par une femelle ayant mis bas un ou 2 jours avant la reproductrice sélectionnée, ce qui demande un minimum de synchronisation. Le délai classique est de 22 à 25 heures entre la dernière tétée dans l'élevage d'origine et la première tétée dans l'élevage de destination (voir les précautions dans la partie sur les adoptions), mais dans les cas extrême il peut atteindre 36 heures.
Il faudra mettre en place une identification des lapereaux introduits avec une petite bague ou une petite incision à la marge de l'oreille.

3.4.4 Tri et élimination.
 

   
    - Eviter de laisser " traîner " un animal atteint d'une maladie au milieu d'autres apparemment sains. Il peut être plus faible et donc plus sensible que ses congénères. Isolez le rapidement, seul ou avec d'autres lapins malades. Cela évitera de contaminer les lapins sains et vous permettra d'appliquer un traitement spécifique.
   - Eliminer sans faiblir les lapins atteints et à la traîne qui ont peu de chance de guérir. Les risques de contamination seront réduits. Cela concerne aussi bien les reproducteurs mâles et femelles, que les lapereaux au nid, au sevrage ou en engraissement.

Ne jamais utiliser un futur reproducteur douteux.

 
 
 
Fin du chapitre 3   Conduire son élevage : Alimentation et Reproduction
 Chapitre 2  Créer un élevage de lapins
Chapitre 4 Maladies, Santé, Hygiène
  
 
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